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by Peter Bahemuka, Ouganda, février 1999
THEME = COND.SOC.
Avec un produit national brut de 300 dollars par habitant,
l'Ouganda est considéré comme un des pays
au niveau de vie le plus bas, un des plus pauvres du monde
Bien que l'Ouganda soit un pays agricole bénéficiant d'un sol tropical fertile, la nourriture produite localement est chère, et certaines familles doivent se contenter d'un repas par jour. La plupart des gens sont habillés de vêtements de seconde main importés d'Europe et d'Amérique du Nord, et pourtant le pays cultive le coton. Parfois, les vêtements sont lavés tous les trente-six du mois par manque de savon et on les porte jusqu'à ce qu'ils soient en loques.
Les conditions d'habitation sont infectes au point que la plupart des citoyens vivent largement en dessous des conditions de vie admises internationalement. De grandes familles vivent inconfortablement dans des maisons d'une pièce. La plupart n'ont pas les moyens de se payer l'électricité produite localement et n'ont plus qu'une solution, le bois comme combustible, ce qui exerce une pression extrême sur les ressources forestières et entraîne un déséquilibre de l'environnement. Les femmes, en tant que mères et responsables de la famille, et les enfants sont les plus atteints par la réduction des dépenses sociales et le retrait des subsides à l'alimentation. Il y a aussi eu des restrictions dans les services de soins de santé. L'enseignement est un luxe qui se paie cher. Les décrochages dans les écoles supérieures sont nombreux. Les hôpitaux manquent de moyens et ne peuvent s'occuper de personnes qui n'ont pas l'argent nécessaire pour recourir à la médecine privée.
Autre problème: la maladie, qui se caractérise par un taux de mortalité infantile élevé et une malaria généralisée. La situation de tout ce secteur a encore empiré du fait de l'épidémie de sida qui anéantit la main- d'oeuvre productive âgée de 18 et 55 ans. Le gouvernement ougandais, par le Programme national élargi de vaccination va consacrer Ush 1,3 milliard (près de $1 million) en vaccins pour des projets de vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la rougeole au cours de l'exercice financier 1998/99. En 1995/96, le gouvernement avait acheté des vaccins contre la rougeole pour une somme de $360.000. En 1996/97, on avait dépensé $320.000 en vaccins.
Mutebile affirme que 2 millions d'Ougandais sont sortis de la pauvreté entre 1992 et 1995/96, suite à la politique économique du gouvernement sur les revenus. Il ajoute qu'entre 1992 et 1995/96 quatre enquêtes successives ont été faites au sujet du revenu des ménages. Elles ont été réalisées selon des méthodes internationales de collecte et d'analyse de données. Une ligne de la pauvreté a été établie d'après les principes appliqués dans le monde entier pour mesurer le nombre de personnes vivant dans la pauvreté. «Les résultats des quatre enquêtes sur les ménages montrent que la proportion de la population qui vit dans la pauvreté a diminué de 10 points, de 56% en 1992 à 46% en 1995/96. Alors que la pauvreté reste réelle, ces résultats montrent de façon concluante qu'entre 1992 et 1995/96 deux millions d'Ougandais ont franchi le seuil de la pauvreté, un nombre très significatif en si peu de temps».
Le gouvernement ougandais a publié ces résultats en août 1998 sous le titre "Tendances de la pauvreté en Ouganda 1992-1996".
D'après les données de l'enquête de 1993/94 sur les ménages, une personne a besoin de Ush 11.500 (moins de $10) par mois pour répondre aux besoins alimentaires de 3.000 calories par jour. Prenant cette donnée comme ligne de pauvreté qui situe les plus pauvres des pauvres, 32,5% de la population de 1992 vivait dans une pauvreté extrême, mais en 1996 ce chiffre était descendu à 26,2%.
Selon les mêmes données, chaque personne avait besoin de Ush 16.400 (environ $12) par mois pour couvrir l'alimentation de base et les besoins non alimentaires. Utilisant ce chiffre comme ligne de pauvreté totale, il y a eu une diminution de la population pauvre de 55,6% en 1992 à 45,6% en 1996. Cela indique une diminution de 2,5% de la pauvreté absolue en Ouganda entre 1992 et 1996. Bien que la pauvreté soit en diminution partout, elle est plus présente dans les régions du nord et de l'est. En 1996, 65,1% de la population du nord et 53,3% de celle de l'est ne pouvaient pas encore satisfaire à leurs besoins élémentaires. La région centrale a connu la plus forte diminution de la pauvreté, de 45% à 28%.
La réduction de la pauvreté est surtout le résultat de la croissance de l'économie, car il y a eu peu de changements dans le degré d'inégalité dans le pays lui-même. La pauvreté a diminué dans presque tous les secteurs sauf le secteur minier et chez les chômeurs. Cette diminution s'est traduite par un modeste plus chez les cultivateurs de cultures vivrières (5,8%) si on les compare à ceux qui pratiquent la culture commerciale (19,1%) et à la production agricole non vivrière (10,7%). Les secteurs suivants ont connu de notables réductions de la pauvreté: les services publics (32,4%), les industries de transformation (18,4%) et les transports et communications (17,6%).
La politique de libéralisation du café est une des actions les plus efficaces du gouvernement pour réduire la pauvreté. En 1986, un planteur de café n'obtenait que l'équivalent de $0,10 pour un kilo de café: en 1998, le planteur obtient $0,60 au taux de change actuel. Alors que le compte était de 18% pour l'ensemble du pays, la diminution de la pauvreté absolue était de 32% parmi les ménages engagés dans la culture commerciale.
Pourtant, Mutebile affirme que, dans l'agriculture et dans toute une série d'industries, c'est le secteur privé qui est la force motrice et non l'aide étrangère. Il fait remarquer que l'Ouganda a enregistré une hausse de 19% des investissements privés en termes réels en 1997/98. Il souligne aussi que l'aide étrangère, en dehors des remboursements, a actuellement légèrement baissé en termes de dollars au cours des quatre dernières années.
Jubilé 2000 est une campagne mondiale qui plaide en faveur de la suppression totale des arriérés de la dette extérieure des pays pauvres afin qu'ils puissent s'engager sans dette dans le prochain millénaire. Cependant, bien qu'une grande partie de l'Ouganda soit extrêmement pauvre comme en témoigne le niveau de vie de sa population, des fonctionnaires gouvernementaux continuent à mal gérer les fonds publics. Les millions de shillings perdus en magouilles ne seront jamais récupérés. En conséquence, le peuple n'a aucune confiance dans le gouvernement et il se demande pourquoi finalement le pays doit emprunter de l'argent. Une des requêtes de la campagne du Jubilé 2000 est que, pour la conclusion d'emprunts, les gouvernements des pays lourdement endettés instaurent des systèmes ouverts, transparents et fiables, impliquant la société civile pour le contrôle. Cette mesure est impérative si l'on veut supprimer le fardeau de la dette qui pèse sur les citoyens pauvres des pays pauvres. La campagne du Jubilé 2000 a reçu l'appui de plus de 60 organisations ougandaises, principalement des ONG.
Selon le ministre de l'Industrie et la Technologie, Vincent Nyanzi, le gouvernement ougandais s'est engagé à créer plus d'emplois assurant à la population du travail rémunéré. Il fait remarquer qu'avec une population, croissant à un taux de 2,8% par an, il est essentiel d'instaurer un mécanisme grâce auquel on crée de l'emploi rémunéré et productif.
Inquiet de la pauvreté qui sévit, le ministre Nyanzi prône la création d'un secteur industriel sain et durable, capable de moderniser la société et d'engendrer la croissance économique si nécessaire qui stimulera la création d'emplois, élèvera le niveau de vie de la population et éradiquera la pauvreté. Nyanzi dit que le gouvernement va continuer à créer un environnement favorable à l'investissement; il cite le développement produit par le secteur privé que le gouvernement favorise. «La politique macro-économique du gouvernement est de créer un secteur industriel fort, viable, durable, organisé par le secteur privé et orienté vers l'exportation».
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