ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 359 - 01/01/1999

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Madagascar

La lutte contre le sida est l'affaire de tous


by Ramasiarisolo Mathieu C., Madagascar, octobre 1998

THEME = SIDA

INTRODUCTION

L'épidémie à Madagascar est encore relativement restreinte,
mais il faut intervenir immédiatement pour l'enrayer

En 1990, les évêques de Madagascar publiaient un document intitulé: "Le sida: une grave menace pour l'homme d'aujourd'hui, pour la famille et la société". Cela fait donc huit ans déjà, que l'alerte était donnée par des voix "autorisées" de la société malgache. A cette époque, le fléau paraissait lointain, le sida n'avait pas encore frappé et aucune donnée scientifique ne permettait de connaître l'incidence de la séropositivité sur la population. Malgré cela les évêques, soucieux de la vie, ont voulu alerter l'opinion publique malgache pour éviter le pire.

Aujourd'hui encore, Madagascar figure parmi les quelques rares pays à faible prévalence de l'infection au VIH. Le premier cas dans le pays a été enregistré en 1987. Actuellement, il y a 20 cas de sida notifiés et probablement 130 autres non notifiés. Chaque année, le Laboratoire national de référence MST/SIDA recueille les données. Mais elles sont insuffisantes pour estimer le nombre de personnes infectées par le VIH. Actuellement, on estime le nombre de personnes séropositives dans le pays à environ 5.000. Ces personnes ne présentent pas de signes de la maladie, et souvent même elles ignorent qu'elles sont infectées. D'autre part, à partir du nombre de personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles (MST), on estime qu'un million de Malgaches courent le risque d'infection.

Néanmoins, selon le Docteur Marie Claire Ravaoarimalala du Programme national de lutte contre les MST/sida, Madagascar dispose encore d'une grande chance: "celle de pouvoir éviter que l'épidémie n'explose dans un avenir proche. A ce titre, les interventions en tout début d'épidémie sont particulièrement efficaces. En plus des conseils à prodiguer aux personnes infectées et des soins à apporter aux malades, il faudra rapidement mettre en place des moyens de prévention de la contamination, et ce dans tous les groupes à risque. Il s'agit de la diffusion d'informations sur le sida, de l'éducation des communautés, du contrôle des autres MST, de la promotion de l'utilisation du préservatif et du dépistage des nouveaux cas d'infection au VIH. L'épidémie du sida n'est pas une fatalité, mais seule la mobilisation urgente des efforts de tous permettra de relever les défis qu'elle pose".

Le contrôle de la maladie

Le Laboratoire national de référence, créé en 1990 à Antananarivo, centralise toutes les données concernant la séropositivité et le sida à Madagascar. Depuis la découverte des premiers cas d'infection, un système de surveillance a été mis en place dans 17 sites à travers le pays. Il fournit des données de base obtenues auprès des services sanitaires publics et privés. Ainsi, chaque année, plus de 2.000 femmes enceintes sont testées à l'occasion d'une consultation prénatale. En plus des femmes enceintes, groupe représentatif de la population générale, des groupes exposés sont également suivis. Il s'agit surtout des prostitué(e)s. Les données recueillies permettent, dans une certaine mesure, de suivre l'évolution de l'épidémie, en fournissant des indications sur la tendance à la croissance du nombre de personnes infectées.

Le sida risque de causer de nombreux décès, particulièrement dans le groupe des adultes de moins de 49 ans. Le taux de croissance démographique annuel passerait de 2,8 % à 2,1% (en cas d'épidémie faible) ou à 1,4 % (épidémie forte). Ainsi, en 2015, le pays risque de connaître une diminution de la main-d'oeuvre et un déficit économique: postes de travail vacants, dégradation de la production, manque à gagner, etc.

Prévention

Parmi les actions déjà entreprises à Madagascar, notamment sous l'égide du Programme national contre les MST/sida, il faut signaler l'information du grand public sur le sida, la prévention de la transmission par voies sexuelle et sanguine du VIH, la surveillance épidémiologique, l'organisation de la recherche et, enfin, la gestion et la coordination d'un programme de contrôle multi-sectoriel des MST/sida. Il est cependant essentiel de consolider et d'étendre ces activités. A cet effet, il faut tout d'abord entreprendre des programmes ciblés auprès de certains groupes à risque, surtout les patients atteints des autres MST et les prostitué(e)s, avec dépistage et traitement appropriés et, par conséquent, assurer leur diffusion au moyen de programmes de sensibilisation, d'information, d'éducation et de formation adaptés à chaque groupe cible.

Actions de l'enseignement catholique

Quelques responsables de l'enseignement catholique dans quatre diocèses (sur les 18 que compte le pays) ont travaillé, depuis 1997, avec le Programme national de lutte contre le sida. L'objectif était la préparation d'un programme de prévention en matière de MST/sida à appliquer dans les établissements d'enseignement catholique à Madagascar. Avec la sensibilisation des parents d'élèves et des enseignants, ce programme cherche à promouvoir chez les jeunes un comportement sexuel reposant sur les valeurs humaines et chrétiennes.

Dans le diocèse de Mahajanga, par exemple, à l'initiative de la direction diocésaine de l'enseignement catholique, il existe depuis trois ans un cercle de réflexion qui regroupe des parents d'élèves et des membres du clergé. Ces personnes ont reçu une formation dans plusieurs domaines, concernant notamment le système éducatif préventif et l'éducation sanitaire. Ce cercle s'est élargi à des représentants des autres établissements scolaires de la périphérie. De plus, la Commission diocésaine de santé effectue des approches régulières dans le milieu universitaire.

Enfin, les médias catholiques contribuent également à la sensibilisation sur le thème du comportement sexuel suivant les valeurs chrétiennes. Radio Don Bosco, à Antananarivo, dans le cadre de ses émissions sur la santé, a déjà traité à plusieurs reprises le sujet MST/sida.

Conclusion

Comme l'épidémie à Madagascar n'en est actuellement qu'à ses débuts, il est essentiel d'intervenir rapidement pour enrayer la propagation du sida. Il faut également que les mesures déjà prises soient redynamisées et que de nouvelles actions soient mises en place de manière urgente. Les interventions possibles peuvent être menées par les différents acteurs potentiels (ministères, organismes non gouvernementaux, etc), moyennant une meilleure coordination de leurs activités.

L'Eglise catholique à Madagascar, face à ce grave péril, rappelle la responsabilité et la dignité de l'homme. "Nous n'avons pas voulu former des spécialistes du sida, mais susciter parmi les chrétiens des hommes et des femmes aptes à sensibiliser leur communauté de vie pour prévenir la menace", disent les évêques.

En somme, la lutte contre le sida n'est pas seulement l'affaire des professionnels de la santé, mais c'est l'affaire de tous et de toutes. Le sida ne sera vaincu que par un effort concerté, collectif et durable de tous les acteurs soucieux de l'avenir de leur pays et du bienþêtre des générations futures.

END

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