ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 354 - 15/10/1998

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Malawi

Apaiser la souffrance de 30 ans d'oppression


by Steven Nhlane, APB, Afrique du Sud, juin 1998

THEME = CONDIT.SOC.

INTRODUCTION

Le tribunal national des dédommagements du Malawi
a été créé pour indemniser les victimes de l'ancien régime de parti unique.
Il lutte pour s'acquitter de son mandat

Le tribunal des dédommagements a été installé en 1996 par le gouvernement du Front démocratique uni (UDF) du président Bakili Muluzi, dans le but d'apporter un soulagement aux Malawiens qui ont souffert sous le régime tyrannique du Parti du Congrès du Malawi (MCP) arrivé au pouvoir en 1964 et qui y est resté 30 ans. Les victimes sont principalement des gens "détenus" sans jugement, pour des motifs politiques. Parmi elles figurent aussi ceux qui furent contraints à l'exil de peur de devenir des victimes - le gouvernement confisquait alors leurs biens.

En juin 1997, le gouvernement UDF a fait voter par le Parlement une loi destinée à adoucir les douleurs et les souffrances passées des victimes; beaucoup ont considéré cela comme un geste destiné à marquer un point politique.

Peu de financement
et indemnisations inégales

Dès le départ, le tribunal des dédommagements a été handicapé par le budget insuffisante accordée par le gouvernement. Ainsi, la plupart des victimes demandant une indemnisation accusent le tribunal de favoritisme en faveur de ceux qui ont de bonnes relations avec de hauts fonctionnaires.

"Si vous êtes un homme politique ou si vous avez des relations en haut lieu, vous avez toutes les chances que votre cas soit rapidement instruit et que vous receviez un substantiel dédommagement", déclare Malcolm Phiri, ancien détenu qui se bat toujours pour que le tribunal lui accorde une indemnité. Comme beaucoup d'autres anciens prisonniers, Phiri accuse le tribunal de traîner les pieds quand il traite les demandes d'indemnisation. Jusqu'ici, le tribunal a reçu 7.272 demandes émanant de victimes d'emprisonnement politique et de tortures sous le précédent régime; mais seulement 1.555 d'entre eux ont obtenu des paiements provisionnels ou partiels.

Depuis juin 1996, le tribunal a dépensé $800.000 en versements provisionnels, ce que l'on considère comme tout- à-fait insuffisant.

Wells Mapata, l'administrateur du tribunal, dit que, au cours de l'année financière précédente, le tribunal a demandé $32 millions au gouvernement. "Mais actuellement nous n'obtenons du trésor que $32.000 par mois. Ce qui, calculé sur la base d'un paiement provisionnel moyen de $800, ne peut satisfaire que 40 personnes".

Combien faudrait-il verser à un demandeur?

Selon Mapata, le tribunal accorde un versement provisionnel de $200 aux personnes emprisonnées jusqu'à trois mois; 400 à celles qui ont été détenues de trois à six mois; et 600 à ceux qui sont restés emprisonnés pour des périodes allant de six mois à un an. "Mais ces paiements provisionnels ne sont pas automatiques. Un requérant doit présenter des preuves attestées par des autorités compétentes et fiables, exposant les circonstances qui ont mené à la détention injustifiée du demandeur".

Le gouvernement dit que ses coffres sont vides et jusqu'ici, aucun donateur ne semble prêt à financer l'opération.

En février 1996, on a réouvert comme musée le camp de détention Mikuyu. A cette occasion, le président Muluzi a promis d'aider les anciens prisonniers en leur fournissant de l'emploi dans le secteur public et leur a dit qu'ils allaient recevoir leur argent du tribunal des dédommagements. "Bientôt le tribunal travaillera selon une échelle de tarifs qui établira clairement l'importance du dédommagement auquel le demandeur aura droit", dit-il.

Il faut remarquer que, jusqu'ici, un seul requérant a obtenu plein dédommagement ($30.000) au taux prévu pour ses cinq ans de détention: feu le Dr Denis Nkhwazi, membre de l'Alliance pour la démocratie (opposition). Le président a précisé que Nkhwazi a obtenu le paiement total pour lui permettre d'acheter un appareil de dialyse coeur-poumon.

Avant l'installation du tribunal des dédommagements, un certain nombre d'anciens détenus occupant des fonctions élevées sous le régime Muluzi, tels le vice- président Justin Malawezi et le ministre de l'Enseignement et des Sports, Brown Mpinganjira, ont attaqué le gouvernement en justice pour leur détention illégale et la Haute Cour leur a accordé des montants très élevés. En 1992, la Haute Cour a aussi accordé à Machipisa Munthali, ancien prisonnier généralement connu comme le "Nelson Mandela du Malawi", un montant total de $500.000 pour ses 27 ans de détention illégale.

Le mandat du tribunal des dédommagements consistant à indemniser les victimes est de 10 ans et se termine en 2005.

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