ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 351 - 01/09/1998

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Bénin

Cotonou, désespérément enfumée


by Anicet L.Quenum, Bénin, mai 1998

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

La capitale économique du Bénin n'a jamais été aussi polluée.
Les Cotonois n'en peuvent plus. Les associations écologiques redoutent
une catastrophe environnementale et l'Etat lui-même semble pris au dépourvu.

En un temps record, la pollution a atteint un pic sans précédent à Cotonou. L'engorgement de la circulation routière s'est aggravé depuis quelques années par l'avènement des taxis-motos (appelés ici zémidjans), et des véhicules dits "venus de France", dont l'effectif croît à un rythme exponentiel.

Depuis 1996, le Bénin compte plus de 35.000 véhicules à quatre roues, dont 25.000 à Cotonou, la capitale économique. S'y ajoutent désormais les taxis-motos qui dépassent déjà le nombre de 50.000 dans tout le pays, avec plus de la moitié dans la capitale. Ainsi, contre toute attente, ces zémidjans se sont imposés comme le moyen de transport de prédilection des Béninois. Mais le gros ennui est que ces engins sont généralement très vétustes, et pis, leurs conducteurs utilisent du carburant de mauvaise qualité servi par le marché informel, à bas prix mais très toxique.

On y laisse sa santé

Aujourd'hui, le trafic est arrivé à un niveau de densité et de saturation tel que Cotonou serait devenue, après Lagos, la capitale africaine où circuler à cessé d'être un plaisir. Que l'on soit à deux ou à quatre roues, on y vit son calvaire, sa part de déprime, faute d'infrastructures suffisantes et fiables.

C'est vrai qu'à force d'affronter une circulation fortement encombrée toute l'année, les Béninois ont fini par s'accoutumer aux embouteillages monstres et aux bouchons kilométriques. En revanche, ce dont aucun Cotonois ne pourra trop longtemps s'accommoder, c'est la pollution atmosphérique. La fumée abondante émanant des véhicules et autres engins est inhalée quotidiennement par des milliers d'usagers, qui commencent d'ailleurs à être trop nombreux à se plaindre de picotements, de larmoiement, d'enrouement de la gorge, d'irritation nasale, de céphalée et de brûlures dans la poitrine. Cette fumée âcre et suffocante, dont la toxicité a été prouvée, expose les usagers de la route à des maladies respiratoires pouvant aller jusqu'au cancer du poumon.

L'Etat interpellé

Les rares toxicologues du pays n'ont pas manqué de donner l'alerte, relayés ces jours-ci par les associations écologistes apparemment plus inspirées que l'Etat. Elles lui recommandent la mise en oeuvre d'une politique de transport en commun, le transfert d'une partie des services administratifs vers l'intérieur du pays, la délocalisation des industries et la restauration des espaces verts.

Heureusement, cette interpellation n'a pas laissé indifférent le gouvernement béninois qui vient d'adopter un train de mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique. Ainsi, il a décidé la création d'un comité chargé de "réviser les horaires de circulation des véhicules poids lourds" dans les villes et de "contrôler la qualité des gaz de combustion des automobiles lors des visites techniques". Des contrôles permanents des gaz d'échappement des automobiles et des cyclomoteurs seront également assurés par des forces de sécurité, selon un communiqué du Conseil des ministres.

Autant les Béninois sont attachés à ces taxis- motos pour leur utilité pratique, autant ils souhaitent et exigent même de l'Etat une réglementation de cette activité, exercée par des personnes trop peu respectueuses du code de la route. On leur impute aujourd'hui la recrudescence des accidents de la circulation. D'autre part, il s'agit d'une activité pourvoyeuse d'emplois à laquelle des milliers d'étudiants, de diplômés sans emplois et de "déflatés" doivent leur gagne-pain.

Là réside toute la complexité de ce dossier où l'Etat béninois se trouve partagé entre le souci de régler en douceur une question sociale et le devoir de préserver la santé des citoyens. Equation pas si banale...

END

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