ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 347 - 01/06/1998

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Namibie

Situation politique et économique


by Gustaf Tomanga, Namibie, avril 1998

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

Une vue d'ensemble sur la Namibie d'aujourd'hui

Après l'indépendance, la Namibie a enregistré quelques remarquables succès dont l'approvisionnement en eau dans les campagnes, l'électrification de régions isolées, la création d'une zone franche, la construction d'un réseau routier - tout cela en vue de faire avancer l'économie du pays afin d'apporter une contribution positive à la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC).

1995 - Premier plan de développement

Selon le Bureau central des statistiques de la commission nationale, la croissance réelle, en 1997, n'a été que de 1,4%, contre 2,5% en 1996. Ce taux est décevant, car il n'atteint pas les 5% par an prévus par le premier Plan national de développement (NDP). L'économie a connu des taux de croissance de 7,4% et de 8,2% pendant les deux années qui ont suivi l'indépendance; mais ce taux a stagné ensuite, la croissance restant sensible aux facteurs extérieurs tels que la sécheresse récurrente, les cours instables des minérais et le rendement extrêmement variable du secteur de la pêche.

Le chômage - Malgré les efforts du gouvernement et du secteur privé pour créer des emplois et diminuer la pauvreté, le chômage reste un des problèmes brûlants de la Namibie. Le chômage et le sous- emploi représentent les 60% de la main d'oeuvre. Chaque année, il y a 20.000 nouveaux inscrits sur le marché du travail. De plus, près de la moitié de la population namibienne (1,6 million d'habitants) est pauvre, avec un revenu moyen de moins de 500 N$ par mois.

Le sida - De récentes données émanant du secteur de la santé indiquent que 150.000 personnes sont séropositives, et que 6.000 d'entre elles ont contracté le sida. Pour 1998, on prévoit près de 925 décès liés au sida. Les frais médicaux sont estimés à N$ 21,6 millions. Malgré les nombreux programmes de conscientisation dans tout le pays, on ne voit aucun signe de ralentissement de cette maladie qui fait tant de victimes.

Aide étrangère et argent mal employé - D'après le rapport des Nations unies sur le Programme de développement, l'aide extérieure à la Namibie a atteint son sommet en 1996, avec 701 millions de N$, contre les 269 millions N$ au moment de l'indépendance. Cette aide représentait 5,2% du Produit national brut de la Namibie et 16% des dépenses du gouvernement. Pour la région d'Afrique australe, le pays reste parmi les cinq plus gros bénéficiaires de l'aide extérieure. L'Allemagne, avec 30%, et la Suède, avec 23%, sont parmi les plus importants donateurs suivis par la Norvège, l'Union Européenne, la Banque de développement européenne, et les Etats-Unis.

Selon le rapport de l'auditeur général sur les comptes du gouvernement pour l'année financière 1995/96, les dépenses dans 14 ministères et départements gouvernementaux ont enfreint la loi sur les finances de l'Etat: elles ont dépassé de 141 millions de N$ les budgets approuvés. Parmi les coupables, figuraient le bureau du président, le ministère des Affaires étrangères, les services sociaux et de la santé, les ministères de la Défense et de l'Enseignement fondamental et de la Culture.

La Commission des appointements et salaires þ Le gouvernement a récemment approuvé une Commission chargée de réformer la structure du service public. Les recommandations de la Commission des appointements et salaires (WASCOM ) devaient garantir l'existence d'un service public plus efficace et moins nombreux, ainsi qu'une augmentation des revenus en fonction des prestations. Les dernières années ont vu l'augmentation des revenus; mais la mise au point d'un mécanisme approprié de classification et d'efficacité ainsi que la rationalisation n'ont pas été satisfaisantes.

Les mesures prises ont amené les enseignants à faire des marches de protestation, menées par le Syndicat national namibien des enseignants (NANTU ). Les enseignants demandaient que le ministre de l'Enseignement fondamental retire sa décision d'introduire de nouvelles normes de recrutement qui, d'après les enseignants, ont été prises sans une vraie consultation du syndicat. Le ministère envisage de transférer les enseignants et le personnel non enseignant des écoles qui ont une moyenne basse d'élèves par professeur, vers des écoles où la moyenne est plus élevée. C'est un des gros problèmes du système scolaire en Namibie. Par ailleurs le taux élevé d'échecs, surtout dans les régions éloignées, est attribué aux prestations médiocres d'enseignants non qualifiés et au manque d'équipement pédagogique.

Prévention du crime þ En février 1998, devant le taux croissant de criminalité, le secteur privé et la police ont travaillé ensemble pour mettre sur pied un service d'information de 24h. sur 24, connu sous le nom de "Crime Stoppers" (ceux qui arrêtent la criminalité). Ce service a pour but d'aider la police à retrouver et à arrêter les criminels. C'est une tentative d'impliquer le public dans la lutte contre le crime. Tout élément d'information est traité confidentiellement.

L'avis de la population - La politique de décentralisation de la Namibie a été lancée pour rapprocher le gouvernement de la population. Décentraliser signifie créer un environnement favorable à la participation de la communauté aux prises de décision. Des décisions sur le type et la qualité des services à fournir seront prises à l'endroit même où ces services devront être fournis, et par les personnes qui en profiteront.

Etat d'esprit dans le pays þ La paix et la démocratie sont florissantes, malgré les revendications territoriales provenant du pays voisin, le Botswana. Il y a eu un différend au sujet de Kaliki, une île inhabitée sur la rivière Chobe. Robert Mugabe, du Zimbabwe, a tenté la médiation et, quand celle-ci a échoué en 1995, l'affaire a été portée devant la Cour internationale de justice de La Haye. Un différend plus récent concerne la propriété des îles Situngu, et il a été porté devant un comité technique conjoint formé par les deux gouvernements. La commission bilatérale n'est cependant pas parvenue à une conclusion satisfaisante.

Du 10 au 12 mars, le Conseil des Eglises de Namibie (CCN) a discuté du conflit croissant au sujet des deux îles, parlant de ce conflit comme d'"une menace pour la paix des deux pays". Le CCN insiste pour que les deux gouvernements règlent pacifiquement le conflit. Lui même s'engage à travailler avec d'autres conseils à trouver une solution pacifique au problème.

Au début d'avril 1998, comme il semblait que les gouvernements respectifs ne parvenaient pas à trouver une solution pacifique, le CNN et le Conseil chrétien du Botswana ont proposé leurs bons offices pour aider à résoudre le conflit territorial.

Même s'il existe une tension entre les deux Etats voisins, la Namibie jouit de l'atmosphère paisible garantie par la politique de réconciliation nationale, élément nécessaire pour assurer la stabilité du pays.

Mais les blessures encourues pendant la guerre de libération ne sont pas encore guéries. Une de celles-ci, c'est le problème des personnes disparues. Question cruciale; mais l'attitude de l'élite au pouvoir qui, à tout prix, ignore ou évite la question, enlève toute crédibilité à cette politique.

Conférence de réconciliation þ Le CCN a lancé récemment des programmes sur des problèmes tels que la restauration de la paix et une véritable réconciliation. Le thème de l'année passée était: "L'année de la grâce de Dieu". Cette année, le CCN a organisé une conférence de trois jours (du 5 au 7 mars 1998) sur les deux sujets mentionnés plus haut. Pour atteindre son but, la conférence a vivement engagé le CCN à reprendre son rôle prophétique en tant que "voix des sans-voix". Elle a désigné un comité d'action ayant comme objectifs l'élaboration d'une "profession de foi" et la mise en oeuvre d'un processus de véritable réconciliation en Namibie.

Les actes parlent plus haut que les mots

Arrivés au pouvoir il y a huit ans, les leaders de l'Organisation du peuple africain du sud-ouest (SWAPO) avaient promis un pays où couleraient le lait et le miel. La plupart de leurs promesses sont restées lettre morte jusqu'aujourd'hui. Les emplois pour les anciens combattants de la liberté sont rares et irréguliers: sur les trottoirs des rues de Windhoek, ils attendent qu'un travail se présente. Certaines entreprises dirigées par la SWAPO ont créé des compagnies subsidiaires pour garantir de l'emploi aux anciens combattants. Malheureusement, beaucoup de ces ouvriers n'ont pas été payés depuis cinq mois. C'est certainement une source de préoccupation quand on pense à la stabilité du pays.

Le ministre des Finances,Nangolo Mbumba, a présenté le budget 1998/1999 au Parlement. Il a annoncé des mesures plus strictes pour sanctionner ceux qui le dépassent. Mais, à moins de saquer le coupable, les recommandations du ministre restent de pures menaces verbales. A la fin, le fossé entre riches et pauvres, ceux qui ont des terres et ceux qui n'en ont pas, s'élargit. La foi des gens en leurs dirigeants s'use et l'apathie règne. Il sera difficile de regagner une fois de plus la confiance des masses.

END

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