ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 367 - 01/05/1999

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Ouganda

Campagne contre la corruption


by Fred Kirungi, Ouganda, mars 1999

THEME = CORRUPTION

INTRODUCTION

La population commence à réaliser combien la corruption a envahi la vie du pays.
Un problème qui doit être attaqué et réattaqué au plus vite,
si on veut que l'Ouganda aille de l'avant

Le Parlement ougandais a repris ses débats le 9 février 1999, avec en tête de son agenda une mention de censure à l'encontre d'un ministre du gouvernement. Juste avant la relâche de Noël 1998, 116 parlementaires sur les 279 avaient signé une pétition de censure à l'encontre de Sam Kutesa, secrétaire d'Etat aux Finances, responsable du planning et des investissements. On l'accusait d'avoir acquis frauduleusement des actions dans la section privatisée de manutention de cargaison d'Uganda Airlines, compagnie d'Etat.

Si la censure passe, Kutesa sera le deuxième ministre dans ce cas. En février 1998, le Parlement a censuré le secrétaire d'Etat en charge de l'Enseignement primaire, Jim Muhwezi, parce que celui-ci ne parvenait pas à expliquer d'où, en si peu de temps, provenait sa richesse.

Avant lui, déjà, Kirunda Kivejinja, ministre sans portefeuille, avait devancé une motion de censure en résignant son poste. Il était accusé d'avoir usé de son influence pour détourner 2.000 litres de carburant, appartenant à la compagnie d'Etat "Uganda Railways". Et en décembre, l'an dernier, le secrétaire d'Etat aux Finances, responsable des privatisations, Matthew Rukikaire, a lui aussi démissionné, alors que le Parlement le menaçait de censure pour avoir mal contrôlé l'opération de privatisation, ébranlée par de nombreux scandales.

La corruption devient incontrôlable

En voyant ce nombre de censures et de démissions forcées, on pourrait en déduire que le Parlement a la situation en main. Loin de là. Aux yeux de l'opinion publique, la corruption devient de plus en plus incontrôlable et, malgré tous ses efforts, le Parlement est incapable de l'éradiquer sans le soutien ferme de l'exécutif, et surtout du président. Mais, jusqu'ici, ce soutien ne vient pas. Bien au contraire, l'exécutif est plutôt la pierre d'achoppement dans cette lutte contre la corruption.

En se basant sur des informations venant surtout de la presse, le Parlement s'est penché sur les cas de corruption au sein des institutions gouvernementales. Plusieurs responsables d'institutions publiques, entre autres celui de la compagnie Uganda Railways, Enos Tumusiime, et celui du Fonds national de la sécurité sociale, Abel Katembwe, ont été incriminés et obligés de démissionner. Mais ils n'ont jamais été poursuivis en justice, bien que le Parlement l'ait recommandé. Réussir à les faire démissionner, est déjà en soi une grande victoire. Mais même alors, les accusés sont parvenus à se tirer d'affaire, protégés par certains membres de l'exécutif.

L'affaire Kutesa

Un exemple? Museveni a refusé de poursuivre Sam Kutesa, accusé par le Parlement d'avoir usé de sa position pour escroquer la Uganda Airlines. Selon le président, les preuves de sa culpabilité n'étaient pas concluantes! Mais beaucoup attribuent cette protection aux liens intimes entre les deux familles. La femme de Kutesa est la soeur de la femme du président, et le fils aîné de Museveni, Muhoozi Keinerugaba, est supposé épouser la fille de Kutesa. (Keinerugaba était jusqu'à récemment le directeur de l'empire commercial de son oncle, Salim Saleh).

L'accablant rapport du Parlement sur la privatisation a été publié alors qu'une réunion de donateurs européens avait lieu à Kampala. Le public s'attendait à ce que le président prenne des sanctions sévères contre ces ministres et autres hauts fonctionnaires du gouvernement impliqués, ne fusse que pour montrer aux donateurs qu'il prenait cette corruption au sérieux. Mais non, tout au contraire. Il dit aux donateurs que ceux qui dénonçaient la corruption n'étaient qu'une bande de criminels et d'opportunistes, qui ne cherchaient que leur intérêt personnel et leur promotion politique.

La motion de censure à l'encontre de Kutesa sera discutée prochainement. Museveni aime énumérer les différentes institutions mises en place par son gouvernement pour s'attaquer à la corruption: l'inspection du gouvernement, le comité des comptes publics, le bureau du vice-président et le ministère pour l'Ethique et l'Intégrité. Mais les critiques considèrent ces institutions comme un trompe-l'oeil, destiné à donner l'impression que le gouvernement veut vraiment éradiquer la corruption. Une plaisanterie qui circule dans le pays: chaque fois qu'un scandale éclate, le président crée une nouvelle institution pour éradiquer la corruption. Mais ceux qui sont à la tête de ces institutions ne poussent pas beaucoup à la roue: ils sont trop près du gouvernement pour être indépendants.

Pour le moment, le Parlement enquête sur la disparition d'environ 3,5 milliards de shillings ougandais, ($ 2,5 millions) destinés à construire des barrages. La vice- présidente, Specioza Wandira Kazibwe, qui est aussi ministre de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, est chargée de ce projet. Il ne faut pas oublier que, en tant que vice-présidente, Kazibwe est aussi chargée de la croisade anti-corruption du gouvernement.

NOTA - Le 30 mars dernier, Mme la vice-présidente Kazibwe a comparu devant le Parlement pour se défendre contre les accusations de mauvaise gestion. Le 6 avril, le président Museveni remaniait son cabinet et nommait 12 nouveaux ministres. Mme Kazibwe perd le portefeuille de l'Agriculture, mais garde sa place de vice-présidente. (ANB-BIA)

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