CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
by Solange Léocadie Kibelolo, Congo Brazza, septembre 1998
THEME = ACTION SOCIALE
Les sinistrés de la guerre du 5 juin 1997 se sont fait recenser
dernièrement.
Ils attendent du gouvernement le remboursement des biens matériels
et une compensation pour les pertes humaines.
"Le recensement, c'est la volonté du gouvernement et du ministère de la solidarité nationale des sinistrés et victimes de guerre, chargé de l'action humanitaire", a lancé le ministre Léon- Alfred Opimbat. Cinq mois après les violences de la guerre, le gouvernement a réalisé une opération de recensement des victimes, qui s'est étendue du 20 avril au 25 mai 1998 dans toute la capitale et a mobilisé presque tous les Brazzavillois. Pour organiser cette opération, on a installé dans les sept arrondissements de la capitale des postes d'enregistrement, élargis par des antennes. A Moungali, quatrième arrondissement de la ville, on comptait deux antennes et les agents recenseurs étaient scindés en quatre équipes de travail. Ainsi, les victimes de guerre pouvaient faire la déclaration de leurs préjudices.
On pouvait déclarer quatre types de préjudices. Le premier concerne les maisons, où les propriétaires déclarent les impacts qu'il y a eu et l'état de la toiture et des murs. "Je viens déclarer que ma maison a perdu une bonne partie de sa toiture et ses persiennes par les obus. Actuellement j'utilise des cartons et des bâches pour fermer les trous et les fenêtres", explique un propriétaire vivant à Sonaco.
Le deuxième préjudice concerne les autres biens matériels. A ce niveau, les agents recenseurs ont enregistré des milliers de déclarants. Chaque fois, ceux-ci brandissent une liste des biens perdus, espérant d'être remboursés par le gouvernement. "J'ai perdu beaucoup. J'estime mes pertes à 5 millions cfa", déclare Théophile, habitant du quartier Mokondo.
La commission des recenseurs enregistre aussi les préjudices pécuniers. "Mon dépôt de marchandises avait été pillé, je ne peux plus exercer mon commerce", s'alarme une maman grossiste. André, lui, déclare: "Je suis à la traîne depuis le désastre du supermarché Score. Cette opération est pour moi un espoir". Par ailleurs, à la fin de la guerre, plusieurs sociétés privées ont fermé les portes, parce que leurs entreprises avaient été détruites, pillées et brulées. Ce qui a entraîné le chômage pour beaucoup.
L'équipe des préjudices corporels et des morts a elle aussi reçu des milliers de déclarants, venus témoigner du nombre de parents morts ou blessés. "Je viens déclarer la mort de mon frère, qui travaillait au Centre hospitalier universitaire pendant la guerre", avance Honoré d'un ton triste.
Après la collecte de tous ces renseignements, chaque équipe délivre aux sinistrés un récépissé. Ces récépissés constitueront des pièces justificatives lors du remboursement des biens. Mais, "nous ne savons pas exactement quand cela se fera, si ce remboursement s'effectuera à court ou long terme", s'inquiète Berthe Bitsindou, un agent recenseur. Cette opération de recensement n'est que la première phase d'enregistrement. La seconde se fera par la descente des huissiers de justice aux lieux des sinistres pour faire le constat avant le remboursement des biens.
Or, il se pose encore le problème des sinistrés de la guerre civile de novembre 1993 à janvier 1994. Ils sont nombreux. Guerre qui avait fait 2.000 morts, essentiellement à Brazzaville. Les chiffres du ministère chargé de la réinsertion des sinistrés, comme on l'appelait à l'époque, indiquaient 10.580 maisons saccagées et 30.000 personnes sans abri dans le pays. Elles occupent depuis lors des logements de fortune: écoles, paroisses, anciennes usines ayant été abandonnées. Ces sinistrés vivent toujours dans l'indigence.
END
CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
PeaceLink 1998 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement