ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 349 - 01/07/1998

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS



Zambie

L'intégration des enfants handicapés


by George Chomba, Zambie, avril 1998

THEME = ENFANTS

INTRODUCTION

L'espoir d'intégrer les enfants handicapés dans le système normal des écoles
a pris de l'ampleur dans le petit district minier de Kalulushi, en Zambie, où ce projet est expérimenté.

Au lieu de construire des écoles spéciales pour enfants handicapés, on a préféré choisir 14 des 20 écoles primaires du district pour que ceux-ci soient intégrés dans l'enseignement général. Ceux qui ont des handicaps plus graves, reçoivent des cours spéciaux par des infirmières, des instituteurs ou des animateurs de groupes, formés pour cela. On espère que les 6 écoles restantes seront enrôlées dans la seconde phase du projet d'intégration dans l'éducation générale. On s'attend aussi à ce qu'un projet de soins spéciaux débute en février 1999. On a organisé des réunions de travail pour les dirigeants du district, concernés par l'éducation des enfants. Leur but est de les informer sur la nécessité de donner aux handicapés les instruments nécessaires pour qu'ils puissent vivre sans trop de difficultés avec les bien portants et participer positivement aux activités communautaires.

Expectative et espoirs

L'agence danoise de développement international (DANIDA ) donne son support financier au projet. Cette aide ira à la formation des instituteurs et à la réadaptation des infrastructures dans trois collèges pilotes: Kitwe et Mafulira, dans le Copperbelt, et Solwezi, dans la province du nord-ouest.

L'infrastructure de ces collèges a été adaptée selon les normes données par les conférences de Salamanque de 1994, sur les "Besoins de l'éducation spéciale". Elles réaffirment la nécessité de créer des écoles regroupant les bien portants et les infirmes. Les instituteurs diplômés dans les collèges d'éducation spéciale à la fin de l'année, seront envoyés à Kalulushi pour prendre soin des enfants tant normaux qu'handicapés, surtout si les enfants sont éduqués dans la même classe.

Depuis le lancement de ce projet au début de l'année, 113 enfants handicapés, dont 54 filles, ont été incorporés dans les écoles de Kalulushi. Ces enfants ont un handicap grave. Certains sont handicapés de la vue, d'autres de la parole, certains sont des handicapés mentaux, d'autres encore des infirmes physiques. Trois ateliers d'information ont eu lieu jusqu'ici à Kalulushi. Des assistants médico-sociaux y ont pris part, ainsi que des guérisseurs traditionnels, des collaborateurs d'ONG et des responsables de communautés. D'autres ateliers et campagnes doivent suivre. Les participants à ces ateliers sont initiés aux différentes infirmités et à leurs causes. On leur enseigne comment les identifier et où ils peuvent trouver de l'aide. On y met surtout l'accent sur le genre d'aide éducationnelle existante.

Le Dr Gadson Kasongo, de l'hôpital régional de Kalulushi, explique aux participants de ces ateliers que si un enfant a des crises, des difficultés pour apprendre, pour entendre, pour parler, voir ou bouger, s'il a des comportements étranges, s'il n'a aucune sensation dans les mains ou les pieds, il faut se dire que cet enfant ne va pas bien et que donc il faut chercher une aide professionnelle.

D'après le Dr Kasongo, la plupart de ces infirmités dans les pays du tiers monde, y compris en Zambie, sont le résultat de l'ignorance et de la pauvreté, et elles peuvent être évitées. Il donne comme exemple la malnutrition, résultant d'une mauvaise alimentation; la blennorragie et la syphilis qui auraient pu être détectées et soignées, si la mère avait visité les cliniques prénatales. Si elles ne sont pas dépistées à temps, ces maladies causent des infirmités chez les bébés dès avant leur naissance.

Pour bien souligner l'importance de ce projet, chaque fois qu'il ouvre une session, le maire de Kalulushi, Willie Chenda, s'adresse directement aux parents des enfants handicapés et il leur dit à peu près ceci: "Vous couvez trop vos enfants, jusqu'à les empêcher de se mêler aux enfants bien portants. Et en faisant cela, vos enfants infirmes se croient non désirés, non aimés".

Pourquoi ce projet à Kalulushi?

Kalulushi est situé à environ 15 km à l'ouest de la ville de Kitwe, dans la province du Copperbelt, et compte une population de 200.000 à 300.000 habitants. Sa superficie est d'environ 1.115 kmý, dont une grande partie appartient aux Zambia Consolidated Copper Mines (ZCCM). Le taux des naissances est de 3%. Même avec ses deux mines, Chibuluma (cuivre) et Chambishi (cobalt), déjà vendues à des investisseurs internationaux dans l'effort du gouvernement de privatiser les mines, avec son aérodrome, des forêts et une réserve d'oiseaux, Kalulushi reste malgré tout une région qui a désespérément besoin de se développer.

Il n'y a pas d'hôtel dans les environs. L'unique institution financière, la Barclays Bank, a annoncé qu'elle va quitter par manque d'affaires. Pour le moment, elle n'ouvre ses guichets que deux jours par semaine. L'aérodrome s'intéresse plus à la ville de Kitwe qu'aux besoins locaux. Les forêts n'ajoutent rien à l'économie de la région. Quant à la réserve d'oiseaux, il y a bien longtemps qu'elle est sous-développée et n'apporte donc rien dans les caisses du district. Et pourtant, c'est ce district qui a été choisi par le gouvernement pour diriger ce projet national, avec ces enfants qui ont besoin d'une éducation spéciale.

Selon la responsable de l'éducation dans le district, Edith Mwenya, Kalulushi a été choisi à cause de son emplacement géographique unique. Le ministère de l'Education voulait expérimenter le projet dans une région qui réunissait les caractéristiques géographiques suivantes: être dans un milieu urbain; en bordure d'une région urbaine; dans une situation rurale. L'intention était de jauger les différentes réactions des gens à l'insertion des enfants handicapés dans des écoles ordinaires. Kalulushi répondait à tous ces points, et réunissait les trois conditions en un seul district. "Nous ne pouvons pas nous permettre de gâcher ce projet. Un échec signifierait que des Zambiens refusent d'accepter des enfants handicapés", disait encore Mme Mwenya, ajoutant que ce projet doit réussir pour que Kalulushi puisse donner l'exemple aux autres districts de la Zambie. Le projet pilote de Kalulushi durera jusqu'en février 2000.

END

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 1998 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement