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by Fred Chela, Zambie, février 1999
THEME = AJUST.STRUCT.
La communauté internationale de donateurs a démontré dans les
faits que
la dépendance à l'aide étrangère n'est qu'un pas en arrière
et paralyse l'économie d'un pays
Que se passe-t-il en Zambie? La communauté internationale a ralenti l'économie de la Zambie en bloquant toute aide. Et ce sont les pauvres qui en ressentent le contrecoup et non pas les dirigeants du pays.
Les 20 derniers mois ont été angoissants pour l'économie de la Zambie. Le blocus de toute aide durant cette période a surtout affecté les personnes au salaire modéré. Les pauvres se trouvent aux prises avec le problème du coût de la vie trop élevé, et les ONG et les organisations des droits de l'homme n'ont pratiquement rien fait pour leur venir en aide. La monnaie locale, le kwacha, n'a presque plus de valeur. Les petites coupures sont refusées comme n'étant que des chiffons de papier, surtout les coupures de 10, 20 et 50 kwacha.
Il y a même certaines ONG qui se sont donné comme mission d'épauler ce blocus d'aide. Mais leurs membres vivent dans le grand luxe, les poches gonflées de dollars. Ce sont eux qui fréquentent les hôtels les plus luxueux de la Zambie; le niveau de vie des Zambiens ordinaires ne les intéresse pas du tout. Les citoyens moyens condamnent ouvertement ces ONG et les partis politiques de l'opposition qui tiennent leurs assemblées dans des hôtels 5 étoiles, alors que les pauvres dans la ville continuent de croupir dans une pauvreté abjecte. On estime que 70% de la population de la Zambie sont dans cette situation. Ce qui a poussé le président Frederick Chiluba à s'excuser pour certaines "fautes économiques" et à demander "pardon et du temps pour réparer ses torts".
Comment expliquer tout cela? Sans aucun doute, c'est la dette extérieure de $ 6,5 milliards qui étrangle l'économie du pays, alors que l'Etat exécute, bien consciencieusement et méticuleusement, le Programme d'ajustement structurel (PAS) du Fond monétaire international et de la Banque mondiale.
La commission catholique justice et paix (CCPJ) dit que le fardeau de la dette extérieure de la Zambie a causé un dommage énorme à l'économie du pays. Le CCPJ a rassemblé plus de 1.000 signatures à travers le pays, pour protester contre ce fardeau de la dette envers la communauté internationale et pour montrer que les mesures prises par le mécanisme du PAS, imposées par le FMI, se font au détriment de la survie de l'ensemble de la population.
Le ministre zambien des Finances, Edith Nawakwi, dit que l'argent dépensé pour rembourser cette dette, aurait dû servir plutôt à améliorer les services sociaux, tels que l'éducation et la santé. Le père Peter Henriot S.J. soutient que ce remboursement "engloutit tous les revenus du commerce extérieur et pousse la Zambie de plus en plus dans la spirale d'une misère noire". L'évêque catholique du diocèse de Ndola, Mgr. de Jong, dit que cette dette extérieure "condamne la Zambie à une servitude sans fin. Ce qui est bien pire que le colonialisme".
Il est ahurissant de noter que, malgré les regrets qu'ils expriment quant à la pauvreté existante, certaines ONG tels que Afronet et le Groupe indépendant zambien de contrôle (ZIMT), se sont jointes au Parti national uni pour l'indépendance (UNIP) de l'ex-président Kenneth Kaunda, pour demander aux organisations donatrices d'arrêter toute aide à la Zambie, à cause de ce qu'ils appellent "la mauvaise gouvernance". Voilà déjà plus de deux ans que les donateurs ont refusé l'aide à la Zambie. Et quel en est le résultat? Une famine noire et la misère !
Ces ONG méritent bien les reproches publics d'avoir opté pour l'arrêt de l'aide. N'oublions pas que le directeur d'Afronet, Ngande Mwanajiti, ainsi que le président du ZIMT, Alfred Zulu, ont été tous deux bien remarqués, à Paris, pour avoir appuyé la suppression de toute aide à la Zambie. Ils voulaient ainsi forcer le gouvernement de la Zambie à changer la Constitution du pays et avoir des nouvelles élections, pour permettre au Dr. Kaunda de se représenter. C'est pourquoi, d'avril 1997 à janvier 1999, les donateurs internationaux ont suspendu leurs paiements.
Malgré ce gel, la Zambie a dû payer les intérêts de la dette extérieure comme prévu, en puisant dans les maigres ressources venant de son commerce extérieur et intérieur. Seul l'investissement du secteur privé a sauvé le pays d'un désastre économique complet. Les représentants diplomatiques des autres pays africains reconnaissent que la Zambie a fait tout son possible pour suivre les prescriptions du FMI, mais malgré cela, elle n'a cessé d'être la victime d'humiliations continuelles de la part des organisations donatrices.
Le gouverneur de la Banque de Zambie, le Dr. Jacob Mwanza, dit qu'en 1998 l'économie de la Zambie n'a pas atteint les résultats escomptés. L'accroissement n'a été que de 1,97%, alors que c'était une année cruciale pour l'économie, qui venait d'être libéralisée. Dans le budget de 1998, le précédent ministre des Finances, Ronald Penza, avait prévu une croissance du produit intérieur brut de 5%. Il avait espéré aussi que l'inflation aurait pu être réduite à 9%, alors qu'elle était montée à 18% en décembre 1997. Malheureusement, l'inflation grimpa en flèche jusqu'à 30,8% et le kwacha dévalua de 40%. Une inflation grimpante, un kwacha dévalué et des intérêts bancaires très élevés, tout cela a causé des réactions en chaîne et fait monter en spirale les prix des produits de consommation.
Le gouverneur adjoint de la Banque de Zambie, le Dr. Abraham Mwenda, a attribué cette pauvre performance économique du pays au déclin de la production agricole, - une séquelle du phénomène climatique El Niño, qui déchaîna des inondations dévastatrices dans le nord de la Zambie, alors qu'une grande sécheresse paralysait la partie sud du pays. "Après tout, dit-il, on ne peut rien faire contre ces calamités naturelles". Il ajoutait encore que la crise de l'économie de l'est asiatique de l'année dernière a eu une répercussion négative sur l'économie de la Zambie; les demandes de cuivre de la part de ces pays asiatiques ont diminué, ce qui a fait chuter le prix du cuivre sur le marché international.
L'ajournement de la privatisation de l'Union des mines de cuivres de la Zambie a incité les investisseurs privés à suspendre pour le moment leurs investissements dans l'économie, surtout dans le secteur minier.
Mais il y a de l'espoir pour l'avenir, surtout dans l'industrie minière, où la privatisation va de l'avant. Quand elle sera achevée, les investissements tant attendus viendront. De plus, le ministre des Finances, Nawakwi, prévoit un taux d'inflation de 15% à la fin de l'année et une croissance de l'économie de 4%. Espérons que d'une façon ou d'une autre cela aidera à alléger la situation désespérée des pauvres.
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