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by Magari Mandebvu, Zimbabwe, 31 octobre 1998
THEME = DEMOCRATIE
Les efforts du Zimbabwe en vue de rédiger une nouvelle
Constitution -
destinée à remplacer l'accord de cessez-le-feu signé en 1980 entre des groupements
noirs
et des groupements blancs et le gouvernement britannique - n'ont été ni simples ni très
francs
On a créé, sous la présidence de Morgan Tsvangirai, secrétaire général du Congrès des syndicats (ZCTU), une Assemblée constitutionnelle nationale, la NCA. Le Conseil des Eglises du Zimbabwe (ZCC) lui a fourni des locaux. D'éminents juristes et universitaires la soutiennent, ainsi que la parlementaire indépendante Margaret Dongo. Cette Assemblée a publié un résumé succinct de la Constitution existante, amendée déjà 14 fois par le ZANU au pouvoir, et un grand nombre de textes sur les éléments possibles d'une nouvelle Constitution. Mais, et c'est là le plus important, ayant plusieurs sections dans tout le pays, elle a ouvert les débats pour un processus de participation des citoyens à la rédaction de la Constitution.
Evidemment, comme c'est son habitude, le gouvernement s'oppose à une participation directe des citoyens et, pour contrer cela, il propose de rédiger sa propre Constitution à soumettre aux électeurs, qui devront uniquement répondre par "oui" ou par "non".
Ce n'est pas étonnant, car le gouvernement refuse tout dialogue avec la NCA. Mais, le 31 octobre dernier, à Harare, il a lancé des centaines de policiers antiémeutes dans les rues, pour empêcher qui que ce soit d'entendre la NCA, dépassant en cela l'arrogance de n'importe quel gouvernement précédent.
La NCA avait organisé une marche pacifique à travers les rues du centre de la ville pour soutenir la réforme constitutionnelle. Le matin en question, donc, des bus entiers de partisans venant de l'université, de l'école polytechnique et de la ville-dortoir de Chitungwiza ont été refoulés par la police. Le faubourg de Sunningdale, circonscription électorale de Margaret Dongo, était entouré par un cordon de police. Ceux qui avaient pu atteindre le point de rassemblement convenu, le square de l'Unité africaine, se sont trouvés face à la police antiémeutes qui leur notifia que la marche avait été interdite. Pendant que les dirigeants discutaient avec les autorités, un petit groupe de moins d'une centaine de personnes essaya malgré tout d'organiser le cortège; mais, à chaque coin de rue, les policiers étaient là pour les éloigner de plus en plus du centre de la ville.
Tandis qu'une centaine de policiers armés de matraques et de gaz lacrymogènes attendaient au point de rencontre, un petit groupe de manifestants avait pu s'installer sur le parvis de la cathédrale catholique toute proche. La police ne voulant voir arborer ni calicots ni pancartes, ordonna au responsable de la cathédrale de les faire enlever. Les manifestants se dispersèrent après une courte allocution de Morgan Tsvangirai, dont le vol de retour du Botswana avait été retardé de deux heures.
On peut se demander ce que le gouvernement pensait faire avec cela, à part de démontrer son intransigeance et de priver des centaines de policiers de leur jour de congé? Une explication pourrait être le fait que le "Financial Gazette", propriété de Elias Rusike, ancien directeur du groupe gouvernemental Zimpapers, avait écrit que cette manifestation aurait été aussi une protestation contre l'intervention militaire du Zimbabwe au Congo-RDC. Beaucoup de manifestants portaient des tee-shirts proclamant leur soutien à la NCA et brandissaient des pancartes réclamant la réforme constitutionnelle; mais aucune ne mentionnait la guerre au Congo-RDC. Ce n'est pas que cette guerre ne les concerne pas; mais, ce jour-là, elle n'était pas leur souci principal.
La mention Congo-RDC était-elle alors de la désinformation délibérée, dans le but de justifier l'interdiction de la marche? Au cours des années, le ZANU s'est manifesté comme expert dans l'art de semer la confusion chez ses opposants; mais les groupes d'opposition ont déjà prouvé qu'ils sont très capables de s'embrouiller tout seuls...
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