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by Carole Goma Makaya, Brazzaville, novembre 1998
THEME = VIE SOCIALE
Des bandes armées sèment la panique parmi les habitants du Pool,
à 75 km au sud de Brazzaville
A la fin de la guerre du 5 juin, la région du Pool au sud de Brazzaville a servi d'issue de secours aux vaincus. Des militaires, des hauts cadres du régime déchu originaires du Pool et des ex-ninjas (milices privées de Bernard Kolélas) qui n'ont pas pu s'exiler, se sont repliés en grande majorité dans cette région, emportant avec eux armes et munitions.
L'opération "Colombe" (opération de ramassage d'armes), initiée en novembre 1997 au sortir de la guerre, n'a pas été effective. L'actuel drame de la région du Pool n'est que le symptôme récent de ce mal, plus d'un an après la guerre civile qui fit près de 15.000 morts. "Le mouvement des ex-ninjas qui renaît dans le Pool et qui s'est manifesté depuis août 1998 à Mindouli (une localité de la région) n'a rien d'une rébellion; ce sont des bandits armés, des fanatiques de Bernard Kolélas qui se mobilisent pour terroriser la population du Sud. Ils viennent pour voler, et ensuite ils trouvent des raisons politiques et annoncent le retour imminent de leur leader charismatique. Comme si, pour revenir au Congo, Kolélas doit faire tuer les gens du Pool, les assassiner", explique Norbert Nkouka.
Politiquement, la crise du Pool est grave. Ce désordre intervient au moment où le gouvernement congolais se lance dans le recensement administratif et la préparation des élections présidentielles, qui commencera par un référendum, comme l'a annoncé le président (Ndlr - Le président Sassou-Nguesso a annoncé pour 1999 un référendum sur le nouveau projet de Constitution). Ensuite, cela prouve à suffisance que le Congo n'a plus d'armée capable de protéger la population. Les jeunes recrues des Forces armés congolaises, essentiellement des "Cobras" (milice privée de Sassou), sèment la terreur dans les villages du Pool, attaquant tous ceux qui croisent leur chemin, jeunes ou vieux. Enfin, cette insécurité menace et fragilise davantage le Congo.
La crise du Pool était prévisible. Thystère Tchicaya, président du RDPS (Rassemblement démocratique du parti socialiste) estime que "les événements ne sont pas surprenants: ils sont dus à l'absence de confiance entre Congolais. Ils sont incontestablement politiques. Et je ne crois pas que ceux qui sont en exil soient pour quelque chose dans ce qui se passe dans le pays".
Au lieu de trouver une solution qui soulage les gens, la classe politique continue de se jeter des anathèmes, ignorant une population qui, depuis le déclenchement de la crise, vit dans la famine et dans la peur d'un retour des hostilités. Comme si cette population n'avait pas assez souffert de leur égoïsme.
Il a fallu que les hommes d'Eglise se mobilisent pour que naisse finalement l'espoir en une initiative de paix réelle. Le Conseil oecuménique des Eglises chrétiennes du Congo a mis en place un comité de médiation, constitué de 47 membres: sages, conseillers nationaux, membres du gouvernement et officiers des forces armées congolaises, tous originaires du Pool. La stratégie de ce comité repose sur trois points essentiels:
"Nous croyons en ces hommes d'Eglise pour dénoncer la crise de la région du Pool. Il y a trop d'exactions. La force publique, dépêchée sur place pour assurer la protection de la population, fait plus peur qu'elle ne rassure. Il est donc important de prendre le mal à la racine, d'écouter ces ex-ninjas et de trouver une solution durable, en vue de soulager la population", affirme Anselme Nganga, commerçant originaire du Pool.
L'initiative de ce comité de paix a été apprécié par le gouvernement congolais qui a décidé d'appuyer son action en lui fournissant un budget estimé à 38 millions de fcfa.
Depuis le début des affrontements dans le Pool, la vie à Brazzaville devient de plus en plus chère. En effet, en raison de l'insécurité, le CFCO (chemin de fer Congo-Océan) a décidé d'interrompre le trafic ferroviaire. Les trains en partance de Pointe-Noire, la capitale économique, s'arrêtent à Ioutété, dans la région de la Bouenza. Brazzaville n'est plus approvisionnée par le sud. Le gouvernement a institué un pont aérien pour alimenter la capitale. Seulement, la cherté de ces denrées n'arrange pas les commerçants. Par conséquent, les prix sur les marchés brazzavillois montent en flèche: le prix d'une baguette de pain de 120 gr. est passé de 75 à 250 fcfa! On a des augmentations cumulées de plus de 50%. Pour compenser le manque à gagner dû à la cherté des produits, les boulangers ont réduit le poids de la baguette à 90g et baissé le prix à 100 fcfa (1 FF). Cette flambée des prix, associée à l'irrégularité des salaires des fonctionnaires, rend la vie insupportable à Brazzaville.
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