ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 364 - 15/03/1999

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Namibie

Campagne de déminage


by Mwana Bwalya, Namibie, janvier 1999

THEME = DROITS DE L'HOMME

INTRODUCTION

Une bataille bien engagée mais pas encore gagnée

Il y a six mois, la Société nationale des droits de l'homme (NSHR ) reprochait à la campagne conjointe USA/gouvernement namibien pour la sensibilisation aux mines terrestres de manquer d'efficacité. Plusieurs jugèrent cette critique comme un signe d'arrogance et d'ingratitude. Maintenant, on constate que la NSHR avait raison et cela a mis fin au débat avec l'ambassade américaine à Windhoek.

Bien que le gouvernement namibien n'ait pas pris parti dans ce débat, la relance récente de la campagne de sensibilisation aux mines prouve que le gouvernement se rend compte que la guerre contre ces engins mortels est loin d'être terminée.

Les jeunes

La nouvelle campagne a essentiellement pris les jeunes comme objectif. Elias Halyondjaba, commandant de la police pour les trois régions du nord, Omusati, Oshana et Ohangwena, annonce qu'une équipe de sensibilisation de la communauté va passer de village en village, d'école en école, pour signaler le danger des mines et d'autres engins non explosés. Il précise: "Les équipes de sensibilisation recevront des véhicules portant un logo spécial destiné à encourager le public à signaler où il y a des mines et des engins explosifs. Cela nous aidera non seulement à aller chez les gens en difficulté mais aussi à maîtriser un arriéré de plus d'un millier de cas non traités qui signalaient des engins non explosés dans la région du nord".

Campagnes de sensibilisation

Pendant longtemps, les services de radio et de télévision officiels ont diffusé des informations sur les mines et les explosifs. Mais, dans les régions écartées du nord de la Namibie, - les régions où précisément on trouve des mines enterrées - la radio et la télévision sont mal captées ou pas du tout.

Selon Phil ya Nangolo, directeur de la NSHR, "les émissions n'arrivent pas dans toutes les régions menacées par les mines. De plus, elles ne tiennent pas compte de ceux qui sont directement menacés - les victimes comme les survivants - quand il s'agit de prévoir ou de réaliser un programme. On ne parle pas de l'aide éducative, physique et psychologique dont peuvent bénéficier ceux qui ont été blessés. On ne parle pas non plus des emplois qu'ils peuvent exercer".

Le problème des mines en Namibie est loin d'être aussi grave que chez son voisin du nord l'Angola, dont on dit qu'il est encore truffé de millions d'engins de mort. Néanmoins, les quelques milliers de mines encore enterrées en Namibie suffisent à causer des insomnies aux autorités. Même si le gouvernement annonce que "le problème s'améliore".

L'ambassade des Etats-Unis

Le NSHR est entré en conflit avec l'ambassade américaine en octobre 1998, quand l'ambassadeur a annoncé que la Namibie était "une réussite du déminage. On avait sauvé des vies et mis hors de possibilité de nuire plus de 100.000 engins explosifs dangereux". Et il poursuivait: "Depuis le début, en 1994, du partenariat des Etats-Unis/Namibie pour l'actuelle opération de déminage, les décès et les blessures dues aux mines et à d'autres engins, ont diminué de plus de 90%. Des centaines d'hectares de champs minés ont été nettoyés et plus de 100.000 mines et projectiles ont été détruits".

L'ambassadeur Ward disposait de statistiques provenant de son ambassade à Windhoek qui montraient que les décès dus aux mines avaient diminué de 88% et les blessés de 91%. Il y avait eu 9 morts et 24 blessés en 1995, et un seul mort et deux blessés en 1997. Ward disait aussi qu'en Namibie, les derniers décès connus à cause des mines dataient de décembre 1996: six adultes étaient morts lorsque leur véhicule avait sauté sur une mine antichars près de Onekwaya, au nord du pays.

Mais ces déclarations se sont heurtées à la réfutation immédiate de Phil ya Nangolo qui affirma que la menace que constituent les mines terrestres en Namibie est toujours très grande. "La nouvelle vague de publicité, signalant le succès des campagnes de sensibilisation et des opérations de déminage destinées à débarrasser le pays des mines, est trompeuse car beaucoup de gens sont encore victimes de ces engins dangereux".

Blessures et accidents mortels

Alors que, dans certaines régions, le nombre de blessés et de morts a peut-être diminué, dans d'autres on constate le contraire. Ya Nangolo cite comme exemple ce qui est arrivé en novembre 1998: "Un mois à peine après qu'on eût annoncé qu'on était en train de gagner la bataille contre le fléau des mines terrestres, et que neuf sur dix champs de mines connus avaient été débarrassés des mines antipersonnel, deux enfants ont été tués dans la région d'Ohangwena". Ya Nangolo et son équipe sont aussi allés en Kaokoland (au nord de la Namibie) où ils ont vu un grand nombre de mines antipersonnel. Ils en ont même montré des diapositives comme preuve de ce que la région du Kaokoland est sans doute la région du pays où il y a le plus de mines.

Programmes de formation

Au total, 105 personnes ont été tuées et 246 blessées par les mines terrestres et autres engins entre juin 1989 et novembre 1998. Le gouvernement américain a un programme d'aide de plusieurs millions de dollars visant à débarrasser la Namibie de ses mines terrestres. En vertu de ce programme, 23 Namibiens du ministère de la Défense et un officier de police ont suivi une formation au déminage et à l'aide médicale urgente aux Etats-Unis au cours de l'année 1995.

Ceux-ci à leur tour ont formé 53 membres de l'armée et de la police namibiennes et ensemble ils ont déminé tous les champs de mines connus dans le pays sauf un. D'après l'ambassadeur Ward, le dernier champ de mines est presque nettoyé.

A côté de la formation, les EU ont fourni pour des millions de dollars d'équipement et ont déjà dépensé de fortes sommes pour les opérations de déminage en Namibie.

Mais Phil ya Nangolo met en garde: "Alors que l'aide reçue est hautement appréciée, nous devons mettre en garde contre des affirmations publiques excessives et injustifiées comme quoi la bataille contre le fléau des mines antipersonnel est gagnée dans ce pays". A cela, l'ambassadeur Ward a peu à répondre, sinon: "Les Etats-Unis sont favorables à l'idée de débattre publiquement de problèmes importants. Néanmoins, l'affirmation que "en pratique, il semble qu'on ait fait très peu pour contrôler la menace des mines terrestres" est inexacte et trompeuse".

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