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by Alexis Gnonlonfoun, Mauritanie, juin 1998
THEME = DEMOCRATIE
Nouakchott a abrité récemment le deuxième congrès des
médiateurs francophones.
A l'issue de la rencontre est née, le 21 mai 1998,
l'Association des ombudsmans et médiateurs francophones
comprenant 15 pays membres.
A l'image de celles des parlementaires et des maires francophones, cette association doit servir de cadre de concertation et de coopération entre les pays membres. Ce congrès a mis en exergue la nécessaire indépendance du médiateur (voir encadré) vis-à-vis des pouvoirs politique et judiciaire et insisté sur le rôle de la médiature dans le renforcement de la démocratie et des droits de l'homme.
On attendait avec intérêt les assises de ce congrès à Nouakchott. Tout d'abord parce que la Mauritanie est "terrorisée" par la revendication démocratique; ensuite parce que, à cause des problèmes énormes spécifiques à ce pays, on y voyait une stratégie mise en oeuvre pour barrer le chemin au pire. Non par goût, mais par nécessité. En honorant le gouvernement mauritanien par ce rendez-vous, les décideurs d'une telle rencontre ont sans doute pensé que le moment était venu de négocier, vite et bien, la francophonie avec le président Ould Taya.
Ouverture démocratique - Cependant, une lueur d'espoir est permise. Le gouvernement a en effet annoncé son intention de suivre sous peu le sillage institutionnel d'une "médiature". Ainsi, des possibilités nouvelles s'offriront aux citoyens mauritaniens. La "médiature" aura pour tâche de défendre les intérêts des populations qui entendent se libérer et soutenir les forces démocratiques et qui aspirent au changement à l'intérieur de la Mauritanie. La francophonie pourra et devra aider à cette évolution, si elle se préoccupe des aspirations légitimes des populations. Au regard de ce qui se passe aujourd'hui en Mauritanie, il s'agit de rester fidèle aux principes généraux du respect des droits de l'homme constamment violés dans ce pays, et de dénoncer l'apartheid qui sévit à la frontière.
Cette manoeuvre avait pour seul but d'exclure la communauté négro-africaine de Mauritanie, et d'obtenir une certaine complicité du gouvernement sénégalais et des autres composantes de la communauté nationale au Sénégal. Et il faut reconnaître que cette confusion, longtemps entretenue par Nouakchott, pose actuellement de sérieux problèmes à une frange de la population. Heureusement qu'en marge de ce 2e congrès des médiateurs, certains participants ont réfléchi un tant soit peu sur les contours du problème, et leurs conclusions prouvent suffisamment aujourd'hui qu'il ne s'agissait là que d'une méthode dilatoire.
Soutenir les marginalés - Maintenant, de l'avis des observateurs, il s'agit de soutenir la lutte des populations marginalisées, de contribuer à poser correctement les problèmes, et de tracer des perspectives pour solutionner la crise esclavagiste qui perdure. D'où un travail de sensibilisation et la fourniture de tous les éléments d'appréciation pour une bonne compréhension du dossier.
En effet, la situation qui prévaut à Nouakchott, loin d'être une simple querelle de famille, est le fait de la volonté d'une Mauritanie tournée vers le monde arabe, et dont le rêve est de s'inscrire dans le cadre d'une nation arabe s'étendant du Tigre à l'Euphrate et au fleuve Sénégal, et ce, au risque de bouleverser la géopolitique au sud du Sahara. Les exemples touaregs au Mali et au Niger s'inscrivent d'ailleurs dans la même mouvance.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner qu'en Mauritanie, les partis politiques, marqués par un contexte particulier, se considèrent comme seuls dépositaires des problèmes nationaux. Toute organisation échappant à leur contrôle direct devient suspecte à leurs yeux. Ceci pour dire qu'il faudrait être très attentif à ce nouveau phénomène et l'on comprendra mieux le danger de marginaliser une partie du peuple mauritanien en lutte pour sa dignité humaine.
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