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by Maqu Makhaye, Afrique du Sud, juin 1998
THEME = ACTION SOCIALE
Pour essayer de mettre un frein à la violence qui a duré pendant
des décennies,
qui a privé de nombreux habitants de leur maison,
qui a détruit le style de vie autrefois paisible de ces régions rurales,
le gouvernement a finalement défini une stratégie destinée à aider ces communautés
Personne ne peut dire quand la violence a vraiment commencé, mais chaque année elle prend une tournure différente et n'a toujours pas cessé. Les communautés de Tsolo et Qumbu, villes situées dans l'ancien homeland Transkei, le long de la route nationale reliant le Cap oriental et Durban, vont recevoir une somme de 27 millions de rands pour des projets de développement.
C'est le ministre national des Travaux publics, Mr Jeff Radebe, qui a annoncé que le gouvernement national avait réservé des millions de rands pour mettre en place un certain nombre de projets de développement en faveur de Tsolo et Qumbu. A la fin de l'année passée, Mr Radebe a dit que le cabinet allouait 85 millions de rands à son département pour la réalisation d'un Programme rural d'aide anti-pauvreté, dans le but d'encourager les communautés pauvres et d'intensifier leur développement.
Les projets relevés comprennent de petits programmes d'irrigation, des bassins avec parasiticides pour les animaux, des marchés, des entrepôts, des clôtures pour les pâturages et pour les terres arables, du matériel agricole pour les communautés et de petits centres de formation pour entrepreneurs. On désire que les entrepreneurs et les ouvriers entament immédiatement les projets pour que le programme soit rapidement réalisé.
Ces projets de développement vont créer 4.864 emplois temporaires, et près de 1.459 emplois à long terme. Tsolo et Qumbu figurent parmi les communautés les plus pauvres du Transkei: elles n'ont ni infrastructure propre ni le moindre équipement.
La plupart des habitants, surtout les hommes, émigrent pour travailler dans les mines d'or de Gauteng et des régions avoisinantes. Ils laissent les femmes sur place pour subvenir aux besoins de la famille et s'occuper des enfants. Elles attendent que leurs maris leur envoient de l'argent par la poste.
Mais parfois, quand il tombe entre les mains d'un employé de la poste chapardeur, l'argent n'arrive pas. Quand finalement l'argent arrive, les femmes sont trompées par les commerçants locaux qui font tomber dans leur poche un gros pourcentage des chèques présentés pour payer des marchandises déjà fournies ou des prêts.
Certaines personnes n'ont même pas de documents d'identité, simplement parce qu'elles sont illettrées. A cause de cela, elles ne peuvent pas ouvrir un compte en banque. Elles sont donc obligées de s'adresser aux commerçants locaux pour qu'ils encaissent les chèques à leur place, avec le résultat déjà mentionné plus haut. Même si elles arrivent à avoir un compte en banque, la banque les fait attendre parfois de sept à quatorze jours avant qu'elles puissent encaisser leur chèque; tout dépend de la politique pratiquée par cette banque.
Dans ces régions, les femmes ne peuvent pas obtenir d'emploi régulier; elles comptent donc sur l'élevage et la vente de leurs bêtes, moutons, chèvres et poules, pour nouer les deux bouts. Il y a aussi beaucoup de violence car on vole le bétail. Des gens ont dû quitter leur maison, soit parce qu'ils étaient victimes de violence, soit parce qu'ils étaient faussement accusés d'être des voleurs de bétail ou complices de voleurs. Dans certains cas, les gens ont reçu asile dans les postes de police locaux et ont dormi dans les cellules de la police.
Voici ce que dit Nontombi Makhasi, de Tsolo: "A mes yeux, ces projets sont un pas dans la bonne direction. Maintenant je me rends compte que le gouvernement propose une stratégie convenable pour aider à mettre fin à la violence. Je le dis parce que, pour des gens affamés et assis à ne rien faire, il est facile de trouver le temps de se battre. Mais quand les gens sont occupés, ils n'ont guère le temps de se battre! J'ai perdu quatre membres de ma famille à cause de violences de ce genre, parce qu'on prétendait qu'ils avaient volé du bétail. Je ne reproche rien aux assassins. Je ne puis que critiquer le gouvernement d'apartheid qui nous a mis dans une situation de pauvreté désespérée. Si Tsolo pouvait être développée comme d'autres grandes cités, les choses iraient mieux".
Un autre habitant de Tsolo, âgé de 14 ans, Malusi Quangule, dit de son côté: "J'ai entendu parler des projets. Je suis emballé par le développement qui va se faire, mais je suis triste d'avoir perdu mes parents, brûlés à mort, parce qu'on prétendait qu'ils avaient volé du bétail. Au fond de moi-même, je sais que ce n'étaient pas des voleurs, car ils avaient leur propre bétail et leurs moutons. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de gens qui volent des bêtes dans notre cité, mais un tas d'accusations sont dues à la jalousie ou à des rancunes entre voisins. Je voudrais qu'on ait la paix, car rien n'est plus pénible que de grandir dans un pays déchiré par les conflits".
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