ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 361 - 01/02/1999

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Sénégal

Vingt ans de "haiku" au Sénégal


by Alain Agboton, Sénégal, novembre 1998

THEME = CULTURE

INTRODUCTION

Poème typique de la littérature japonaise,
le "haiku" a vingt ans d'existence au Sénégal.

Introduit dans ce pays à travers un concours lancé à l'époque par M. Sono Uchida, ambassadeur du Japon au Sénégal, le haiku a été pratiqué par des Sénégalais étrangers à la culture nippone. L'intérêt pour ce genre n'a pas faibli. Plus de six cents poèmes très riches en images et en expressions, venus de tous les coins du Sénégal, ont été recueillis cette année, à ce 20e anniversaire, qu'est venu célébrer l'initiateur M. Uchida lui-même.

M. Uchida, qui a fondé l'Association internationale de haiku (comptant une vingtaine d'associations à travers le monde), avait senti que le Sénégal, dirigé par un poète, le président Léopold Sédar Senghor, serait une terre fertile pour la création de haiku.

"Poème japonais tel un coquillage
ses dix-sept syllabes
forme élaborée et brève
mais riche d'un océan de pensées"
,
telle est la définition qu'en a donnée Dorothy Britton.

Le haiku est un poème en trois vers, composés respectivement de 5, 7 et 5 syllabes, et contient toujours un "kigo", un mot qui suscite un "sentiment poétique de la saison". Le haiku international, écrit en diverses langues, est un "lieu d'échanges" à travers le monde et doit aider au "renforcement de la paix", a souligné le plénipotentiaire japonais. Pour le haiku, la nature "n'appartient pas aux hommes, mais ce sont au contraire les hommes qui appartiennent à la nature, avec laquelle ils doivent vivre en harmonie".

Pour Dorothy Britton, le haiku est "un univers d'idées suggérées, une admiration sélective de la nature, de grandes émotions sur les sites rencontrés, le recueillement, la sérénité, des images enchantées, une recherche de réalité absolue, intemporelle, harmonieuse, mais aussi une grande liberté d'imagination, une méditation profonde sur la fragilité de la vie, sur l'impermanence des choses et surtout leur "sabi", cette mélancolie à tout ce qui se passe et que le cycle de la nature exprime avec tant de force".

Le haiku sénégalais

Le haiku sénégalais a-t-il une particularité, une spécificité, une singularité? Selon le président de l'Association d'amitié sénégalo-nippone, il est marqué par "le contraste d'images pertinentes, la charge du temps, l'intuition, la vivacité, l'éclat. Il reflète des sensibilités ethniques et régionales. Il s'agit de la richesse diversifiée de nos terroirs, du retour au pays natal. Il présente la sécheresse, le bois sacré et ses génies, le baobab protecteur vétuste, les couchers de soleil, la campagne et ses multiples facettes".

Grand ami du haiku, l'ancien président du Sénégal, M. Senghor, évoquait en 1983 cette "leçon poétique du Japon". Poème le plus court du monde, le haiku est aussi le plus beau, estimait-il. La brièveté, notait-il encore, oblige à "choisir les mots et expressions les plus denses, les plus expressifs, les plus beaux". Dans le domaine de la poésie, c'est le génie même de "nos langues agglutinantes, du Japon et de l'Afrique".

Le lauréat du concours de cette année écrivait:

"Les fleurs sourient nues
L'air embaumé sur les seins
Sucrés bourdonne"

END

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