ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 349 - 01/07/1998

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Mozambique

Camelots contre municipalité


by Patrick Chapita, Zimbabwe, mai 1998

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Un véritable combat a éclaté entre
la municipalité de Maputo et les vendeurs de rue,
qui vendent leurs marchandises dans le centre commercial.

Les dignitaires de la ville de Maputo ont adressé aux vendeurs de rue un ultimatum pour qu'ils quittent le quartier commercial du centre de la ville. Mais les vendeurs sont résolus à ne pas céder. Il y a eu plusieurs rencontres entre les autorités et les représentants des marchants ambulants au cours des trois derniers mois, mais, selon le maire de Maputo, João Baptista Cosme, les vendeurs tiennent bon et ne veulent pas lâcher leur prise sur le centre de la cité.

Dans cette impasse, les relations entre les vendeurs et la police municipale ont évolué vers une situation qui ressemble à celle du chat et de la souris. Des batailles rangées entre la police et les vendeurs sont maintenant quotidiennes dans la capitale.

Le maire Cosme affirme: "Le problème avec ces vendeurs c'est qu'ils n'observent pas les directives sanitaires prescrites par le département municipal de la Santé. Ils doivent quitter les rues ou bien on les délogera de force".

Des détritus partout

La situation est devenue encore plus sérieuse à cause des montagnes de détritus qui surgissent un peu partout, et du danger de choléra qui pourrait en résulter. Des tas d'ordures se sont accumulés autour des échoppes des vendeurs et des marchés illégaux qui poussent comme des champignons aux coins des rues et sur les terrains vagues.

On y vend de la nourriture et des boissons, souvent dans des conditions d'hygiène épouvantables. Des nuées de mouches tournent autour des détritus et s'abattent sur les pains exposés, la farine et les aliments de tout genre. Beaucoup de résidents accusent les vendeurs ambulants d'être la cause de cette situation, et se demandent pourquoi la municipalité prend tellement de temps pour les expulser. "Ces gens sont un désastre pour la santé publique", se plaint Jorge Baloi, un agent sanitaire de Maputo. "La municipalité et le ministère de la Santé publique devraient continuer à faire pression sur ces vendeurs. Tous ceux qui vendent des aliments sans respecter les normes d'hygiène, devraient être "fermés". Ces vendeurs auraient dû être chassés depuis longtemps. Je me demande pourquoi les autorités prennent toute l'affaire à la légère, surtout qu'il y a danger de choléra".

Il n'y a pas grand chose à fêter

Vers la fin de l'année dernière, il n'y eut pas de grandes célébrations pour fêter le 110e anniversaire de la ville de Maputo. Beaucoup de résidents pensaient qu'il n'y avait pas grand chose à fêter, une épidémie de choléra faisant des ravages dans la cité.

Les vendeurs de rue ont juré de ne pas bouger et de rester là où ils sont. C'est en effet le seul moyen de gagner leur vie. Ils ont aussi exprimé leurs appréhensions quant aux mesures prises pour les déloger des rues de la ville.

Elisa Vilanculos, de la délégation des vendeurs à Baracas do Museu, a dit: "Nous ne bougerons pas, quoi qu'il arrive. Si on ne peut vendre ici, comment vivrons-nous? Nous avons nous aussi le droit de vivre, tout comme les riches." Selon Vilanculos, là où les autorités de la cité voudraient qu'ils aillent, il n'y a pas de centre commercial et pas de clients.

Face aux autorités, certains vendeurs de rue ont connu des situations traumatisantes. Ils accusent la police municipale de les harasser. Ils disent aussi que la police fait des rafles rien que pour obtenir des pots-de-vin (qui peuvent monter à $ 20). Parfois même ils emportent les marchandises pour leur propre consommation. Sans payer, bien sûr!

"J'ai failli être renversé par une voiture en essayant de me sauver de la police", dit Rosina Manhenje, une vendeuse de 43 ans. "Ces gens-là ne se soucient pas de nous". Un autre vendeur, Jestina Jose Pedro, déclare: "J'ai perdu toute ma marchandise: radiocassettes, vêtements...; la police a fait une descente chez moi, et elle a tout emporté. Ils voulaient que je leur donne un pot-de-vin, mais comme je ne pouvais les satisfaire, ils ont tout pris".

Les vendeurs de rue de Maputo sont décidés à continuer leur activité dans les rues tant que la cité ne leur trouvera quelque chose de mieux à faire.

END

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