ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 361 - 01/02/1999

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Kenya

Tendances inquiétantes


by Yvonne Sampoda, Kenya, décembre 1998

THEME = ENSEIGNEMENT

INTRODUCTION

1998 a été l'année de la grande grève des enseignants, qui a duré 15 jours.
Ensuite, le syndicat national des enseignants a suspendu l'action

Le 5 octobre 1998, le syndicat national des enseignants du Kenya (KNUT) appelait les 250.000 enseignants des écoles secondaires et primaires à "débrayer". Quelle était la cause de cette grève? Le gouvernement n'avait pas appliqué la seconde étape de l'augmentation de salaire en trois étapes, recommandée par le Comité de rémunération du service des enseignants (TSRC) et acceptée par le gouvernement. C'était en 1997.

L'accord de 1997

En 1997, le TSRC, présidé par le Dr Taitta Toweet, avait recommandé une augmentation des traitements des enseignants qui faisait passer l'enseignant le moins payé de l'équivalent de 31$ à 94$, et le traitement du professeur le mieux payé de 319$ à environ 700$.

Les augmentations allaient de 150 à 200%. Cela incluait aussi l'augmentation de diverses allocations. Cette augmentation prévoyait trois phases. La première phase comprenait une hausse du traitement de 25 à 45%, une hausse des indemnités de logement de 35%, une hausse des allocations de santé de 15%, une hausse des allocations en responsabilité de 100%, une hausse de 10% en "allocations spéciales" et une hausse de 30% en "allocations pour difficultés".

Lors de la seconde phase, qui aurait dû être appliquée en juillet 1998, les enseignants devaient toucher une augmentation de traitement de 35 à 45%. Il fallait aussi y inclure une hausse de 10% de l'allocation de logement, une hausse de 5% des allocations de santé et une hausse de 150% des "allocations de responsabilité".

Les victimes sont les enfants

La grève s'est déclarée au moment où les élèves de 4ème et ceux de 8ème allaient présenter leur examen national final. Evidemment, beaucoup de parents n'ont pas apprécié cette action de grève décidée par les professeurs à un moment aussi important de la vie de leurs enfants. Pour les parents, qui auparavant soutenaient les demandes d'augmentation des enseignants, la grève aurait des conséquences sur les résultats des examens, et donc une incidence directe sur l'avenir de leurs enfants. Beaucoup de parents estimaient que, cette fois-ci, les enseignants avaient choisi le mauvais moment pour partir en grève et qu'ils ne pouvaient donc pas les soutenir.

Si l'on considère le problème du côté des enseignants, voici comment s'exprime un professeur: "Les enseignants ont entamé l'action de grève à juste titre; le tort est du côté du gouvernement qui n'a pas tenu ses promesses. Le gouvernement a payé la première phase des augmentations des traitements, mais il ne pouvait pas dire qu'il n'avait pas d'argent pour payer le reste".

L'augmentation de 1997 a fait monter la facture des traitements des enseignants à environ 34,6 milliards de Ksh (560 millions de $us) par an. Les prévisions pour juillet 1998 auraient porté cette facture jusqu'à 50 milliards de Ksh ($810 millions) par an.

Augmentation du militantisme

Selon Mr Ken Odhiambo, professeur à l'école secondaire de Nyaisa dans le district de Nyamira, province de Nyanza, le KNUT est le seul syndicat puissant qui reste. Si le gouvernement arrive à l'humilier, alors les travailleurs de la plupart des secteurs industriels peuvent être quasi certains que l'avenir de leurs syndicats sera sombre, et que les syndicats seront désarmés devant le gouvernement. Le militantisme accru parmi les travailleurs commence à causer de l'inquiétude chez les employeurs. Selon Mr Owour, directeur de la Fédération des employeurs kényans, le Kenya a perdu, en 1997, 317.326 jours de travail à cause des grèves; ce qui se traduit en une perte de près de 2.538.608 heures de travail.

D'après lui, la plupart des grèves ont été provoquées par les délégués du personnel - ce qui prouve que les travailleurs sont de plus en plus déçus de leurs responsables syndicaux au plan national. Evidemment, les grèves ne sont pas bonnes pour l'économie, surtout dans un pays comme le Kenya dont 50% de la population vivrait sous le seuil de pauvreté et où l'économie connaît une tendance permanente à la baisse. L'accroissement d'actions de grève écartera certainement les investisseurs tellement nécessaires.

L'éditorial d'un des journaux nationaux note que les syndicats profitent de l'environnement politique plus libéral pour réclamer des salaires toujours plus élevés. Les syndicats sont dominés par des gens qui pensent que leur seul objectif doit être de mobiliser les travailleurs en vue de négociations sur les salaires. Or, les responsables des syndicats devraient aussi s'assurer que leurs membres sont capables d'apporter une contribution positive à la communauté.

Avec le délabrement de l'infrastructure du pays et l'économie désastreuse, les chiffres du chômage en augmentation annoncent un triste avenir à la majorité des Kényans qui éprouvent toujours plus de difficultés à mettre sur la table un repas consistant, à payer les frais médicaux et à continuer à envoyer leurs enfants à l'école.

La grève des enseignants s'est terminée sans résultat tangible. Cela influera sur leurs prestations, et en conséquence sur le bien-être de leurs élèves. Et se pose l'éternelle question: "Comment continuer?"

END

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