ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 359 - 01/01/1999

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Zambie

Conséquences sur le quotidien


by Felix Kunda, Zambia, octobre 1998

THEME = SIDA

INTRODUCTION

Le gouvernement collabore avec les ONG pour essayer d'alléger la situation.
Mais que nous réserve l'avenir?

La rue Addis Abeba est la plus fameuse de Lusaka, et très populaire, à cause de son commerce lucratif. Les clients ne s'y préoccupent pas de demander le nom des personnes avec qui ils traitent. Contrairement à d'autres commerces où la confiance est de rigueur, pour la prostitution, la plus vieille profession du monde, personne n'a cure de confiance. C'est le prix qui importe! Aujourd'hui, on demande de 10.000 à 15.000 kwacha par "tournée", et un peu plus de 20.000 par nuit (1$ = 1,700 K).

Triste image! Or, en Zambie, la prostitution est la cause principale du sida, et la maladie ne fait que s'accroître avec toutes ses conséquences sur la vie quotidienne. Mais d'autres facteurs y contribuent aussi, comme l'homosexualité et le lesbianisme.

Le Dr. Moses Sichone, directeur du Programme national de contrôle du sida, des MST, de la tuberculose et de la lèpre, dit que, dans les régions urbaines de la Zambie, un adulte sur quatre est séropositif. Mais la situation est la même dans beaucoup de régions rurales. En 1997 on comptait environ 45.000 cas de sida enregistrés au ministère de la Santé depuis le début de l'épidémie. Ces chiffres sont très bas, car la plupart des cas ne sont pas enregistrés. "A cela, il y a beaucoup de raisons, continue le Dr. Sichone. Les médecins peuvent ne pas vouloir enregistrer un cas diagnostiqué à cause de la honte attachée au sida. Aussi, la plupart des hôpitaux et dispensaires ruraux n'ont pas les moyens de faire le test de la séropositivité".

Selon le Dr. Sichone, en 1997, pour une population de 9 millions d'habitants, on estimait à 1,2 million le nombre de personnes infectées en Zambie. "Ce chiffre inclut 950.000 adultes et 70.000 enfants. Mais seulement 10% de ces cas se sont effectivement développés en sida".

Distribution géographique

Voici le taux de la prévalence parmi les adultes par province: province de Lusaka: 25,5%; Copperbelt: 23,4%; Luapula: 22,8%; province centrale: 22,8%; province du nord: 18,9%; province de l'ouest: 17,5%; province de l'est: 14,7%; province du sud: 16,8%; province du nord-ouest: 11%.

84% des cas de sida se trouvent parmi les adultes de 20 à 49 ans. "Comme ils sont la partie la plus productive de la population, la mort dans ce groupe constitue un grave fardeau économique. Beaucoup d'années de production et d'investissements dans l'éducation et la formation seront perdues", souligne le Dr. Sichone. Les âges de pointe se situent entre 20 et 29 ans pour les femmes, et entre 30 et 39 ans pour les hommes. Les jeunes femmes dans le groupe des 15- 19 ans, ont cinq fois plus de probabilité d'être infectées que les hommes du même groupe d'âge.

Estimations pour l'avenir

En parlant des prévisions pour le sida en Zambie, le ministre de la Santé, le professeur Nkandu Luo, estime que si la prévalence du VIH de 1997 (19,9%) reste stationnaire jusqu'en l'an 2000, et tombe ensuite graduellement à 16% vers l'an 2010, le nombre des personnes infectées culminerait à environ 1,1 million et garderait ce niveau jusqu'à la fin de l'an 2010. "Le nombre de nouveaux cas de sida, qui augmente chaque année parmi les séropositifs, atteindrait 106.000 en l'an 2000, et irait jusqu'à 119.000, avec une moyenne de plus de 300 cas par jour". Elle ajoute que vers l'an 2010 la Zambie comptera probablement 1,8 million de morts causées par le sida. Mme Luo dit aussi qu'à cause de ces morts, la Zambie en l'an 2000 sera confrontée au sérieux problème des orphelins: il pourrait y en avoir plus d'un million en 2010.

Le gouvernement est soucieux

Cette sombre image a obligé le gouvernement zambien à prendre ses responsabilités. En 1986, il créa un Comité national de surveillance du sida et une Commission inter-sectorielle d'éducation de la santé pour le sida, afin de coordonner tout ce qui se fait pour prévenir et contrôler le sida. Plus tard, en 1987, l'équipe de coordination a mis en place un plan à court terme pour fournir un sang sans danger, et a créé 33 centres de contrôle du sang à travers le pays.

La même année, avec l'aide de l'OMS, le gouvernement a développé son premier plan à moyen terme pour s'occuper des séquelles du sida. Celui-ci s'occupa surtout à réduire les impacts du sida sur l'économie, et prépara un plan pour le développement des ressources humaines.

A l'unisson avec les ONG

Le gouvernement travaille avec les organisations non gouvernementales pour enrayer la propagation du sida. Une de ces organisations est la Société pour la santé familiale, qui fait une large propagande pour l'emploi des condoms.

Une spécialiste des médias travaillant pour cette organisation, Mpundu Mwanza, dit que plus de 20 millions de condoms furent mis sur le marché en 1997. La réponse du public a été évidente: les gens ont adopté le préservatif comme mesure de prévention pour le sida, et aussi comme méthode de planification familiale. Son organisation a placardé des affiches, mis des panneaux et utilisé d'autres matériaux publicitaires pour les condoms. Elle a aussi lancé des activités promotionnelles avec des concours dans les écoles et sur les places publiques.

Une autre organisation, qui a fait du beau travail en Zambie, est le Réseau des personnes vivant avec le VIH/sida (NZP). Celle-ci fait tout son possible pour éduquer le public et offrir des conseils à ceux qui vivent avec le virus. Le coordinateur du NZP, David Chipata, dit que son organisation a organisé des concerts dans les neuf provinces de la Zambie, au cours desquels ils parlent avec les gens sur le sida. Ils donnent aussi une aide financière à ceux qui ont été diagnostiqués séropositifs, pour les aider dans leurs frais médicaux.

Mr. Chipata fut le premier à annoncer publiquement qu'il était séropositif. Il dit que le NZP donne une médication appropriée là où il le faut et conseille les sidéens sur le genre de nourriture dont ils ont besoin pour sauvegarder leurs forces. Le NZP traduit et imprime des livres en sept langues locales, recommandant la meilleure nourriture locale et comment la préparer.

Selon Mr. Chipata, la plupart des malades du VIH meurent de faim avant que la maladie ne se déclare. Les sidéens ont besoin de soins spéciaux et d'une diète spéciale pourqu'ils puissent vivre plus longtemps. Il déplore le manque de services de soins à leur disposition et le peu de chances qu'ils ont de survivre longtemps après avoir subi le diagnostic.

La Zambie fait partie des pays les plus pauvres du monde. Le salaire moyen ne parvient pas à marcher de front avec l'inflation (18,5% à ce jour) et le coût de la vie ne fait que grimper. Il y a le danger que la solidarité familiale, surtout vis-à-vis de ceux qui sont dans le besoin, puisse disparaître. Alors, qu'est ce qu'il se passerait? Ceux qui n'ont pas de revenus finissent dans la rue, et peut-être dans la prostitution, pour avoir de quoi manger. C'est surtout le cas des jeunes filles sans emploi. La pauvreté est une des causes principales de la propagation du virus parmi les jeunes femmes. A moins que le gouvernement ne trouve une politique pour réduire la pauvreté, les cas de sida ne feront que s'accroître.

END

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