ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 354 - 15/10/1998

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Kenya

S'enrichir sur les malheurs des autres?


by Isaac Nyangeri, Kenya, juillet 1998

THEME = JUSTICE

INTRODUCTION

Le président Arap Moi aurait déclaré que
la profession juridique au Kenya était saturée,
et il aurait demandé aux institutions locales de hautes études
d'interrompre la formation des hommes de loi.

Les relations entre le président et les hommes de loi n'ont pas été très cordiales ces derniers temps. Ceux-ci étaient en première ligne pour critiquer ses 20 années de règne. Est-ce pour cette raison que le président les attaque dans ses discours?

Le Kenya a une population d'environ 30 millions d'habitants. Les hommes de loi sont plus de 2.000, et chaque année de nouveaux venus font leur apparition, tout frais sortis des écoles de droit, nationales ou étrangères. Aussi, cela semble étrange de voir le procureur général engager des hommes de droit expatriés, pour servir dans son cabinet. Se pourrait-il que, vu la mentalité générale, les Kényans préfèrent ce qui vient de l'étranger plutôt que les produits du pays?

De l'argent et toujours de l'argent

La plupart des hommes de loi et avocats choisissent d'avoir leur cabinet privé ou de s'associer à un cabinet existant. Ils font tout pour rester à l'écart des cabinets commandités par le gouvernement, tels ceux du procureur général. C'est un fait que les honoraires dans les instances privées sont plus élevés que dans les services publics. Souvent les hommes de loi expatriés sont bien mieux payés que leurs homologues kényans.

La rémunération est donc la clé du problème, l'argent! Quand on demande aux étudiants des écoles secondaires quels sujets ils vont choisir pour leur examen final, on les entendra dire: "Là où se trouve l'argent". Beaucoup adoptent la profession juridique avec la seule idée de faire de l'argent. Bien sûr ce n'est pas un mal en soi, mais si c'est là la seule raison, c'est ignorer le vrai idéal de la profession juridique.

C'est pourquoi les gros titres en première page du journal, tel que: "Un cabinet d'avocats est cité dans des affaires douteuses", ne surprennent plus. Cela arrive tous les jours.

Le Kenya a un organisme de contrôle, qui fixe les honoraires des hommes de loi et avocats, car abuser de l'argent de leurs clients n'est pas rare. Plusieurs avocats se sont trouvés eux-mêmes en justice pour avoir gonflé la note de leurs clients.

Voici ce que dit un Kényan à propos de la profession juridique dans son pays: "Les hommes de loi ont cessé depuis longtemps d'être des conseillers légaux dans le vrai sens du mot. Il n'y en a que très peu qui sont assez honnêtes pour déconseiller à leur client d'intenter un procès, quand il y a trop peu d'espoir de succès".

Qu'arrive-t-il quand quelqu'un "va en justice"? Voici un exemple bien typique. La maison d'une femme fut démolie par les employés du Conseil provincial. Pour pouvoir récupérer sa propriété confisquée et en recevoir des compensations, elle chercha l'aide d'un avocat. Il lui demanda Ksh 3.000 d'honoraires. Lors de la seconde visite, l'avocat, sans expliquer pourquoi, lui dit qu'il ne ferait rien tant que le double de cette somme n'aurait pas été payé. La femme lui dit qu'elle était d'accord de lui payer cette somme, que pour le moment elle était incapable de la trouver, mais qu'elle le payerait dès que la cour lui aurait accordé la compensation. Mais l'avocat refusa de poursuivre et, aujourd'hui, le cas n'a pas encore été résolu. Or, il y a plus d'un an que la femme cherche justice.

La profession juridique au Kenya semble se porter assez bien à cause des nombreux crimes qui se commettent de plus en plus et à cause aussi de l'ignorance des gens quant aux droits réels des citoyens.

Mais il est juste de signaler que les avocats ont été les premiers à demander des améliorations à différents niveaux de la société au Kenya. De fait, ils ont joué un rôle vital dans l'acquisition des réformes politiques. A cet égard, ils méritent nos louanges. Cet aspect positif aidera peut- être à améliorer la réputation de la profession juridique aux yeux du citoyen moyen.

END

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