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by Doumbia Balla Moïse, Man, Côte d'Ivoire, octobre 1998
THEME = DEVELOPPEMENT
Des "journées mondiales" peuvent rassembler
et sensibiliser les gens sur des thèmes importants
Le thème choisi cette année pour célébrer la 3e journée mondiale de la lutte contre la tuberculose était: "L'efficacité de la prise quotidienne et controlée des médicaments". La tuberculose (TBC) connaît actuellement une recrudescence particulière à cause de son couplage avec l'infection par le VIH/SIDA : une personne séropositive court plus de risque de contracter la TBC . Cependant, cette maladie contagieuse est curable.
Sur le plan épidémiologique, on dénombre un milliard sept cents millions de personnes infectées par la TBC dans le monde, dont dix millions de nouveaux cas et 3 millions de décès par an. La TBC est l'infection la plus fréquente et la plus meurtrière dans le contexte de l'infection par le VIH/SIDA. 95% des tuberculeux vivent dans les pays en développement. En 1996, on a dépisté en Côte d'Ivoire 13.000 nouveaux cas.
Le thème choisi cette année visait, d'une part, la sensibilisation de la communauté internationale à la recrudescence de cette maladie et l'effet conjugué de la pandémie du sida; d'autre part, il voulait rappeler que, même dans un contexte sidéen, la TBC reste une maladie curable, si le traitement est régulier.
En Côte d'Ivoire, depuis 1993, on remarque une augmentation annuelle de 10% du nombre de cas: 9.563 en 1993, 10.731 en 1994, et 13.104 en 1996. Face à cette situation, l'Etat ivoirien a décidé, dès 1995, de faire de la tuberculose une maladie prioritaire. Cette volonté politique s'est traduite par un certain nombre d'actes concrets: l'intégration de la lutte contre la tuberculose à la lutte contre le sida; la poursuite du traitement malgré le recouvrement des coûts des médicaments; la réduction du coût des examens de crachat qui est passé de 3.000 à 100 fcfa; et l'accroissement des centres de prise en charge. Le nombre de ces centres est passé de 5 en 1994, à 20 en 1998 pour la ville d'Abidjan; et pour l'intérieur du pays, il est passé de 34 en 1995, à 45 en 1997.
En dépit de tous ces efforts, il faut noter que seulement 50% des cas sont dépistés et, parmi ceux-ci, 20% n'arrivent pas à la fin du traitement. Pourtant le schéma thérapeutique est assez éprouvé. Maîtrisé sur le plan national par tous les médecins, il est efficace: la guérison intervient toujours après 6 mois de traitement, que l'on soit séropositif ou non. Le ministre ivoirien de la Santé a invité tous ses collaborateurs (médecins, infirmières, sages femmes, etc.) à adopter la stratégie d'un traitement directement observé, c'est- à-dire la prise quotidienne et controlée des médicaments. Aux malades, il demande de suivre les conseils des agents de la santé et d'accepter l'aide de leurs parents pour éviter à leurs enfants, à leur famille et à la communauté, des contagions que l'on peut éviter. Car la victoire contre la tuberculose reste possible, à condition que chacun s'implique davantage dans la lutte contre le fléau.
Dans la ville de Man, lors de la journée mondiale, on a organisé une grande marche pour la victoire contre la tuberculose et, sur la place de la Paix, les élèves du Lycée Moderne ont joué des sketches pour chasser cette pandémie de nos moeurs. Des médicaments et des outils informatiques ont été offerts par le directeur du projet "Retroci" à 6 centres anti- tuberculeux de la région. Le comité national anti- tuberculeux de Côte d'Ivoire a, quant à lui, offert 2 véhicules au C.A.T. de Man.
Comme tous les pays du monde, la Côte d'Ivoire a célébré le 15 octobre dernier la journée mondiale de la femme rurale. Danses traditionnelles, chants, poésie, défilé... c'est dans ce décor que, à Man, la fête a débuté au stade Léon Robert. Les femmes étaient venues des sept départements de cette région semi-montagneuse et, au cours d'un défilé, elles ont présenté les fruits de leur labeur. C'est avec fierté qu'elles brandissaient des échantillons de produits variés provenant de leurs champs. A côté de ses braves mères de familles, quelques coopératives de vendeuses et de commerçantes ont pris part à cette journée commémorative.
La journée était un hommage à leur contribution à l'économie et cadrait avec le thème: "La place de la femme rurale dans l'économie". C'est aux femmes rurales, en effet, qu'on doit les 80% des produits vivriers en Afrique subsaharienne et aux Caraïbes. Mais elles, qui fournissent 60% du travail dans le monde, ne perçoivent en retour qu'un dixième du revenu mondial et elles ne disposent que d'1% des terres. Pour remédier à cela, les femmes du milieu rural avaient proposé, en 1996, qu'on leur consacre un jour par an afin de leur rendre l'hommage qu'elles méritent et pour mettre en évidence leur contribution à la sécurité alimentaire, ainsi qu'au développement du milieu rural.
Célébrée pour la première fois en Côte d'Ivoire, la commémoration de cette journée à permis aux femmes de poser le problème de leur participation au processus de développement. En présence de Mme Malika Abrous, la représentante des Nations unies, venue rehausser la fête, Mme Léopoldine Coffie, ministre de la Famille et de la Promotion de la femme, a souligné qu'aucun développement n'est possible sans la participation active des femmes, et en particulier des femmes rurales.
Il est donc important de prendre conscience du poids des femmes dans la productivité, puisqu'elles constituent le contingent le plus important de la main d'oeuvre. Soutenant le point de vue du ministre, la représentante des femmes rurales, Mme Diomande Massiami, a demandé, au nom de ses soeurs, des structures de formation et d'encadrement pour une véritable contribution des femmes à l'économie ivoirienne. Car, dit-elle, "c'est à ce prix que nous pourrons être déterminantes dans l'économie de la Côte d'Ivoire". On peut rendre un vibrant hommage à la femme rurale dans la mesure où "elle fait trop pour gagner peu".
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