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by Pascal Dotchevi, Togo, mai 1998
THEME = VIE SOCIALE
La crise énergétique généralisée dans l'ouest africain, n'a
pas épargné le Togo.
Près de trois mois après le début de la crise, la situation perdure.
Au Bénin et au Togo, le problème a commencé le 25 février: ils ne recevaient plus que 50% de l'énergie que fournie en temps normal par le Ghana à travers la Volta River Authority (VRA), qui gère le barrage hydroélectrique d'Akossombo, sur la Volta. Le niveau d'eau dans le barrage avait baissé énormément, à cause de la sécheresse sévissant dans la région. Normalement, le Togo et le Bénin recevaient entre 80 et 100 mégawatts (120-140, aux heures de pointe). La Compagnie énergie électrique du Togo (CEET), qui compte 70.000 clients, a été contrainte d'appliquer, à partir du 25 février, un plan de délestage de 8 heures d'électricité alternées avec 8 heures de coupure.
Les autorités togolaises et béninoises ont entrepris des démarches en Côte d'Ivoire, qui leur a promis 50 mégawatts. Les Premiers ministres du Togo et du Bénin sont allés par la suite négocier auprès des autorités ghanéennes "le passage sans entrave de ces 50 mégawatts". Mais l'espoir ne sera que de courte durée. Le 20 mars, la situation se durcit avec 12 heures de coupure contre 6 heures d'électricité, passant de 30 à 21 mégawatts. Les Togolais en étaient là lorsque, le 6 avril, la CEET informe sa clientèle "d'une nouvelle réduction de son approvisionnement en électricité à l'importation, due à des incidents techniques survenus en Côte d'Ivoire". Elle a donc été obligée d'appliquer un nouveau plan drastique de 30 heures de coupure pour 6 heures d'électricité, compte tenu des 15 mégawatts qu'elle reçoit à présent de la Côte d'Ivoire.
Pour venir en aide au Togo et au Bénin, la Banque ouest- africaine pour le développement (BOAD) leur a accordé un prêt de 13 milliards de FCFA, le 2 avril dernier, qui servira à l'acquisition de deux turbines à gaz, de 25 mégawatts chacune.
Depuis le 9 avril, la Compagnie électrique du Bénin (CEB), organisme inter-étatique chargé de l'importation et de l'approvisionnement de l'énergie électrique au Togo et au Bénin, a lancé la commande des deux turboalternateurs, pour un coût total de 13,8 milliards de francs FCFA. Ces turbines devraient être fonctionnelles à partir du début de juin prochain.
Sur place, les autorités togolaises ont fait venir une équipe d'experts français pour réparer les installations de la centrale thermique de Lomé, qui peut produire jusqu'à 90 mégawatts, mais qui est en panne depuis 1990.
Le ministre des Mines et de l'Energie, Tchamdja Andjo, constate que le Togo a tiré, à travers cette crise, les conséquences de sa dépendance vis-à-vis d'un seul fournisseur. Il ne produit en effet que 30% de son énergie, et importe le reste du Ghana. C'est pour cela, devait ajouter M. Andjo, que le Togo va diversifier ses commandes et, surtout, disposer de sa propre production d'électricité capable de fournir au moins 50% de sa consommation.
A terme, le Togo pourra bénéficier de l'apport de l'interconnexion avec le Nigeria, du barrage d'Adjarala (Togo- Bénin). A la fin du mois d'avril, les bailleurs de fonds impliqués dans ces projets se sont retrouvés à Lomé pour harmoniser leurs points de vue. Tout semble être en ordre pour que le barrage d'Adjarala, d'une puissance de production de 400 millions de kwh par an, puisse commencer à fonctionner au début de l'année prochaine. Seulement, les bailleurs demandent d'abord aux autorités béninoises de privatiser la Société béninoise de l'électricité et de l'eau (SBEE) avant le démarrage du projet.
Pour l'heure, ce sont les groupes électrogènes qui "sauvent" certaines sociétés et les ménages... les plus nantis. Le gouvernement, au cours du conseil des ministres du 8 avril, a décidé d'exonérer jusqu'à nouvel ordre l'importation des groupes électrogènes de tous droits et taxes, afin de permettre à la population de les acquérir à "des coûts abordables, en attendant la normalisation de la situation". Le président Eyadéma a discuté du sujet avec ses homologues Blaise Compaoré du Burkina Faso (également touché) et Mathieu Kérékou du Bénin. Le Togo et le Bénin ont d'ailleurs décidé d'envoyer une mission conjointe de leurs ministres des Affaires étrangères et de l'Energie aux Nations unies pour solliciter une assistance de la communauté internationale, après avoir sollicité l'aide du Nigeria.
Cette situation a fait beaucoup de dégâts au plan socio-économique et la fin des "hostilités" n'est annoncée que pour décembre. Mais cette crise risque de porter beaucoup de préjudices au président Eyadéma, lors des consultations électorales du 14 juin prochain.
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