ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 361 - 01/02/1999

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Ghana

Le "cercueil volant"


by Mawutodzi K. Abissath, Ghana, décembre 1998

THEME = TRANSPORT

INTRODUCTION

Faut-il un nouveau jet présidentiel
pour remplacer l'ancien qui a failli causer la mort du président?

Après avoir assisté à la 53ème session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, en septembre 1998, le président Rawlings crut qu'il était sage de rendre une visite officielle à celui qui l'avait, il y a longtemps, inspiré en matière de révolution: le président cubain Fidel Castro. C'est alors que le pays entendit parler des problèmes dramatiques que Jerry Rawlings eut avec son jet présidentiel, et comment il aurait pu y perdre la vie!

Le 2 octobre 1998, le président, sa femme et leur entourage rentraient au pays à bord d'un vol commercial des Ghana Airways - et non pas par le jet présidentiel, un Fokker 28. Des milliers de supporters se pressaient à l'aéroport pour lui souhaiter la bienvenue. Cependant, ayant appris les péripéties du jet présidentiel, la plupart chantaient des cantiques funèbres ou des chants de guerre, et sur certaines pancartes affichant "Bienvenue chez vous", on lisait aussi: "Changez le cercueil volant"; "La vie est plus importante que l'argent"; "Un bon jet pour de bons voyages d'investissement". On demandait au président d'acheter un nouveau jet pour sauver sa vie et celle de ses ministres! Mais l'opposition ne l'entend pas de cette oreille car, estime-t-elle, l'achat d'un nouvel appareil n'est pas, pour le moment, une priorité.

A son arrivée à l'aéroport international d'Accra, la première question posée au président fut: "Où est le jet?". Le président ne répondit pas lui-même à la question, mais il la passa poliment au directeur du protocole. Puis, éclaircissant sa voix, il raconta les problèmes qu'avait connus le jet.

Voici comment le Daily Graphic du Ghana (3 octobre 1998) relate ce qui est arrivé. "Le 25 septembre 1998, le président et sa délégation, partis de Pittsburg avec l'avion présidentiel, durent revenir à New York par un vol spécial, car l'avion présidentiel était tombé en panne. Les techniciens purent réparer l'avion, et la délégation partit pour La Havane, Cuba. Mais à La Havane l'avion connut de nouveaux problèmes à l'atterrissage. Une fois de plus, les techniciens se mirent au travail et, le 23 septembre, les intrépides voyageurs eurent le courage de quitter La Havane pour aller à Miami avec le même avion. Mais d'autres problèmes à ce "cercueil volant" retardèrent le vol vers Atlantic City pour se ravitailler en carburant avant de se mettre en route vers le Ghana: 45 minutes après le décollage, l'appareil dut retourner à Miami, où finalement il fut abandonné".

Acheter ou ne pas acheter

Au moment où nous écrivons, il y a un débat public sur tous les médias autour de la saga du "cercueil volant". Certains estiment que le président est l'incarnation de la dignité, la souveraineté et l'intégrité nationale d'un pays, et que c'est donc une honte pour la nation que le chef de l'Etat ait dû abandonner à l'étranger le jet présidentiel et prendre un vol de ligne pour revenir chez lui. D'autres haussent les épaules en disant: "C'est bien fait pour lui".

Certains sont opposés à l'achat d'un nouveau jet présidentiel à cause de la crise socio- économique que le pays connaît actuellement. Le salaire minimum quotidien est inférieur à un dollar. Les hôpitaux du pays ne sont guère mieux que des cimetières. Presque toutes les institutions d'enseignement sont délabrées. Le chômage sévit. Les vols armés, la prostitution, le viol et le trafic de drogues règnent. L'industrie agricole va à sa ruine... Et on parle d'acheter un nouveau jet présidentiel!

Pour d'autres, un nouveau jet présidentiel est une priorité nationale. Leurs raisons? Le jet présidentiel a été acheté par feu le général Kutu Acheampong il y a 22 ans, dans les années '70; le président d'un pays est l'élément clé des relations internationales et le respect que l'on lui accorde est le reflet de l'image de l'Etat. C'est par les voyages que le président a l'occasion de rencontrer d'autres dirigeants du monde pour échanger des idées, des vues et des expériences, et acquérir ainsi expérience et sagesse pour gérer efficacement le pays. La vie du président et de son entourage est sans prix et aucune somme d'argent ne peut les remplacer. Un jet présidentiel appartient à la nation.

Et ils finissent par dire: le "cercueil volant" est une honte nationale.

END

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