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by Augustine Deke, Zimbabwe, 19 janvier 1999
THEME = ACTION SOCIALE
Le fossé continue à s'agrandir entre le gouvernement Mugabe
et le Congrès des syndicats zimbabwéens (ZCTU)
au sujet de leurs politiques économiques divergentes
1998 a vu le dollar zimbabwéen s'effondrer par rapport au dollar américain, ce qui a causé une hausse dramatique des prix des aliments de base et du carburant. A la fin de 1998, le gouvernement de Mugabe n'avait pas trouvé une solution aux requêtes du ZCTU et d'autres organisations soucieuses de la santé économique du pays. Il ne les avait même pas examinées. On demandait au gouvernement de maîtriser la corruption effrénée, et de supprimer une taxe controversée de 2,5%, qui s'ajoutait à celle de 15% existant déjà. Les rencontres entre le gouvernement, le secteur des affaires et les organisations syndicales n'eurent aucun résultat.
Le 27 novembre 1998, pour devancer le ZCTU qui menaçait d'une grève de cinq jours, qui aurait été économiquement désastreuse pour le pays, Mugabe a approuvé un décret interdisant aux gens de quitter le travail. Sans se laisser intimider, le ZCTU a osé mettre en cause le décret du président et porté l'affaire devant la Haute Cour. Le mouvement syndical soutenait que l'action de Mugabe allait à l'encontre de la loi présidentielle (mesures temporaires) et de la Constitution du Zimbabwe.
Certains affirment que la Constitution accorde au président l'"immunité présidentielle", ce qui le place donc en dehors de l'exercice normal de la loi du pays. Certains voudraient même le mettre "au dessus de la loi". Quoi qu'il en soit, Mugabe a déjà auparavant utilisé son pouvoir présidentiel, parfois au profit de ses amis. A la fin des années '80, le président a sauvé de la prison Fredrick Shava, un parlementaire impliqué dans le scandale de voitures de Willovale. Au cours des élections de 1990, Mugabe a libéré deux agents des services secrets, Kanengoni et Chivamba, qui avaient tiré sur Patrick Kombayi, membre de l'opposition, et l'avaient blessé.
En 1989, fort de son pouvoir présidentiel, Mugabe a prolongé la période d'inscription des candidats aux élections, permettant ainsi l'inscription d'un membre du ZANU-PF, Enos Nkala, qui n'avait pas respecté la date limite. S'il n'avait pas pu s'inscrire, l'opposition aurait pu gagner ce siège laissé vacant.
En 1995, Mugabe décréta que les maires dirigeraient dorénavant les conseils urbains. La même année, il usa de ses pouvoirs pour dissoudre le conseil d'administration de l'université du Zimbabwe. En 1998, il décréta une hausse des taxes, de 15% à 17,5%, sans avoir fait amender la loi sur les finances par le Parlement.
Depuis 1980, le gouvernement de Mugabe a contrecarré les demandes incessantes d'amélioration des salaires. Il faut rappeler qu'en 1980, le Zimbabwe, avec une population de 12 millions d'habitants, comptait déjà 57 syndicats. La même année, le pays a été touché par une vague de grèves (297!). Pour essayer de contrôler les syndicats, le ZANU-PF de Mugabe, au pouvoir, lança une Fédération des syndicats, qui mena ensuite à la naissance du ZCTU. Et le plus jeune frère de Mugabe, Albert, en fut le premier secrétaire généra. En 1983, il y eut un gel des salaires. En 1984, plusieurs compagnies ont fermé leurs portes. Et l'année suivante, le gouvernement a introduit la loi sur les "relations de travail", présentée comme un moyen d'améliorer le bien-être des travailleurs.
En 1985, les syndicats en eurent assez, et même le ZCTU, contrôlé par le gouvernement, commença à avoir des idées différentes, et des projets en totale contradiction avec la politique gouvernementale. En octobre 1989, Morgan Tsvangirai, secrétaire général du ZCTU, fut brièvement arrêté par les services secrets pour des motifs politiques. Aujourd'hui, les relations entre gouvernement et ZCTU sont fort tendues.
Dans la situation économique actuelle désastreuse du Zimbabwe, dont on ne tient pas compte, le ZCTU semble avoir attiré et influencé les Zimbabwéens, plus que tout parti politique d'opposition depuis l'indépendance en 1980. Mugabe continue à faire la sourde oreille aux cris de son peuple. En 1998, des violences ont éclaté au sujet de l'augmentation des prix de denrées de base. Le taux de chômage croît chaque année. Plus de 350.000 étudiants ayant terminé l'enseignement secondaire et post-secondaire cherchent chaque année de l'emploi. Tandis que le Zimbabwe attend le jugement de la Haute Cour sur l'interdiction des grèves prévues, beaucoup de gens poussent le ZCTU à se transformer en parti politique. Ils voient qu'il est bien organisé, et capable de dompter le ZANU-PF de Mugabe, qui semble avoir une emprise sans fin sur le pouvoir.
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