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by Alain Agboton, Sénégal, septembre 1998
THEME = VIE SOCIALE
Quatre petits flashes sur la société sénégalaise
qui peuvent nous aider à mieux comprendre
le pays, sa culture et les défis que lui pose la modernité
La question fut posée si les femmes africaines, compte tenu du faible niveau de leur
formation, ne verraient pas leur position encore plus précaire dans une situation
d'extrême libéralisation, de libre compétition et de course aveugle vers une
maximisation du profit. Aujourd'hui, a-t-on déploré, un niveau sans précédent de
détresse humaine et de pauvreté frappe les peuples déshérités de la terre, et les
peuples africains en particulier. Ces déséquilibres sont encore rendus plus
dévastateurs par la permanence et l'aggravation des inégalités entre hommes et femmes.
Initiatrice de la conférence, l'Association des femmes africaines pour la recherche et le
développement (AFARD), a fait également remarquer que les femmes ont payé un "lourd
tribut", social et économique, aux décisions macro-économiques. Victime des
violences et des guerres, initiées par l'homme africain anxieux de l'érosion de son
pouvoir politique, la femme africaine porte sur ses épaules le poids des crises qui
secouent les sociétés et les empêchent de s'unir dans un élan de solidarité commun
pour la création d'espaces économiques viables.
En fait, la mondialisation constitue une "menace" pour les
économies africaines, s'est-on exclamé. Aussi notre continent se doit-il de formuler un
nouveau modèle de développement endogène. C'est pourquoi il fut décidé de créer un
Comité africain de femmes experts sur "le genre, la mondialisation et
développement humain" et un observatoire des femmes africaines sur les
institutions financières internationales. Un véritable plan contre l'exclusion s'est
ainsi mis en place. Des stratégies et des instruments ont été développés pour
renforcer la capacité des femmes et de leurs organisations.
Ainsi, en lieu et place de l'autorité paternelle, il a été proposé l'autorité
parentale; ce qui n'est pas, évidemment, sans incidence sur le statut du chef de
famille. Les allocations familiales seront réparties entre les conjoints salariés.
L'époux étranger pourra bénéficier de la nationalité de par son mariage. La
nationalité sera accordée à l'enfant légitime né d'un père ou d'une mère
sénégalaise. L'avortement et la tentative d'avortement seront "excusables"
suite à un viol, un inceste. Les mutilations sexuelles seront passibles de peines de
prison. L'idée de la création d'un "Observatoire des droits des femmes"
a été agitée et il est fort probable que, dans les mois à venir, il soit mis sur pied.
Il aura pour mission de contrôler, protéger et promouvoir le statut de la femme
et de la jeune fille, et de former et sensibiliser l'opinion publique. Sous ces rapports,
en tant qu'organe de contrôle, d'alerte, de concertation, de conseil et de mobilisation
sociale, cet observatoire veillera à l'application par le Sénégal de ses engagements
internationaux, stimulera ou impulsera des réformes législatives conformes aux
aspirations légitimes des femmes eu égard aux mutations sociales.
Il n'en reste pas moins que, pour expliquer ce phénomène, les raisons avancées, par les
femmes principalement, sont la nature insatiable des hommes ("on ne peut
satisfaire les hommes", dit-on), et les nombreuses tentations (les Sénégalaises
sont élégantes et aguichantes, mais aussi... aguicheuses). Il s'en est trouvé, par
contre, pour remarquer que "l'infidélité n'est pas forcément synonyme de manque
d'amour". L'infidélité est, en tous cas, partagée entre les deux sexes. Il y a
quelque deux ans, une polémique a fait rage au Sénégal. Il s'agissait d'une
étude de deux universitaires, suggérant de limiter la polygamie à deux épouses (au
lieu des quatre "permises", par le Coran, rappelait-on). Ce débat va
être relancé. Tout au moins au Sénégal. Un protocole sera adjoint à la Charte
africaine des droits de l'homme, demandant l'interdiction de la polygamie. C'est le
résultat récent d'une consultation tenue par des organisations de défense et de
promotion des droits de la femme et des ONG de droits humains.
Ces associations, dont la représentation dans les régions est très inégale, drainent
beaucoup de milliards de CFA venant principalement de l'Arabie Saoudite, des Emirats
arabes, du Koweit et d'Iran. En plus de ces subventions, il y a encore les cotisations des
membres. Elles représentent une force sociale appréciable et une force
politique et électorale de première importance. A preuve, les chefs des confréries
sont courtisés surtout à l'approche des élections. D'ailleurs, les Mourides ont souvent
donné un "ndiguel", ou consigne de vote, en faveur du Parti socialiste
au pouvoir. Fait peu courant, cette année, en mai dernier à l'occasion des
législatives, cela n'a pas été le cas. De grandes figures de cette galaxie, comme Modou
Kara Mbacké et Moustapha Sy (appartenant à des confréries différentes), envisagent de
se présenter aux prochaines présidentielles, en février 2000.
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