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by Hobbs Gama, Malawi, septembre 1998
THEME = SIDA
Dans toute l'Afrique, il est impérieux de prendre des mesures
radicales
contre l'épidémie du SIDA. Mais l'Afrique subsaharienne est la plus atteinte,
suite à un certain nombre de facteurs:
pauvreté, manque de soins de santé accessibles
et haut degré d'analphabétisme.
Depuis que les premiers cas ont été diagnostiqués dans la région, il n'a pas été aisé pour les experts, les organisations humanitaires et les gouvernements de fournir des statistiques fiables sur le problème du SIDA. Or, tant que les populations manquent d'information à ce sujet, cette maladie mortelle continuera à se répandre. Dans une grande partie de l'Afrique subsaharienne, les gouvernements ne semblent pas s'engager dans la lutte contre le SIDA.
Les gouvernements africains doivent faire de la prévention et de la réduction de son impact une priorité urgente. Pour cela, il leur faudra l'aide de donateurs et d'ONG, dit un rapport de la Banque mondiale, pour qui le coût de l'inaction est "potentiellement énorme" et le moyen le plus rentable de réduire le taux d'infection est encore d'éviter que les gens contractent la maladie. Le rapport, intitulé: "Affronter le SIDA: priorités publiques face à une épidémie mondiale", établit clairement que cela est particulièrement vrai pour l'Afrique et les autres pays en voie de développement, où l'on trouve 90% des cas d'infection par le VIH.
Le rapport déplore le fait que les systèmes sanitaires en Afrique subsaharienne sont surchargés et manquent de ressources. Les médicaments nouveaux et sophistiqués utilisés pour contrôler l'infection, et pour traiter et prévenir les maladies liées au SIDA ne touchent que 10% des personnes vivant avec le VIH. Le rapport affirme que, tant qu'on n'aura pas découvert un vaccin ou un traitement abordable pour les pays en voie de développement, le meilleur moyen d'arrêter l'épidémie est d'aider les personnes à réduire leurs comportements "à risques" qui pourraient mener à l'infection par le terrible virus.
Par ailleurs, le Programme commun de l'ONU sur le VIH/SIDA (UNAIDS) signale que les gouvernements se sont montrés peu disposés à intervenir dans l'épidémie et que trop peu de pays ont imaginé une réponse d'ensemble à cette urgence. Selon le Dr Peter Piot, directeur exécutif de l'UNAIDS, cet échec est d'autant plus grave que, de récentes données fournies par l'UNAIDS, il ressort qu'on a largement "sous-estimé" le niveau de transmission du VIH. Tant la Banque mondiale que l'UNAIDS insistent sur la nécessité pour les gouvernements africains d'être plus énergiques à fournir une information sur le SIDA plus accessible aux groupes vulnérables, en employant en priorité leurs ressources et avec l'aide de donateurs. Il faut que les gens prennent conscience des effets dévastateurs du SIDA.
Publié pour marquer la Journée mondiale du SIDA, le rapport de l'UNAIDS établit que c'est en Afrique subsaharienne que l'épidémie croît le plus rapidement. On estime à 7,4% le taux stupéfiant de personnes, entre 15 et 45 ans, vivant avec le VIH. En 1997, environ 3,4 millions d'adultes et environ 530.000 enfants ont été infectés.
Les chiffres antérieurs concernant le taux de la transmission du VIH/SIDA ont été sous- estimés, selon l'UNAIDS, parce que les calculs avaient été faits sur des données provenant de pays ayant un bon système de contrôle, comme l'Ouganda, et extrapolés ensuite à la région tout entière. Les statistiques de l'Ouganda montraient que le taux d'infection diminuait. Or, en 1997, des données fournies par d'autres pays indiquaient que l'épidémie n'avait pas suivi l'exemple ougandais, mais que l'infection s'était développée à un niveau inimaginable.
Alors que l'Afrique orientale a été une des premières régions à connaître une épidémie régionale du VIH, aujourd'hui, selon l'UNAIDS, c'est l'Afrique australe qui est la partie du continent la plus atteinte, Les statistiques y dépeignent un sombre avenir. Quelque 2,4 millions de Sud-Africains - soit un adulte sur dix - étaient séropositifs au début de 1997 (une hausse de plus d'un tiers par rapport à 1996). Au Botswana, la proportion de la population adulte infectée par le VIH a doublé au cours des cinq dernières années, avec 43% des femmes enceintes séropositives dans le seul centre urbain, en 1997. L'espérance de vie y est retombée au niveau de la fin des années 1960.
En Namibie, le SIDA est la maladie mortelle la plus répandue, responsable de près de deux fois plus de décès que ceux causés par la malaria. Au Zimbabwe, en 1996, on pense qu'une personne sur cinq était atteinte du VIH et, dans une seule ville comptant un taux élevé de travailleurs migrants, sept femmes enceintes sur dix étaient séropositives en 1995. Si l'on se base sur la tendance actuelle, le taux de mortalité infantile au Zimbabwe pourrait croître de 138% pour l'an 2010 à cause du SIDA; le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans pourrait augmenter de 109%.
En Afrique, l'Ouganda a été le premier pays à prendre des mesures sévères pour contenir le virus. Ce pays continue à connaître une diminution de la proportion d'adultes infectés. Les chiffres recueillis en 1997 dans trois sites de surveillance indiquent des niveaux d'infection entre 5 et 9% - une diminution d'environ un cinquième par rapport aux chiffres de 1996. La diminution semble se concentrer dans les groupes d'âge plus jeunes, ce qui confirme la constation que la jeunesse a adopté des méthodes sexuelles plus sûres. La prévalence du VIHparmi les femmes dans les cliniques prénatales est aussi en diminution.
Mais la situation n'est pas la même dans tous les pays. Au Malawi, le taux de transmission du VIH/SIDA est en nette croissance. Sur les 20.000 cas de tuberculose traités dans les hôpitaux l'année passée, 60% étaient séropositifs. Avec une population estimée à 12 millions, le Malawi a un taux d'analphabétisme de 60% et les gens évitent d'utiliser des préservatifs. Vers la fin de l'année dernière, le rapport de la Banque mondiale signalait que 600.000 personnes étaient infectées. Mais récemment, le ministre de la Santé et de la Population, Harry Thompson, disait que les chiffres pourraient atteindre le million. "Nous avons atteint une situation critique. Nous devons empêcher que ceux qui sont indemnes ne contractent la maladie de façon à pouvoir contrôler son extension, surtout en changeant nos types de comportement", a-t-il ajouté.
Le rapport de la Banque mondiale souligne qu'en Afrique, et dans d'autres régions en développement, beaucoup de problèmes de santé publique, tels que la malnutrition et la prévention des maladies infantiles, se disputent les fonds nécessaires à la prise en charge des soins. Mais l'épidémie du SIDA réclame une attention spéciale, car elle continue à s'étendre et a déjà commencé à avoir un impact sur l'espérance de vie. Dans les régions les plus atteintes, celle-ci en est revenue à ce qu'elle était il y a plus de dix ans. Le SIDA va vraisemblablement aggraver la pauvreté dans ces pays car il fait ses victimes dans le groupe d'âge productif, les travailleurs formés dont on a tant besoin. Il laisse aussi beaucoup d'enfants orphelins. La pauvreté et l'inégalité des sexes sont reconnues comme des facteurs favorables à l'extension du SIDA. Les femmes pauvres en situation de dépendance ont souvent beaucoup de mal à obtenir des relations sexuelles protégées. Même des femmes mariées ont des problèmes avec leur époux au sujet de relations protégées. La migration accélérée du travail, l'urbanisation rapide, la modernisation de la culture, les conflits, les mouvements de population à grande échelle (e.a. les réfugiés dans des pays déchirés par la guerre), facilitent la transmission des maladies liées au VIH. L'Angola qui endure une guerre civile depuis trois décades en est un exemple.
Le rapport de la Banque mondiale insiste sur le fait qu'une intervention précoce est particulièrement cruciale dans les pays où l'épidémie en est à ses débuts, comme dans les pays d'Afrique du Nord, le Cap Vert, Madagascar, la Mauritanie et la Somalie. Le message de la Banque mondiale aux gouvernements est clair: "Donnez la priorité au contrôle du SIDA".
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