ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 351 - 01/09/1998

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Zimbabwe

Gestion des déchets


by Johnson Siamachira, Zimbabwe, juin 1998

THEME = ACTION SOCIALE

INTRODUCTION

Des montagnes d'ordures au coin des rues, des caniveaux pleins à ras bord
et le ramassage insuffisant des déchets industriels risquent de changer en dépotoirs
les zones urbaines du Zimbabwe, tandis que le pays est assis
sur une bombe environnementale à retardement menaçant la santé

Il est devenu de plus en plus difficile pour les inspecteurs sanitaires de forcer les communautés et les industriels à se soumettre à des normes environnementales élevées. La situation pourrait empirer, à moins que les autorités locales ne parviennent à améliorer leur compétence en matière de gestion des déchets solides et à obtenir la coopération de la population.

Immigration campagne-ville

Dans le pays, la plus grande partie des déchets solides est jetée dans des décharges. Les indicateurs de la saleté de la ville montrent que cette saleté menace l'environnement urbain d'autant plus que la population s'accroît par la migration de la campagne vers la ville. Selon des projections de l'ONU, d'ici 2010 plus de 50% des 13,3 millions d'habitants du pays vivront dans les villes. Comme ils ne sont pas sensibilisés, la plupart de ces citadins ne se sentent pas obligés de respecter la propreté de leur environnement. Ils ne voient pas non plus pourquoi ils seraient obligés de payer fort cher pour le ramassage des tonnes de déchets qu'ils produisent tous les jours. Au tournant du siècle, les villes et cités du pays risqueront d'être submergées par un nombre sans précédent d'habitants et par la dégradation de l'environnement qui s'en suivra.

Ce qui est pire, c'est que les responsables de la gestion des déchets dans les zones urbaines n'ont pas encore trouvé le moyen de travailler en étroite collaboration avec les habitants, en particulier avec les citadins pauvres. Et pourtant il y a divers moyens par lesquels, en impliquant la communauté, on peut réaliser une gestion durable des déchets.

Participation de la communauté

"On ne s'est pas encore rendu compte du rôle potentiel de la communauté dans la gestion des déchets", dit le Dr Tevera, spécialiste de l'environnement et maître de conférences au département de géographie de l'université du Zimbabwe. Il ajoute: "Les communautés locales peuvent jouer un rôle très important dans la gestion de leur propre environnement urbain".

D'après lui, la plupart des autorités locales recourent actuellement aux méthodes traditionnelles d'enlèvement des ordures, plutôt que de chercher à identifier les besoins et préoccupations des citoyens. A cela s'ajoute qu'il n'y a pas de loi d'ensemble pour mettre un frein à la pollution urbaine.

Le personnel de l'autorité locale devrait, selon le Dr Tevera, être sensibilisé à la participation de la communauté dans la gestion des déchets. La population peut jouer un rôle-clé dans la promotion d'une gestion efficace des déchets solides en exigeant des comptes de ceux qui fournissent ce service. Il ajoute qu'on pourrait inciter les gens par des programmes d'encouragement tels des compétitions et l'enlèvement organisé qui éviterait le dépôt illégal d'ordures ménagères. Les différentes sortes de déchets pourraient être mis dans des poubelles de couleurs différentes, cela faciliterait le ramassage ou le recyclage.

De déchet à engrais

Le Dr Tevera suggère encore de créer des centres de compostage pour transformer les déchets en engrais. Cela aiderait à enrichir le sol et créerait des emplois. Le premier défi à relever est celui de trouver dans les zones urbaines des sites où on puisse recycler les ordures et lancer des projets sur base expérimentale. Outre la production de compost, cela pourrait encourager des jeunes à bifurquer vers le jardinage où on utiliserait les ordures recyclées comme engrais.

"La participation de la communauté dans ce domaine offre des possibilités, mais cela exige des efforts d'organisation et de surveillance de la part des autorités responsables. On réussira là où il y aura une volonté politique et un suivi systématique". Le Dr Tevera souhaite, pour le programme de gestion des déchets solides, que le secteur privé participe à l'enlèvement, au dépôt et à la sous-traitance des services afin de créer des activités rentables pour les pauvres sans emploi.

Il faut cependant savoir clairement qui est responsable de quoi quand il s'agit de sous-traitance et de privatisation des services. Les conseils locaux devront toujours garder la responsabilité de la supervision et du contrôle des contractants.

Nécessité d'une législation appropriée.

Le Conseil de Harare City, avec les Conseils de la cité et de la ville, s'active maintenant à obtenir la participation de la communauté à la gestion des déchets. "L'enlèvement des ordures est un problème pour toutes les autorités locales parce que nos communautés ne se sont pas encore rendu compte qu'elles sont des partenaires pour la gestion des déchets. Le problème des déchets ne sera jamais correctement traité si la communauté n'assume pas son rôle légitime de participant actif à la gestion des déchets", déclare Mr Myles Zata, responsable de l'équipement au Conseil de Harare City, dont la municipalité génère près de 200.000 tonnes de déchets par an. Il estime que la législation sur la gestion des déchets devrait être améliorée et qu'elle "ne peut plus être simplement reléguée dans un chapitre de la législation plus générale sur l'environnement ou faire l'objet d'arrêtés municipaux". Les arrêtés municipaux en question ne parlent pas des aspects techniques de la gestion des décharges. "Les autorités locales, par des arrêtés municipaux, devraient régulièrement faire l'éducation de la communauté au sujet des problèmes de gestion des déchets. Les rues d'Harare sont victimes du dépôt aveugle de détritus et des déchets industriels et ménagers que les automobilistes, les passagers et les piétons déversent dans les terrains vagues le long des routes".

Le Conseil de Mutare City dans les hautes terres de l'Est, la Commission des eaux et forêts, le Réseau des utilisateurs de la biomasse (organisation non-gouvernementale) et d'autres compagnies privées ont commencé une expérience intéressante qui pourrait encourager la participation de la communauté à la gestion des déchets solides. Ils conditionnent en briquettes la sciure et les résidus secs de sucreries qu'on peut vendre comme substitut de bois de chauffage.

Ce qui tend à montrer qu'on peut résoudre un problème quand les gens travaillent ensemble.

END

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