ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 356 - 15/11/1998

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Congo-Brazza

Zoom sur le retour à la vie normale


by Brutte-Martiale Balou, Congo Brazza, septembre 1998

THEME = ACTION SOCIALE

INTRODUCTION

Reconstruire les maisons détruites, déminer la ville,
traquer les bandits, sécuriser les populations...
Brazzaville détruite par une guerre violente
s'efforce de reprendre son visage d'antan

"Nous sommes décidés à reconstruire le pays avec la participation de tous ses fils et ses filles, et avec la compréhension et l'assistance de la communauté internationale", affirmait le président Denis Sassou Nguesso, lors de son investiture le 25 octobre 1997.

Des efforts considérables sont entrepris. Sur le plan de la sécurité, par exemple, le ministère de l'Intérieur et la police nationale ont élaboré une opération de prévention afin de renforcer la sécurité publique et de parer aux règlements de comptes et aux actes de vandalisme. Ainsi, la police judiciaire a mis en place une police de proximité, créant 19 postes de police régionale éparpillés dans les différents quartiers de la capitale. "Si la guerre civile a pris fin le 15 octobre 1997, pour la police nationale elle ne faisait que commencer: une guerre contre les jeunes qui ont acquis des armes pendant la guerre et qui forment aujourd'hui des bandes de délinquants", explique un officier de la police judiciaire, ajoutant qu'une politique d'îlotage a été élaborée par des patrouilles dans la ville.

Retours et reconstruction

Grâce à la sécurité que la police s'efforce d'imposer dans la ville, des agents de l'Etat, qui étaient proches du pouvoir déchu de Pascal Lissouba et qui se sont réfugiés en brousse, ont regagné petit à petit leurs postes. L'un d'eux rencontré à Brazzaville se confie: "J'avais peur d'être enlevé, tué. Revenu sur place, je me suis rendu compte qu'il n'y a pas trop d'inquiétudes à avoir malgré quelques cas de braquage dont on entend parler ci et là, et qui font peur. J'ai repris mon boulot sans problème et dans les prochains jours toute ma famille sera là".

Coté étudiants, le soulagement qu'a donné une bourse d'équipement en janvier dernier est visible. Beaucoup ont regagné la ville universitaire dans l'espoir de rattraper le temps perdu. Leurs valeurs et leurs droits ont été bafoués pendant le régime déchu. "Certains de nos collègues ont fini le cycle universitaire sans bénéficier de leurs droits d'étudiants; d'autres ont abandonné leurs études à cause du manque de soutien, alors que chacun de nous est l'espoir de sa famille", déclare un étudiant en 3e année de licence.

Brazzaville reprend son climat d'avant-guerre. Elle vit au rythme de la reconstruction. Sans attendre l'intervention de l'Etat, la population a pris des initiatives. Les travaux de réfection sont entrepris un peu partout. Malgré l'environnement malsain et les maisons complètement détruites, les propriétaires s'efforcent de réparer une partie des brèches et de repeindre les murs. "Nous avons tout perdu; cela ne veut pas dire que nous ne pouvons plus continuer à vivre. Il faut reconstruire. Mais le ciment coûte cher. C'est ce qui nous bloque", se plaint une victime du pillage. Pendant ce temps, on assiste à une flambée des prix des produits de première nécessité. Le gouvernement tente d'enrayer ce phénomène en détaxant les produits destinés à Brazzaville, mais il a du mal à réussir.

Optimisme des forces de l'ordre

Le long des artères dans les quartiers comme Poto-Poto, Moungali, Plateau des 15 ans, Moukondo, où se sont déroulés la plupart des combats, la vie a repris. Des mamans vendeuses, des magasins et des supermarchés n'ont plus peur de vendre jusqu'à des heures avancées de la nuit, bien qu'il y ait encore quelques étals vides sur certains marchés. Bref, un climat qui ne laisse pas indifférentes les forces de l'ordre chargées de la sécurité. "La police est optimiste. Elle espère pouvoir résoudre tous les problèmes dont sont victimes les populations. Elle les invite d'ailleurs à participer à l'opération Colombe qui vise à ramasser les armes de guerre en dénonçant ces délinquants", rassure l'officier de la police judiciaire qui constate que les crimes sont en régression.

Côté santé, les gens sont de plus en plus exposés aux épidémies infectieuses. Mais des organismes internationaux ne se sont pas croisés les bras. Ainsi, l'Unicef a répondu au cri d'alarme. Une campagne de vaccination contre la rougeole a été organisée de février à mars 1998, visant les enfants de 9 à 59 mois.

La municipalité et les ONG à leur tour ne sont pas restées inactives. Des opérations de salubrité sont entreprises au fur et à mesure. Depuis le 9 août 1998, l'armée congolaise démine progressivement la ville aujourd'hui truffée de mines de tous genres qui font des victimes au sein de la population. L'opération de déminage a démarré après l'investiture du président Sassou. Il fallait faire sauter les mines antipersonnel qui avaient été placées dans la plupart des grands services publics: les ministères, les régies financières, etc. "Nous avons dû mener rapidement une grande opération avec le concours de militaires français. Elle consistait à nettoyer les terrains minés avant que les gens ne reprennent le travail, pour permettre aux civils d'y mener leurs activités en toute quiétude", explique un officier supérieur du génie militaire, membre de cette opération de déminage.

Ainsi, la vie reprend...

END

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