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by Tshibambe Lubowa, Congo (RDC), décembre 1998
THEME = UNIVERSITE
Ancien fleuron des universités
africaines,
connue pour ses magnifiques infrastructures et la qualité de son
enseignement,
l'université de Kinshasa connaît aujourd'hui la décadence,
mais refuse de mourir
Les origines de cette université remontent à 1945, lorsque fut créé le centre universitaire Lovanium, qui fut transféré à Kinshasa en 1950 et deviendra par la suite l'université Lovanium en février 1956. Son premier recteur fut Mgr. Gillon, récemment décédé, qui fut remplacé par Mgr. Tshibangu Tshishiku en 1967. Elle fut alors rebaptisée "Université de Kinshasa" et avait une renommée internationale. La cité universitaire était bien organisée et bien construite, comportant auditoires, laboratoires et bibliothèques, logements de professeurs et d'étudiants, terrains de jeux, etc. Un des derniers actes de Mgr. Gillon fut encore l'installation d'un centre nucléaire, dirigé jusqu'à ce jour par le professeur Malu wa Kalenga.
Aujourd'hui, l'université de Kinshasa se meurt. De bout en bout de l'université on trouve des routes coupées et des bâtiments fissurés et endommagés.
En mars dernier, des fissures ont provoqué la chute d'un mur dans le centre régional d'études nucléaires (CREN/K), menacé d'écroulement par des ravins creusés par des pluies diluviennes. Avec la saison des pluies qui s'annonce menaçante, tout peut arriver au réacteur TRIGA Mark II, d'une puissance de pulsation de 1.600 RW. Les quelques travaux effectués autour du centre ne pourront suffire pour soutenir durablement l'érosion, le centre étant situé sur un site entièrement menacé.
Les auditoires, eux, sont surpeuplés. L'université reçoit plus de 20.000 étudiants (statistiques de 1998) pour une capacité d'accueil de 6.000. La carence des locaux a obligé les autorités de l'université à transformer les anciens réfectoires des homes d'étudiants en auditoires de cours. Malgré cela, des étudiants de promotions diverses en viennent parfois aux mains pour occuper un local.
Dans les homes, l'université loge officiellement de deux à quatre étudiants par chambre. Mais ceux-ci amènent aussi leurs "maquisards". Beaucoup de chambres sont occupées par huit, ou même douze étudiants. Dans ces conditions, si le surplus ne passe pas la nuit dans les couloirs, les étudiants sont au lit à tour de rôle: le premier groupe occupe les places (lits ou matelas par terre) jusqu'à 2 heures du matin, et se fait remplacer par le second qui dort jusqu'au matin. Les étudiants qui ont libéré la chambre vont se réfugier dans les auditoires, soit en préparant leurs cours, soit en prolongeant leur sommeil.
Dans les homes, la cuisine se fait en chambre. La plupart des portes sont emportées, les vitres cassées, les latrines presque inexistantes. Bref, la décadence...
Annoncée pour le 7 novembre 1998, la rentrée de l'année académique continue à se faire attendre, tant à l'université que dans d'autres établissements d'enseignement supérieur du secteur public. Outre les raisons liées à l'état de guerre que connaît le pays depuis le 2 août dernier, cette incertitude sur la reprise des cours s'explique par la grève du personnel administratif et technique de ce secteur de l'enseignement.
Ce personnel proteste contre le fait qu'il a été ignoré dans le partage des 6 millions de francs congolais (près de 2 millions de dollars) alloués par le chef de l'Etat au corps enseignant des universités et instituts supérieurs du pays. Ce corps a enregistré plusieurs cas de décès cette année, suite - dit-on - à la famine qui règne dans les milieux universitaires, où le professeur le mieux payé recevait un salaire mensuel de 130 FC (environ 40 $), encore irrégulièrement versé. La cagnotte présidentielle permettra dorénavant à l'enseignant le plus gradé (professeur ordinaire) de bénéficier de 2.500 FC, et le moins gradé (assistant 1er mandat) de 800 FC.
L'enseignement universitaire reste très affecté. Mais, malgré ce sombre tableau, l'université de Kinshasa refuse de mourir. Elle a réussi à fonctionner presque normalement et les étudiants, en dépit de leurs conditions, sont déterminés à poursuivre leurs études. On ne peut qu'espérer que, pour former la future élite de la nation, elle soit bientôt revalorisée.
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