ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 355 - 01/11/1998

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Congo Brazza

Triste école congolaise


by Carole Goma Makaya, Congo, septembre 1998

THEME = EDUCATION

INTRODUCTION

Classes surpeuplées, matériel déficient, manque d'enseignants:
l'école congolaise risque de devenir purement formaliste.

Le système scolaire congolais comprend le préscolaire, l'enseignement primaire, secondaire et supérieur. Le préscolaire concerne les enfants de 3 à 6 ans. Ces structures, en nombre limité par rapport aux besoins de la population, relevaient essentiellement du secteur public. Après avoir été nationalisées en 1965, les écoles privées, les garderies et les crèches, ont été de nouveau autorisées en 1990-91.

L'enseignement est dispensé en français, ce qui constitue un grand handicap au niveau primaire, en particulier pour les enfants n'ayant pas participé au stade préscolaire. Le français est rarement la langue maternelle et se pratique peu ou pas en dehors de la salle de classe.

L'enseignement primaire

L'enseignement primaire comprend trois niveaux: les cours préparatoires (CP1, CP2), les cours élémentaires (CE1, CM1) et le CM2 qui constitue la classe terminale du cycle. Celui-ci est sanctionné par le certificat d'études primaires élémentaires (CEPE) et l'entrée en sixième par concours. Selon l'Unicef, l'enseignement primaire au Congo connaît le taux de redoublement le plus élevé du continent. Le taux d'échec varie entre 60% et 35%.

Dans ce triste tableau, les jeunes filles sont les plus lésées. Les contraintes culturelles ne leur facilitent guère la réussite scolaire et l'accès à un enseignement de longue durée. Parmi les 65% des jeunes analphabètes, les filles sont les plus nombreuses.

L'enseignement secondaire et supérieur

L'enseignement secondaire comporte un cycle d'une durée de 4 ans, sanctionné par le brevet d'études du premier cycle (BEPC), et un second cycle d'une durée de 3 ans préparant au baccalauréat. L'enseignement général est favorisé au détriment des filières techniques. L'enseignement professionnel est assuré par le privé, mais il est encore timide.

L'enseignement supérieur concerne l'université de Brazzaville, la seule pour tout le Congo. Elle dispense une formation plus ou moins formaliste. Son amphi de 600 places contient plus de 1000 étudiants, et sa bibliothèque, déjà presque inexistante avant la guerre du juin 1997, a été complètement dévastée. Depuis 1982, la bourse d'un étudiant est de 30.000 fcfa, mais cette modique somme ne répond plus aux besoins des étudiants.

L'enseignement public

L'enseignement public est le secteur dominant du point de vue des effectifs, tant des élèves que des enseignants. C'est lui qui est chargé de la conception des programmes, qui s'appliquent également aux structures privées. L'offre reste toutefois insuffisante par rapport à la demande.

L'école publique n'est pas gratuite, contrairement à ce que beaucoup pourraient penser. Les familles paient les frais de scolarité qui s'élèvent à près de 10.000 fcfa au secondaire et à 5.000 au primaire. Les manuels sont payants, à la charge des parents.

Actuellement, plusieurs écoles manquent de tables et de bancs. En effet, pendant la guerre les écoles publiques ont été transformées en sites de sinistrés, et les bancs ont servis de bois de chauffage. Les salles de classe manquent de fenêtres. Pendant la saison des pluies, les cours sont constamment perturbés. A l'intérieur du pays, le tableau est encore pire; les inondations enregistrées ces derniers temps dans la partie septentrionale du pays ont empêché toute activité scolaire.

Les écoles privées

Les écoles privées sont conventionnées et agréées par l'Etat. Elles sont soit sous la direction de l'Eglise catholique, soit sous celle de particuliers. Elles se développent dans les grandes villes, où se trouvent concentrés les salariés et les commerçants, seuls capables d'en supporter les frais. La poussée des effectifs de ces établissements est vertigineuse. Ce développement rapide s'est accompagné d'une croissance anarchique au niveau des frais qui deviennent de plus en plus onéreux. Ces écoles reçoivent ceux qui sont exclus ou redoublent dans les établissements publics pour insuffisance de travail ou des raisons d'âge.

Les résultats semblent meilleurs en privé qu'au public. Mais l'inscription d'un enfant au privé suppose qu'on a les moyens nécessaires pour le faire. Les frais de fournitures et autres cotisations annexes viennent se greffer aux droits d'inscription qui coûtent plus cher que dans le public.

Interpellations

Le bon fonctionnement du système éducatif interpelle plusieurs acteurs. Les principaux sont les parents et les enseignants qui sont directement en contact avec les élèves.

L'équipement en fournitures scolaires est la condition d'un bon déroulement du travail de l'élève. Si l'on ne dispose pas du matériel requis, ce travail devient difficile voire impossible. Tel est malheureusement le cas de bon nombre d'enfants au Congo.

L'école au Congo souffre d'un déficit d'enseignants. La formation de ces derniers est souvent incomplète et le recyclage très rare. Ils affrontent des classes surchargées, ce qui peut faire douter de la formation dispensée. Les locaux sont vétustes et trop peu nombreux, surtout à l'intérieur du pays.

Concernant la pédagogie didactique, peu de livres et de manuels sont mis à la disposition des élèves. De telles contraintes ne permettent pas toujours un enseignement de qualité. Certains diplômes sont peut-être surévalués.

Malgré les efforts du projet ARESCO (projet d'aide à la relance du système éducatif congolais) financé par la coopération française et qui avait pour objectif d'améliorer la qualité de l'enseignement primaire et secondaire, le système éducatif au Congo demeure formaliste. Alors..., bonjour le chômage.

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