ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 356 - 15/11/1998

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Ouganda

Diversification des exportations


by Peter Bahemuka, Kampala, Ouganda, octobre 1998

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

Les exportations non traditionnelles de l'Ouganda, produits agricoles de haut niveau
et poissons d'eau douce, contribuent le plus à l'économie libéralisée
et à la diversification des exportations, et rapportent des millions de dollars au pays

En 1987, l'Ouganda, cherchant désespérément à donner un nouveau souffle à son économie moribonde, a libéralisé le marché des produits agricoles et diversifié ses exportations. Profitant du marché international, l'Ouganda s'est surtout efforcé à revitaliser sa production de produits agricoles de haut niveau pour lesquels il est avantagé.

Exportations de haute valeur

Parmi les produits d'exportation de grande valeur il faut noter le poisson, la vanille, le fruit de la passion, le sésame, les pommes, les bananes, le poivre noir, le gingembre, le piment, les fleurs, les avocats, le gombo, les ananas, les fraises, la cardamome et le sucre de canne, tous des produits qui sont appropriés au sol et au climat ougandais ainsi qu'au système des petites exploitations. L'amélioration des transports par cargos aériens depuis l'aéroport international d'Entebbe a facilité l'exportation rapide de ces produits.

Depuis 1992, les exportations de poissons d'eau douce ne font qu'augmenter. En 1995, on a enregistré le montant stupéfiant de 9.300 tonnes, soit presque 2.500 tonnes de plus qu'en 1994. Cela a rapporté environ US $17,54 millions. En 1996, il y avait 13 usines de traitement du poisson opérationnelles avec une capacité de 270 tonnes par jour; il n'y en avait que trois en 1990. En 1996, on a exporté 16.396 tonnes de produits de poissonnerie rapportant plus de $39,7 millions.

Exportation de poisson...

Les usines de poisson exportent vers les pays de l'Union européenne (UE), en conformité avec les normes strictes exigées par le marché très sensible de l'UE, du Moyen-Orient et des pays africains. Les clients les plus importants sont la France, la Belgique, l'Italie et les Pays-Bas. La France mène le jeu avec un transport hebdomadaire par Air France de plus de 30 tonnes de produits de poissonnerie, à partir d'Entebbe.

L'embargo sur le poisson ougandais, imposé par l'UE en décembre 1997 a été levé le 1er juillet 1998 et les exportations de poisson vers l'UE ont repris avec une expédition hebdomadaire d'environ 180 tonnes, pour une valeur de $576.000. En juin 1998, l'Ouganda se classait dans le Groupe<+>II des pays exportateurs de poisson. Maintenant, deux firmes locales ont obtenu des ordres avantageux provenant d'Allemagne, pour un montant annuel de $26,6 millions, comme le signale le numéro d'août/septembre du bulletin des exportations du Uganda Export Promotion Board. Les deux exportateurs de poisson, Byansi Fisheries Ltd et Greenfields (U) Ltd, ont obtenu des ordres pour 160 tonnes par semaine, d'une valeur de $512.000 franco de port à Entebbe.

Ils ont été choisis au cours de la Foire internationale des produits de la mer tenue à Brême, Allemagne, du 5 au 8 juin 1998. Byansi Fisheries a eu 45 contacts, dont 20 sérieux, tandis que Greenfields en eut 60, dont 10 immédiatement utiles. Les compagnies avaient été remarquées par un expert, le Dr John Kennedy, envoyé en Ouganda pour étudier le secteur de la pêche et sélectionner les compagnies qui pourraient être sponsorisées par le gouvernement allemand.

...et les graines de sésame et les fleurs...

De plus, jusqu'à 10.431 tonnes de graines de sésame, d'une valeur de plus de $7,33 millions ont été exportées en 1996 (de 8.948 tonnes en 1995). Et en 1997, on en exporta pour une valeur de plus de $8,9 millions.

L'histoire des fleurs est encore plus encourageante. L'Ouganda bénéficie d'un avantage sur les autres producteurs en termes d'engagement de capital, de prix à l'unité et de prix du fret. Etant donné son climat, les producteurs peuvent produire plus de tiges de roses par mý que, par exemple, le Kenya. Alors que les cultivateurs de roses en Hollande et au Kenya ont besoin respectivement de $108,50 et $29,56 par mý pour créer leur installation, les cultivateurs ougandais n'ont besoin que de $27,68. Là où les frais d'exploitation des producteurs hollandais et kényans sont respectivement de $50,7 et $39,93 par mý, ceux de l'exploitant ougandais sont inférieurs à $30.

Pour l'année 1996, on a exporté plus de 4.312 tonnes de fleurs coupées, pour un montant de $3,48 millions. Cependant, l'Ouganda est victime de la qualité inégale de ses exportations, ce qui fait que les prix d'achat sont inférieurs à ceux du Kenya. Les producteurs devront s'atteler à résoudre ce problème en augmentant la longueur des tiges des roses et la taille des boutons et en améliorant tout le processus qui suit la récolte.

...et la vanille...

Une autre histoire intéressante est celle de la vanille, plante grimpante vivace herbacée de la famille des orchidées originaire d'Amérique centrale. Aujourd'hui on utilise la vanille, dans le commerce et chez soi, comme aromatisant d'aliments et de boissons sucrés; on l'utilise aussi pour fabriquer des parfums alors que traditionnellement on ne l'utilisait que pour parfumer les boissons de chocolat chaud.

En 1992, la vanille traitée de qualité supérieure atteignait le prix d'environ $72 par kg sur le marché mondial et la demande continue à croître. En 1990, l'Ouganda n'exportait qu'une tonne de vanille traitée vers les Etats-Unis, mais déjà on envisageait que, dans les dix ans, les 4.000 producteurs ougandais fourniraient annuellement entre 100 et 150 tonnes de vanille pour une valeur annuelle d'environ $7,5 millions.

La vanille naturelle connaît un regain d'intérêt auprès des industries internationales traitant des arômes. En effet, les consommateurs répugnent à acheter des produits alimentaires contenant de la vanille synthétique, fabriquée à partir d'extraits de pulpe d'arbres et répandue dans les années '70, à cause de la hausse du prix de la vanille. Cette répugnance a favorisé le retour de la vanille naturelle et la rentrée de l'Ouganda sur le marché international de la vanille, le mettant ainsi en compétition avec Madagascar, la Réunion et les Comores, les trois principaux producteurs.

Près de 90% de la population ougandaise vit de l'agriculture, dont au moins 70% de petits producteurs. Or, la vanille peut se cultiver entre les autres cultures sans en affecter le rendement. Un petit cultivateur moyen pourrait avoir environ 200 plants de vanille sur un terrain de moins d'un cinquième d'hectare, chacun de ces plants donnant 120 gousses par an. Les producteurs gagnent au moins $4, prix du marché international pour un kilo de gousses non traitées de vanille. Environ cinq kilos de gousses mûres sont nécessaires pour obtenir un kilo de gousses traitées.

...et les fruits

Le fruit de la passion, appelé localement "obutunda", est un fruit plus abondant en Ouganda que beaucoup d'autres. Comme la vanille, ce fruit est planté au milieu d'autres arbres mais il mûrit plus tôt. Reconnu pour ses qualités curatives, le fruit de la passion est gaspillé sur une large échelle par une consommation intérieure irrationnelle; beaucoup ignorent que c'est un fruit qui a un large marché lucratif à l'étranger.

La variété pourpre est la plus populaire, tant localement que sur les marchés internationaux. Un kilo de fruits de la passion se paie environ $4 en Europe. L'avantage pour l'Ouganda est que, en vertu de la Convention de Lomé, son entrée sur le marché européen si sensible n'est pas taxée. Considérant la grande abondance de ce fruit en Ouganda, l'accroissement de son exportation pourrait rapporter des millions de shillings à la communauté agricole, pourvu que la qualité requise soit atteinte.

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