ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 365 - 15/04/1999

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Afrique

Le troisième millénaire et la réduction de la dette


by Ed. Hobbs Gama, Malawi, janvier 1999

THEME = DETTE

INTRODUCTION

Les pays en développement, surtout ceux dans la région subsaharienne,
souffrent encore sous le poids d'une dette qu'ils ne peuvent rembourser
qu'au détriment de l'aide sociale, des soins de santé et de l'éducation.
Tous leurs revenus disparaissent dans le gouffre de cette dette
qu'ils s'efforcent pourtant d'acquitter.

Le 15 décembre 1998, le pape Jean Paul II, dans son discours pour la journée mondiale de la paix du 1 janvier 1999, tirait la sonnette d'alarme en demandant de réduire les dettes des pays pauvres. Le souverain pontife plaidait auprès des nations créditrices, pour qu'elles voient dans l'an 2000 une occasion idéale pour aider les pays en développement à s'extirper de leur lourde dette internationale. Il les pressait de considérer les effets de la mondialisation, de l'économie du marché libre et des fluctuations financières sur les économies en développement.

Dans son discours, il avait évidemment en vue le nouveau millénaire. Il demanda aux pays qui veulent être remboursés de ne pas oublier les effets de la fluctuation du marché financier et ceux de la mondialisation. Il dit: «Nous avons grand besoin d'une nouvelle vision de solidarité dans un progrès global qui couvre un développement entier et viable, pour permettre à tous les peuples de réaliser leur potentiel».

Les chaînes de la dette extérieure

L'appel du pape souligne l'effort mondial actuel pour libérer les pays pauvres de leur dette. On sait que la soi- disant aide donnée aux pays pauvres, sous la forme de "programmes d'ajustement structurel" et d'autres semblables, a fait plus de mal que de bien, et accentue encore la misère des pays en développement.

Après plusieurs années de tentatives infructueuses d'aborder adéquatement le problème de la dette des pays pauvres, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont présenté une nouvelle initiative sous le sobriquet de "Pays pauvres très endettés" (PPTE), afin d'en finir une fois pour toute avec le problème de la dette. Mais l'expérience des pays passés par là prouve que la réduction de la dette n'a été que minimale. En fait, pour beaucoup de pays, il n'y a pas grand espoir d'un allégement de la dette d'ici plusieurs années.

"Jubilé 2000" est une campagne commune de plusieurs Eglises et d'agences d'aide, à travers le monde, pour inciter les riches pays industriels à passer l'éponge sur ces dettes qu'on ne peut rembourser. Les ressources qui en découleraient pourraient alors servir à éradiquer la pauvreté, ou, du moins, à en diminuer les effets.

Une sombre image

Dans beaucoup de pays africains, la situation est sombre. Ils ne parviennent pas à redresser leur économie à cause de la détérioration des services de base, et de cette dette qui ne fait que grossir. Examinons de plus près quelques-uns de ces pays.

Tanzanie - La Tanzanie est une des nations les plus pauvres du monde. La moitié de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Un enfant sur six meurt avant l'âge de 5 ans et presqu'un tiers de la population ne vivra pas au delà des 40 ans. Or, dans l'année financière actuelle, plus d'un tiers des dépenses budgétaires est consacré à l'amortissement de la dette extérieure.

Ethiopie - En Ethiopie, où plus de 100.000 enfants meurent chaque année de maladies bénignes, le remboursement de la dette est quatre fois plus élevé que les dépenses pour les soins de santé.

Zambie - En Zambie, le taux de mortalité infantile ne fait que s'accroître, alors que le budget pour les soins de santé est au bord du gouffre.

Niger - Au Niger, le service de la dette est plus élevé que les deux budgets réunis de la santé et de l'éducation. Dans l'échelle du développement humain du PNUD, le pays est classé 173e sur 175. L'espérance de vie est de 47 ans, et seulement 14% de la population savent lire.

Beaucoup de pays africains payent de plus en plus pour assurer le service de la dette, ce qui n'aide en rien au développement et à la croissance économique, ni à l'éducation et la santé qui manquent de fonds nécessaires.

Dans son rapport au Conseil de sécurité d'avril 1998, intitulé "Les causes de conflit, et la promotion pour une paix durable et un développement viable en Afrique", le secrétaire général Kofi Annan résume ainsi la situation: «Beaucoup de pays d'Afrique manquent du capital nécessaire pour assurer leurs besoins fondamentaux. C'est là une des crises centrales en Afrique aujourd'hui, et elle est causée surtout par le problème de la dette extérieure du secteur public».

Selon un rapport publié par le FMI fin 1997, le total de la dette extérieure des pays en développement atteignait environ $2.066 milliards. Au cours de la même année, les pays en développement remboursaient $272 milliards aux pays créditeurs et aux institutions financières du monde développé.

La dette totale de l'Afrique subsaharienne est d'environ $330 milliards, et l'Afrique subsaharienne rembourse chaque jour $33 millions pour le service de la dette. 28 des 45 pays subsahariens font partie du groupe des pays les plus endettés: Angola, Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Congo RDC, Congo-Brazzaville, Côte d'Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Libéria, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, São Tomé e Pr¡ncipe, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Tanzanie, Ouganda et Zambie.

Il faudra pas mal de compréhension pour que les nations les plus riches du monde se décident de faire quelque chose pour alléger cet endettement des nations pauvres. Si on y arrivait, quel encouragement ce serait pour le monde en développement de pouvoir s'attaquer à ses propres problèmes!

END

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