ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 353 - 01/10/1998

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Afrique occidentale

Avènement d'un visa communautaire


by Anicet L.Quenum, Bénin, août 1998

THEME = RELAT. INTERNAT.

INTRODUCTION

La 39e réunion annuelle du Conseil de l'entente s'est tenue au mois d'août à Cotonou.
Plus qu'un sommet, c'était davantage une réunion de famille
pour resserrer les coudes face aux défis du tourisme,
de l'intégration économique et de la paix sous-régionale.

Les chefs d'Etat des pays membres du Conseil de l'entente - Blaise Compaoré du Burkina Faso, Henri Konan Bédié de Côte d'Ivoire, Ibrahim Baré Maïnassara du Niger et Gnassingbé Eyadéma du Togo - ont tous répondu à l'invitation du président du Bénin, Mathieu Kerekou, qui depuis le 13 août 1998, en assure la présidence. Il assumera cette charge jusqu'au 29 mai 1999, date du prochain sommet à Yamoussoukro, en Côte d'Ivoire, et qui marquera les quarante ans de l'organisation.

Le Conseil de l'entente, doyen de toutes les organisations du continent, doit sa cohésion à l'effectif et à la taille de ses cinq pays membres. Moins on est nombreux et mieux on s'entend, les débats s'enlisent moins et le temps est mieux géré. C'était le cas le 13 août dernier, à l'occasion du 39e sommet de l'orga-nisation où un huis clos strict de quatre heures aura suffi aux cinq chefs d'Etat pour épuiser l'ordre du jour de la rencontre.

Enjeu hautement touristique

Les cinq chefs d'Etat se sont acquittés en priorité d'une mission capitale pour la prospérité économique de la sous-région en signant deux conventions, l'une régissant la coopération entre les loteries nationales des pays membres, l'autre instituant le "visa touristique entente".

L'enjeu du sommet de Cotonou était intimement lié à l'instauration de ce visa communautaire, pour lequel les dirigeants de l'"espace entente" ont tous émis un avis favorable. Chacun d'eux était convaincu de l'importance accrue de l'industrie touristique dans les économies des Etats de la sous-région. Et, le tourisme étant un produit très rentable, il ne restait plus qu'à assurer la sécurité des touristes, condition essentielle d'un développement touristique communautaire.

C'est la raison d'être de ce "visa touristique entente". Il se présente sous la forme d'un timbre spécial codé, disponible pour la somme de 25.000 fcfa. Sa validité est de 60 jours, non renouvelable durant le séjour, et il autorise son détenteur à visiter tous les pays membres du Conseil de l'entente, soit une superficie de 2.031.000 kmý.

Sont exclus du bénéfice de ce visa les ressortissants des pays avec lesquels un ou plusieurs Etats membres du Conseil ont rompu leurs relations diplomatiques ou toute personne considérée comme pouvant porter atteinte aux intérêts d'un Etat membre. En cas de nécessité, le touriste est soumis à la réglementation nationale en vigueur en matière d'immigration. Toutes proportions gardées, ce visa touristique est comparable au "visa Schengen" en Europe.

Une trésorerie éprouvée

Hormis cette innovation sur le chemin de l'intégration économique ouest-africaine, ce 39e sommet aura été très classique. Y compris la position des chefs d'Etat, qui n'ont pas pu aller plus loin qu'un simple appel à la modération dans le règlement des différents conflits armés, en Guinée-Bissau, au Congo-RDC, en Angola et dans la Corne de l'Afrique. En revanche, leur condamnation du terrorisme reste sans équivoque. Et l'on retiendra enfin l'engagement renouvelé des cinq chefs d'Etat à poursuivre la démocratisation de leurs régimes, en harmonie avec les réalités africaines et les besoins spécifiques de leurs peuples.

Créé depuis 1959, le Conseil de l'entente est l'une des rares organisations du continent africain à avoir tenu si longtemps la route, même si, en ce moment, elle est confrontée à de sérieux problèmes de trésorerie liés au non-paiement des cotisations par les Etats membres. Malgré cela, ses interventions se poursuivent au profit des populations de la sous-région à travers diverses actions de solidarité, notamment dans les domaines de l'agriculture, de l'hydraulique villageoise, de l'électrification rurale, des petites et moyennes entreprises, du tourisme et des transports.

Pour ce faire, le Conseil dispose d'un fonds d'entraide et de garantie des emprunts, dont l'objet principal est de garantir les emprunts productifs destinés au financement de projets industriels agricoles et commerciaux rentables. Ces emprunts sont émis ou contractés par les Etats, par les organismes publics ou parapublics, ou par les entreprises privées ayant leur siège social et leur champ d'activités dans l'un ou plusieurs des Etats membres. Preuve que le Conseil de l'entente demeure un instrument d'intégration sous- régionale vers le développement.

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