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by Isaac Nyangeri, Kenya, février 1999
THEME = EDUCATION
Emeutes incessantes dans les établissements d'enseignement
Le 8 mars 1998, les étudiants de l'université Kenyatta se sont déchaînés en apprenant que de hautes personnalités universitaires étaient impliquées dans un racket qui mettait en vente les documents de l'établissement. Le 23 mars 1998, les étudiants de l'université de Nairobi ont provoqué des émeutes pour montrer leur opposition à l'introduction de cours à temps partiel, financés par le secteur privé, menant au diplôme au Collège des sciences sanitaires. L'université a été fermée. Le même jour, leurs collègues de l'université Kenyatta ont organisé de violentes manifestations de protestation. Le 26 mars 1998, les étudiants de l'université Moi sont partis en grève à la suite de conflits entre étudiants et service de garde en poste à la porte principale. On accusait les gardiens de harceler les étudiants, surtout les étudiantes, lors de rentrée tardive au campus.
Pareilles manifestations violentes ne se limitent pas aux étudiants universitaires. Les élèves des écoles secondaires en font autant. Lors d'une grève, les élèves de l'école secondaire supérieure mixte du district de Mumbuni ont détruit le bloc administratif de l'école en lançant un cocktail Molotov. Ils se plaignaient du despotisme des autorités scolaires et prétendaient que les enseignants avaient des liaisons avec les filles.
Ce genre de grève tourne parfois assez mal. Lors de l'incident rapporté plus haut, deux étudiants se sont cassé un bras en voulant échapper à la police. Et ils se souviennent fort bien qu'un étudiant de l'université Egerton, Festus Okon'go, a été abattu par la police le 17 décembre 1996.
Les étudiants de l'université de Nairobi affirment qu'ils sont descendus dans la rue parce qu'ils n'avaient pu obtenir une "explication convaincante" de la part du vice- chancelier, le professeur Francis Gichaga.
De fait, comme le dit un professeur en sociologie, le Dr Casper Odegi-Awuondo, quand les gens refusent de s'asseoir autour de la table pour négocier, il ne reste que la confrontation. Il ne s'agit pas d'un choix mais d'un recours ultime. A voir l'avalanche actuelle de manifestations estudiantines, rarement pacifiques, les étudiants doivent être à bout de patience.
Un autre professeur de sociologie, le Dr Robinson Ocharo, explique que «l'avalanche de grèves à laquelle nous assistons aujourd'hui peut s'expliquer par la loi de la discontinuité du progrès. Cette loi établit que si vous n'avez rien à perdre, si vous n'avez pas de projet, vous optez pour n'importe quelle action radicale». Cette loi de la discontinuité nous indique donc que cela va mal dans l'enseignement du pays.
En faisant la grève, les élèves ont beaucoup à perdre. Leurs études souffrent, car ils perdent un temps précieux, ils risquent d'être expulsés de l'institution scolaire, ils pourraient être blessés. Dans le cas des étudiants universitaires, quand les cours sont interrompus, des études qui devraient durer quatre ans pourraient se voir prolongées d'un an ou même plus. Et le résultat: il faut dépenser plus d'argent pour les études et cela retarde toute contribution que l'étudiant pourrait apporter au bien-être du pays.
Il est évident que la Commission de révision de l'enseignement constituée par le président Moi et présidée par le Dr Davy Koech a encore beaucoup à faire.
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