ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 363 - 01/03/1999

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Cameroun

Les chemins sinueux de la retraite


by Sylvestre Tetchiada, Cameroun, janvier 1999

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Le dur chemin des fonctionnaires à la retraite pour toucher leurs allocations...

Décadence. Ils ont tout donné durant leurs années de fonction. Ils ont tout thésaurisé pour assurer leurs derniers jours. Et pourtant, c'est pendant ces fameux derniers jours qu'ils vivent un cauchemar inattendu. Entre le ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI) et la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS), ils cherchent désespérément le salut. Le premier les trimbale; le second leur a volé leur épargne. Dur est le chemin à emprunter pour toucher leurs allocations.

L'image est quasi renversante. Et permanente, hélas! L'image de ces hommes du troisième âge qui défient la dure canicule d'une saison sèche ou battent le pavé dans un ras-le-bol pour revendiquer leurs droits en attendant l'aboutissement de leurs dossiers. On les a même souvent vu dormir à la belle étoile au pied du siège de la CNPS à Yaoundé ou somnoler dans la cour du MINEFI, après avoir parcouru des centaines de kilomètres depuis leur lointain et paisible village de retraite, pour s'entendre dire le lendemain: "Revenez le mois prochain; il n y a pas d'argent" ou encore "Regardez à la porte suivante". Ces phrases rituelles, aux allures de couperet, viennent chaque fois rappeler la profonde misère du retraité camerounais en le livrant à la clochardisation la plus déshumanisante.

Dure réalité pour ces sexagénaires qui ont pourtant tout donné à l'administration: une vie de travail ardu, d'abnégation, de dévouement, de patriotisme. Une vie de fonctionnaire qui, pour s'assurer de vieux jours heureux, avait confié ses épargnes à la Caisse, ou a subi une retenue à la source de son traitement mensuel. Et voilà que, quelques décennies plus tard, la CNPS est devenue une caisse sans fonds et le MINEFI un gouffre à problèmes.

De fréquents détournements

Le rêve d'une retraite paisible s'est mué en cauchemar. A l'image de ce vieil homme au bord du sinistre qui vint brandir un soir d'avril 1996, aux yeux des téléspectateurs, une radiographie attestant l'avancée de son cancer du poumon. Il était venu ce jour-là, comme d'habitude, mener de front une énième revendication de sa pension. Comme d'habitude, le vieux et ses compagnons de fortune furent éconduits. Et comme il fallait s'y attendre, ils furent refoulés à coups de matraques. Brutalisés, humiliés, ils rentreront comme d'habitude sans le sou. Le hic, c'est qu'on apprendra quelques jours plus tard que le vieil homme est décédé dans son village, terrassé par le cancer qu'il n'avait pu soigner faute d'argent. Alors qu'il était censé toucher un pactole à la CNPS au titre de ses cotisations et pension retraite.

Il en existe d'autres qui souffrent et meurent ainsi dans le silence, loin des projecteurs de la télévision. Certaines sources indiquent que bien des Camerounais succomberaient ainsi du seul fait de leur appartenance à la classe des retraités. Certains affirment qu'ils sont nombreux à en mourir. Et c'est peu dire!

END

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