ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 348 - 15/06/1998

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Sierra Leone

Les futurs dirigeants traînent dans les rues


by Alpha R. Jalloh, Sierra Leone, mai 1998

THEME = ENFANTS

INTRODUCTION

Les enfants des rues
sont aujourd'hui un des plus gros problèmes de la Sierra Leone

La force ouest-africaine d'intervention (ECOMOG ) a délogé la junte du Conseil des forces armées, et a ainsi préparé le terrain pour la réinstallation du gouvernement du président Ahmad Tejan Kabbah, (renversé le 25 mai 1997 par la junte). Le gouvernement de Kabbah, confronté à la reconstruction d'un pays dévasté, n'est pas à même de répondre à tous les besoins urgents, et ainsi les enfants des rues continuent à vagabonder dans nos cités. Des organisations catholiques sont très préoccupées par ce problème.

Le 14 janvier dernier, alors que la junte était encore au pouvoir, un foyer pour les enfants des rues, le Home Don Bosco, patronné par les Pères Salésiens, ouvrait ses portes à la rue Siaka Stevens à Freetown. Le père John Thompson, coordinateur du projet, dit que la plupart des enfants sont venus des régions affectées par la guerre. "Avant de venir dans notre foyer, ils étaient déjà habitués à vivre dans les rues", dit-il.

Dans beaucoup de quartiers de Freetown, on voit des enfants mendier et, s'accrochant aux passants, demander de quoi manger. En voyant le nombre grandissant d'enfants qui erraient dans les rues, le père Thompson, et d'autres comme lui, ont senti qu'il fallait faire quelque chose pour eux.

Samuel Bojohn, directeur de ce projet, précise qu'on a engagé des assistants sociaux pour parcourir les rues de Freetown et persuader les enfants des rues de venir au foyer, où un repas leur est préparé au moins une fois par jour. De plus, ils peuvent y trouver des facilités éducationnelles et médicales.

Ces enfants, pour la plupart entre 8 et 12 ans, passent toute la journée au foyer; mais la nuit ils retournent à la rue. Bien sûr, ceci n'est pas l'idéal pour le bien des enfants. Mais on vient de louer une maison pour offrir un abri pour la nuit aux 205 enfants qui fréquentent le foyer dans la journée.

Chaque enfant, une histoire différente

Tous les enfants ne sont pas des déplacés. Certains se sont enfuis de chez eux. Mustapha Ahmed, 12 ans, raconte qu'il a été chassé de chez lui par ses parents, quand il avait commencé à sortir avec des amis malgré l'interdiction de son père.

Chaque enfant a sa propre histoire à raconter, et beaucoup ont encore gardé les attitudes violentes acquises dans la rue. Un fait est certain: quand un enfant vient au foyer, il reçoit aide et compréhension, mais jamais de coups. Mr. Bojohn dit: "Nous ne réussirons à les débarrasser de leurs mauvaises habitudes qu'après leur avoir donné un logement. Mais, pour le moment, des 205 enfants enrôlés dans notre programme, seulement 85 assistent aux classes".

Bien que recevant de l'aide en nourriture du Comité international de la Croix-Rouge et du Service de secours catholique, le projet fait face à des contraintes financières aiguës, comme affirme Mr. Bojohn: "Nourrir, habiller et donner une éducation aux enfants, et en plus payer les salaires des éducateurs, ce n'est pas toujours facile". Les enfants en Sierra Leone sont parfois appelés "Les dirigeants de demain"; mais si le nombre d'enfants dans les rues continue à s'accroître, l'avenir de ces dirigeants de demain se présente plutôt mal...

Les jeunes "anciens combattants"

Il y a une catégorie d'enfants des rues qui inquiète de plus en plus les gens de Freetown. Ce sont les anciens combattants de la milice du Front uni révolutionnaire (RUF), qui ont fait la guerre depuis 1991. Une organisation catholique, connue comme Les enfants associés à la guerre (CAW), s'occupe d'eux à présent. Mme Letitia Pettiquoi, la responsable des relations publiques du CAW, affirme qu'au moins une centaine d'enfants sont logés dans un foyer à Wellington, dans la banlieue de Freetown: "Quand la junte et leurs alliés du RUF prirent le pouvoir, en mai 1997, la plupart de ces enfants retournèrent se battre et se joignirent à leurs collègues du RUF; mais nous avons réussi à en ramener beaucoup au foyer avant que la junte ne soit vaincue". Mais pas tous. Certains de ces enfants furent massacrés par les foules en colère, lors de la défaite de la junte. Un garçon raconte que quand ils étaient dans la milice, des rebelles RUF adultes les forçaient à tuer et à torturer les villageois, à l'intérieur du pays. La consommation de stupéfiants était journalière.

Le Dr. Edward Alie Mahim, un des consultants psychiatres du CAW, offre aujourd'hui un service d'assistance psychologique à ces jeunes qui, dit-il, pourraient devenir de bons citoyens dans l'avenir, s'ils changent. Cependant, il est très préoccupé par l'assujettissement croissant aux stupéfiants parmi les jeunes dans le pays. Aussi, le nombre d'entre eux qui deviennent fous à cause de l'abus des drogues, s'accroît très vite.

Pour compléter l'image au niveau national, l'Agence de presse de la Sierra Leone, rapporte que des centaines de jeunes dans le nord, manquent de nourriture, logement et médicaments. Dans tout le pays les écoles ont été détruites, ce qui signifie que les enfants ne sont plus éduqués. Tout compte fait, si les jeunes de Sierra Leone doivent devenir les dirigeants de demain, il est plus que temps d'attirer l'attention sur leur situation dans la nation d'aujourd'hui.

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