ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 347 - 01/06/1998

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Zambie

L'opposition s'essouffle


by Ch. Mubambe, APB, Afrique du Sud, mars 1998

THEME = POLITIQUE

INTRODUCTION

Les partis de l'opposition en Zambie semblent se perdre dans l'oubli,
faute d'alternatives saines et réalisables
pour remédier à la détresse politique et économique.

Il est très peu probable que le grand public soit assez patient pour écouter les rhétoriques et les accusations des partis; par contre, le Mouvement pour une démocratie multipartite (MMD), au pouvoir, pourrait bien regagner son soutien national après la tentative du coup d'Etat militaire de l'année dernière.

Le 28 octobre 1997, Stephen Lungu, un capitaine de l'armée jusqu'ici inconnu, annonçait à la radio officielle que, tôt dans la matinée, avait eu lieu un coup d'Etat pour déposer le président Frederick Chiluba. Ce coup d'Etat manqué a détourné l'attention du pays des disputes sans fin entre la pléthore des partis politiques de la Zambie et le gouvernement MMD de Chiluba. Le public s'intéresse beaucoup, pour le moment, au procès en cours des jeunes cadres de l'armée, mis aux arrêts en connexion avec cette tentative avortée de coup d'Etat. Et il y a encore deux personnalités très en vue: l'ancien président Kenneth Kaunda, qui gouverna la Zambie durant 27 années, et le leader du Congrès démocratique de Zambie (ZDC), Dean Mung'omba. Les deux ont été impliqués dans le putsch manqué.

Jusqu'à décembre de l'année dernière, et même après l'arrestation de Kaunda, on a beaucoup parlé d'un dialogue possible entre le gouvernement MMD et les autres partis, à propos de problèmes controversés tels que de nouvelles élections, un nouveau registre d'électeurs et une commission électorale indépendante.

Mais la controverse resta sans issue car, la dernière fois que les partis politiques devaient se rassembler, seulement une minorité sans beaucoup de support électoral se présenta.

A Lusaka, on se demande si l'opposition a encore assez de forces pour faire pression sur le gouvernement pour arriver à un accord sur les questions en suspens, et si Chiluba a réellement envie de céder aux demandes de l'opposition. D'après les analystes, l'opposition s'essouffle et manque d'idées, dans sa tentative de forcer le gouvernement à un compromis. "L'opposition ne semble pas avoir des idées bien claires pour négocier avec le MMD", soutient Peter Tembo, un homme d'affaires très en vue et un analyste politique.

Campagne de désobéissance civique

Une campagne de désobéissance civique, lancée par le premier parti au pouvoir après l'indépendance, le UNIP, en collaboration avec les autres partis, a échoué trois mois à peine après avoir été lancée. La campagne avait commencé comme à contrecoeur, peu après les élections contestées, générales et présidentielle, de novembre dernier.

La campagne demandait aux électeurs de brûler en public leurs cartes d'électeurs, imprimées par une firme israélienne d'informatique. L'opposition espérait un enthousiasme colossal qui ne se réalisa pas. "Les partis politiques étaient trop optimistes; ils estimaient que les gens se précipiteraient en masse pour brûler en public leurs cartes d'électeurs, au lieu d'aller à la recherche de nourriture", commente un professeur de science politique de l'université de Zambie, et d'ajouter que la préoccupation du Zambien moyen est surtout d'où viendrait le prochain repas.

Environ 55% de la population (plus de 8 millions) vivent dans la pauvreté, selon le bureau des statistiques. Tout indique que la campagne de désobéissance civique est virtuellement abandonnée, bien que certains officiels de l'opposition la considèrent encore comme un véhicule viable pour canaliser le mécontentement public avec le gouvernement de Chiluba.

Entre-temps, l'influence de la coalition patriotique nationale, comprenant 14 partis d'opposition, dirigés par le leader du Front libéral progressiste, Rodger Chongwe, est en baisse, à cause de l'insuffisance de support et le manque d'un agenda politique crédible. "Selon moi, toute (la coalition ) était basée sur le culte de la personnalité de Kaunda, plutôt que de chercher à gagner l'appui du peuple, en luttant contre les injustices que nous voyons dans notre pays", commentait un observateur politique. C'est cela qui a rendu la coalition si peu suivie. La coalition a commené à se désintégrer dès septembre dernier, quand le ZDC, de Dean Mung'omba, et le Parti national se séparèrent: les partis de cette opposition fragmentée n'avaient plus assez de force pour aboyer efficacement contre le gouvernement de Chiluba.

Après l'arrestation de Kaunda, suite à la tentative de coup d'Etat d'octobre, et l'exil en Australie que s'imposa Rodger Chongwe, cet aboiement devint un simple glapissement, car maintenant la coalition n'a plus de tête. Kaunda, accusé de participation à la trahison, est en résidence surveillée à Lusaka. L'Etat prétend que l'ancien président, au courant du coup d'Etat qui se préparait, négligea d'en avertir les autorités.

Quelques jours avant ce coup d'Etat manqué, juste avant de partir pour un voyage autour du monde, Kaunda avait en effet prévenu qu'une explosion était imminente. Et quand le capitaine Lungu secoua le gouvernement de Chiluba le menaçant du peloton d'exécution, tout le monde établit un lien entre Kaunda et ces menaces.

La désunion de l'UNIP

Entretemps, la tension au sein de l'UNIP de Kaunda se montra au grand jour, quand la brigade de jeunes du parti verrouilla les bureaux du secrétaire général, Sebatien Zulu, de son député et d'autres officiels du parti, les accusant d'être des taupes du MMD. Le secrétaire du parti, Basil Kabwe, suspendu de sa fonction, alla même plus loin, accusant Zulu d'être le cerveau de la campagne pour enlever à Kaunda sa présidence de l'UNIP. Kaunda alors intervint et donna l'ordre à la brigade des jeunes d'ouvrir les bureaux; mais des analystes politiques disent que le chaos au sein de l'UNIP n'était que le début de la chute et de la mort de ce parti, jadis si puissant, qui gouverna la Zambie si longtemps. On ne voit pas clairement quelles tactiques l'opposition affaiblie va essayer. Des signes montrent que les plus grands partis de l'opposition vont boycotter les élections locales, dont la date doit encore être annoncée.

END

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