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by Samuel Sarpong, Ghana, 26 juillet 1998
THEME = EGLISES
Les veillées morturaires coûtent de plus en plus cher aux
familles.
Faut-il en finir avec cette coutume? Le débat est ouvert.
Certaines familles endeuillées abandonnent la veillée mortuaire. Des annonces comme celle-ci: "Il n'y aura pas de veillée mortuaire pour le défunt", sont de plus en plus fréquentes. Jusqu'à récemment, la veillée mortuaire pour un membre de la famille était un devoir impérieux, pour la plupart des Ghanéens. C'était le dernier contact que les survivants avaient avec le défunt, avant l'enterrement. C'était la coutume. Aujourd'hui le courant change. Le prix exorbitant des funérailles et l'inquiétude exprimée par les Eglises, ont poussé pas mal de Ghanéens à changer d'opinion sur cette pratique.
Au moins deux Eglises importantes du pays, l'Eglise méthodiste et l'Eglise presbytérienne, ont exprimé leur aversion pour ces pratiques, qu'elles dépeignent comme étant une dissipation des ressources de la famille du défunt.
L'Eglise catholique ne s'est pas encore prononcée sur ce sujet. Mais certains de ses membres ne voient aucune utilité à ces veillées mortuaires. L'Eglise presbytérienne a déjà fait savoir qu'elle a l'intention de les interdire totalement à tous ses fidèles. L'Eglise méthodiste a demandé à ses membres de changer ces pratiques, compte tenu de la réalité quotidienne. Ces décisions semblent rencontrer l'approbation de beaucoup de gens qui doivent faire face à ces dépenses exagérées pour des funérailles.
Depuis des temps immémoriaux, ces veillées mortuaires font partie du rituel funéraire des Ghanéens, et tous les enterrements ont été précédés de cette cérémonie. Une veillée mortuaire, c'est passer la nuit auprès du corps, avec les autres sympathisants. Parfois des groupes de musiciens sont loués. La boisson elle aussi est de mise, et tous veillent avec les membres de la famille jusqu'au matin.
Les rites funéraires sont souvent accompagnés par des querelles familiales, surtout quand on en arrive à partager les dépenses. Le sociologue Kwame Antwi est convaincu que, pour endiguer ces querelles, la meilleure chose à faire soit de réduire les frais des funérailles. "Les Ghanéens respectent leurs morts, et feront tout ce qu'ils peuvent pour donner à leurs parents décédés des funérailles décentes. Mais il y a plusieurs façons de le faire, sans encourir des dépenses excessives", dit-il.
Les familles en deuil dépensent plus de $ 2.000 en moyenne. Quant il s'agit de l'enterrement de quelqu'un d'important, les dépenses montent en flèche. Ceux qui assistent aux funérailles sont supposés contribuer aux dépenses avec un don adéquat à la famille du défunt. Mais quand les dépenses excèdent les dons reçus, dans les familles surgissent bien souvent des conflits violents, et l'amertume perdure pendant des années.
L'Eglise presbytérienne est supposée ratifier sa décision de bannir les veillées mortuaires, lors de sa prochaine réunion synodale. Une source proche du comité synodal de l'Eglise presbytérienne, dit: "L'interdiction des veillées mortuaires aidera à réduire les frais des enterrements et certaines pratiques non convenables, comme l'abus des boissons pendant ces rites". Mais si cette mesure sera acceptée de plein gré, c'est là une autre affaire. Pour le moment il y a diverses réactions. Pour certains fidèles presbytériens, l'Eglise se mêle d'affaires qui ne la concerne pas. Ama Bonsu, par exemple, a ses doutes sur la question. "Qui reçoit l'addition? L'Eglise ou l'individu? Si l'Eglise veut réellement aider ses membres, alors qu'elle cesse de leur poser un tas de questions et de leur imposer des cotisations pour des projets variés".
Madame Doris Acheampong, responsable des femmes de l'Eglise Trinitaire unie, dit: "Nous ne pouvons pas abandonner les veillées mortuaires. Ceux qui sont en faveur d'une suppression totale, ne voient pas sa corrélation avec le fait que l'exposition du corps du défunt en grande pompe sur son lit mortuaire, pour la dernière fois, est la seule façon que nous avons de lui rendre nos derniers respects".
Pour le Rév. Joseph Osei, méthodiste, si son Eglise demande un changement, c'est pour éviter le stress que produit la veillée près du défunt pendant des heures interminables. "Nous sommes convaincus que ces veillées stressent les personnes qui restent près du défunt pendant toute la nuit. D'un autre côté, supprimer carrément ces veillées funèbres, ce serait une grave erreur. Nous devons d'abord nous asseoir avec les autres et discuter quels changements on pourrait faire. Nous devons leur faire apprécier le besoin d'un changement. Et faire de sorte qu'il soit graduel".
Le Dr. Clara Fayorsez, maître de conférence en sociologie à l'université du Ghana, croit elle aussi qu'il faut de la modération à ce sujet. Elle dit: "Bien que je sois d'avis qu'il faut honorer les morts, je crois aussi qu'il faut le faire modérément. Il me semble qu'on se complaît à honorer les morts, mais qu'on éprouve aussi du ressentiment à l'égard des vivants. Ces veillées nocturnes sont souvent pour des jeunes, l'occasion de se saouler, et même pire".
Il est évident qu'il faut des changements, mais il revient aux individus de prendre la décision eux-mêmes. Interdire d'un coup cette coutume n'est pas une solution.
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