ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 365 - 15/04/1999

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Kenya

Une mixture bien dangereuse


by Isaac Nyangeri, Kenya, février 1999

THEME = VIE SOCIALE

INTRODUCTION

Dans la vallée du Rift: une boisson qui aveugle et tue

Vers la mi-août 1998, plus de 80 personnes sont mortes après avoir bu une boisson mortelle dans la vallée du Rift. Ceux qui n'en moururent pas sont devenus aveugles. La chose s'est passée à Maai Mahiu, dans le district de Nakuru. Selon Mme Ndungu, infirmière en chef de l'hôpital de Kijabe, où les victimes ont été recueillies, cette potion affecte le nerf optique causant ainsi la cécité. Mais tout le corps aussi en est affecté, d'où une faiblesse générale.

Peter Njoroge, un de ceux qui sont devenus aveugles, avait bu de cette potion dans la soirée du 18 août 1998. Le lendemain, ne se sentant pas bien, il n'a pu se rendre à son travail (il était nettoyeur dans un hôtel). C'était un mercredi. Le jeudi, se sentant un peu mieux il se décide d'aller travailler, mais en arrivant il ne «voyait plus que du noir».

Siphonnée d'un camion citerne - Cette boisson dangereuse serait siphonnée de camions en transit. Il s'agit d'alcool combustible, destiné à la production industrielle et non buvable. Selon le porte-parole d'une compagnie chimique et alimentaire, cet alcool n'est pas fabriqué au Kenya. «Nous en avons arrêté la production dans les années 1960, sous la pression des riches compagnies pétrolières. Il n'y a plus aucun producteur de cet alcool au Kenya, même dans toute l'Afrique de l'Est. On ne le trouve qu'au Brésil».

Le Dr. Wako, ministre-adjoint de la Santé, explique que cette substance ne peut être produite localement. Pour cela il faudrait des laboratoires bien équipés. Il reconnaît que cette boisson doit avoir été siphonnée de camions citernes en transit. Il ajoute que les victimes ont certainement ingurgité du méthanol, qu'on obtient en faisant bouillir du formol, utilisé pour la conservation des cadavres. D'après le rapport des diagnostics ordonnés par le gouvernement, cette substance était de l'alcool pratiquement pur, avec une concentration de 95 à 98%. Le directeur des services médicaux, le professeur Julius Meme, a expliqué que les examens faits sur les urines et des échantillons de sang des victimes révélaient une très haute concentration de méthanol (qui cause la cécité, entre autres).

En septembre 1996, dans le district de Muran'ga, dans la province centrale, 24 personnes sont mortes après avoir bu un breuvage similaire. Les effets étaient les mêmes: cécité, malaise général, et des nausées. Dans les deux cas, certains recouvrèrent la vue après un certain temps.

Des boissons dangereuses - Suite à la libéralisation du marché de la bière, au début des années 1990, certaines compagnies dans la province centrale et de la vallée du Rift avaient commencé à brasser des boissons qui causaient de sérieux désordres pour la santé. Penina Wanja vit dans un village de la division de Kiharu, dans le district de Muran'ga. Avec d'autres femmes du coin, fort alarmées à la vue de la quantité de boissons dangereuses qui y étaient vendues, elle eut le courage d'en référer au chef local. Elle lui dit: «Chef, cette boisson qu'on appelle "kari-kari" (une de ces boissons) détruit complètement la santé de nos hommes. Je vais demander au gouvernement de l'interdire». On croyait que cette boisson détruisait le cerveau et d'autres parties du corps, tels que les organes reproducteurs. La boisson était bon marché, 5 shs kényans pour une chope. D'autres marques de boissons se vendaient dans une bouteille en plastique pour 10 ou 15 shs, selon la marque. C'est pourquoi un grand nombre de consommateurs l'achetaient. Wanja en référa plus haut, et la boisson fut interdite.

Mais cela n'arrêta pas les buveurs. Au lieu des boissons brassées dans les entreprises, ils se tournèrent vers les boissons traditionnelles ou brassées illicitement. La plus connue de ces boissons est le "chan'gaa", qui est un mélange de plusieurs ingrédients. Cette boisson, on la trouve partout. Le Kenya est en danger de devenir une nation de soûlards. C'est bien triste de le dire, mais beaucoup de jeunes, filles et garçons, sont devenus esclaves de la dive bouteille.

END

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