ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 354 - 15/10/1998

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Malawi

La liberté de la presse en danger


by Patrick Mwanza, Malawi, juin 1998

THEME = MEDIAS

INTRODUCTION

A peine les journalistes malawiens avaient- ils poussé un soupir de soulagement,
croyant être débarrassés de la censure de la presse,
qu'il y a de nouvelles tentatives de contrôle

Le gouvernement, qui commence à être connu pour son intolérance aux critiques, fait tout ce qu'il peut pour étouffer les médias indépendants du pays. Piqué au vif par des rapports embarrassants, le gouvernement a ordonné à ses ministères et corporations statutaires de cesser immédiatement toute publicité dans le Daily Times de l'opposition et son journal frère le Malawi News. Il a menacé de limoger tous ceux qui aideraient ces journaux.

Il faut noter que le gouvernement est le seul grand annonceur publicitaire dans un pays où la majorité des gens ne savent ni lire ni écrire, une situation qui fait que la seule circulation du journal ne suffit pas à sa survie.

Les journaux accusés

Le président Bakili Muluzi est convaincu que les deux journaux mentionnés plus haut, qui avaient appartenu à feu le président Hastings Banda, mènent une campagne contre lui personnellement et contre son gouvernement. Dans son testament, Banda léguait le Daily Times et le Malawi News au Parti du congrès malawien (MCP), ce parti qui a forcé la Grande-Bretagne à accorder son indépendance au Malawi en 1964. Le secrétaire de presse de Muluzi, Alaudin Osman, qui avait dû s'exiler durant le règne de Banda, prétend que les journaux "jouent un jeu de plus en plus vil et vicieux et dépassent les limites de la décence. Ces journaux injurient la démocratie si chèrement acquise de notre pays. Notre président a les mêmes droits que n'importe qui; ne soyez donc pas surpris s'il décide d'exercer des représailles."

Les journalistes sous menaces

Le président a déjà manifesté ses intentions. "Si les journalistes fabriquent des mensonges et les publient comme étant des faits véridiques, cela équivaut a un abus de la liberté de la presse. Si donc je veux leur intenter un procès, ils ne devraient pas se plaindre et duper la communauté internationale en disant que le président les prive de liberté".

En donnant l'ordre aux départements gouvernementaux d'arrêter toute publicité dans le Daily Times et le Malawi News, il montre clairement qu'il veut réduire l'influence de ces journaux et ainsi mettre fin à leur existence, alors que les prochaines élections législatives et présidentielles sont prévues pour mai 1999.

Les observateurs voient beaucoup de similitudes entre la façon d'agir de Muluzi pour réduire les dissidents au silence et celle de Banda. Celui-ci employait la manière forte pour inspirer la peur à ses opposants et pour les maintenir dans l'ignorance. Il s'assura que le peuple - dont 60% sont illettrés - reste dans une complète ignorance de ce qui se passait.

Puis vint Muluzi et ses visées sur le pouvoir. Qu'a-t-il fait? Il a mis l'accent sur la question des droits de l'homme. Il a assuré les journalistes qu'ils seraient libres de critiquer le gouvernement. En ce temps-là, les rues étaient inondées de journaux. Aujourd'hui, une sévère compétition a décimé les 25 titres existant; il en reste encore une douzaine. Mais la perspective des prochaines élections rend de l'espoir pour l'avenir; de plus en plus de journaux surgissent dans les rues, et ceux qui s'étaient retirés dans une sorte d'hibernation vont certainement refaire surface.

Une épine dans le pied

Il reste que les journaux indépendants, dits "de l'opposition" et donc "antagonistes", sont encore une épine dans le pied continuent à être une épine dans le pied pour le gouvernement. Un article mal digéré par les autorités a été publié dans le Daily Times. Il affirmait que Muluzi avait permis d'utiliser des fonds publics pour construire des mosquées; et que Muluzi, musulman, a l'intention d'islamiser le Malawi. Le président fit l'impossible pour étouffer cette histoire. Lors de la commémoration du centenaire de l'Eglise anglicane au Malawi, le 14 juin dernier, Muluzi déclara qu'il n'avait nullement l'intention d'imposer une religion par la force à n'importe qui. "Ici, ajouta-t-il, il y a la liberté du culte".

Le Daily Times en butte aux attaques

Rappelons que le Daily Times a déjà été en butte à deux attaques cette année. Le 16 janvier, dix soldats firent une rafle dans les bureaux du quartier général du journal, à Blantyre, exigeant des excuses pour un article qui prétendait qu'en 1996 le sida comptait son plus haut taux parmi les classes professionnelles, y compris l'armée. Cette attaque faisait suite aux remarques du ministre de la Défense, Joseph Kubwalo, disant qu'il ne supporterait plus les rapports négatifs visant à ternir la bonne image de l'armée.

Le 11 février, plus de 100 fonctionnaires UDF, brandissant des machettes, des massues et des pierres, firent le siège des bureaux du journal à Lilongwe, menaçant de passer les journalistes à tabac, parce qu'ils avaient écrit que 589 membres de l'UDF étaient passés au MCP, principal parti de l'opposition.

Oui, la liberté de la presse est en péril.

END

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