ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 367 - 01/05/1999

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Zambie

Une économie comateuse


by Fred Chela, Zambie, mars 1999

THEME = ECONOMIE

INTRODUCTION

Il faut une intervention drastique pour sortir l'économie zambienne
de l'état comateux où elle se trouve actuellement

Le gouverneur de la Banque de Zambie, le Dr Jacob Mwanza, reconnaît que les traumatismes de l'économie zambienne sont «épouvantables mais surmontables, si seulement les Zambiens pouvaient persévérer dans leur sens de la responsabilité». La stabilité macro- économique de la Zambie s'est manifestée par sa croissance économique en 1996, avec un PNB de 6% et une inflation contrôlée passant de 400% en 1991 à 18% en janvier 1998. Paradoxalement, l'inflation a remonté jusqu'à 30% en décembre 1998. Des taux de change défavorables ont étranglé la devise du pays qui, de $1=K1.200 en janvier 1998, est passée à $1=K2.350 en décembre 1998, rendant la monnaie zambienne quasiment inutilisable. Le baromètre économique a radicalement changé. Les taux bancaires ont atteint un niveau désastreux, passant d'environ 26%, en janvier 1998, à 45% en décembre 1998. Cela retient ou empêche les petites et moyennes entreprises - et même des grosses firmes - d'emprunter.

Une industrie en veilleuse

Cela a mis inévitablement l'industrie manufacturière en veilleuse, car des produits meilleur marché, subsidiés et compétitifs, inondaient le marché zambien, bien que la Zambie soit le pays économiquement le plus libéral de la région de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).

Prenons un exemple concret. Zambian Bottlers, la manufacture des produits Coca Cola, a haussé ses prix de 90%. Qu'est-il arrivé? Les consommateurs se sont tournés vers d'autres marques, comme Cadbury Schweppes, et vers des produits sud-africains ou zimbabwéens qui ont étendu jusqu'en Zambie leurs tentacules de boissons non alcoolisées.

Le ministre du Commerce, David Mpamba, regrette ce déclin: «C'est le prix de la politique de libéralisation. Mais le gouvernement va revoir le taux des taxes dans le budget de 1999». Le ministre des Finances, Edith Nawakwi, attribue les malheurs économiques actuels à la dette extérieure de $6,4 milliards. «Nous dépensons des devises étrangères vitales à payer la dette au lieu de les dépenser pour des programmes de développement... En conséquence, il n'y a pas eu de croissance en 1998 et il n'y aura pas d'amélioration en 1999».

La Zambie s'est enfoncée encore plus profondément dans le bourbier économique en 1998, lorsque les donateurs ont réduit leurs apports pour diverses raisons spécieuses, en exigeant, par exemple, «une bonne gouvernance». Malgré cela, ils ont continué à modifier leurs conditions disant que les $530 millions promis ne pourront être libérés que lorsque Zambian Consolidates Copper Mines (ZCCM) serait privatisé. Cette opération est réalisée maintenant, le conglomérat minier géant Anglo- American Corporation (AAC) ayant conclu l'achat des principaux atouts de ZCCM. L'AAC a aussi conclu un accord pour l'achat en mars 2000 du projet minier de Konkola Deep, principal espoir d'avenir de l'industrie minière en Zambie. Konkola Deep fournit un minerai de cuivre extrêmement riche, avec 3,8% de cuivre pur, pour une durée de plus de 60 ans. L'investissement promis s'élève à $800 millions.

Le lourd poids de la dette

Selon Bernard Donde, secrétaire permanent aux Finances, l'actuelle crise de la dette remonte aux années '70, et la dette s'est fait sentir dans les années '80, où les performances économiques se sont rapidement détériorées. Cela a rendu la balance des paiements de plus en plus mauvaise, et la situation a encore empiré lorsque le gouvernement a annulé le programme de stabilisation du FMI, le 1 mai 1987. Le résultat a été que les donateurs ont suspendu leurs financements et que la Zambie a plongé dans une profonde dépression économique. Les échanges avec l'étranger ont diminué et les fonctionnaires ont été payés par des parastataux tels que le CCM, la Corporation d'assurances et le Fonds national de prévoyance.

Le malaise économique du pays a précipité la tentative d'un coup d'Etat militaire, qui n'a duré que 5 heures, en juin 1990, et les "émeutes de la faim" qui ont suivi. Tout cela s'est terminé par l'acceptation d'une politique plurielle par l'ancien président K. Kaunda.

A la suite de cela, la Zambie a accumulé des arriérés de paiements vers l'extérieur jusqu'à $3 milliards. Selon Elias Mpondela, l'analyste bien connu de Lusaka, il est évident que malgré toutes les stratégies mises en place par le gouvernement, la dette zambienne est insoutenable, et son fardeau a eu un impact négatif sur la vie des habitants. La dette continue à grossir; elle reste astronomique, et le service de la dette absorbe une partie significative des ressources destinées à des programmes essentiels de développement. Cela freine partout la croissance économique.

La mauvaise performance des exportations n'a pas amélioré la situation, pas plus que le fait que la Zambie dépend d'une économie basée sur l'exploitation du cuivre, dont les prix sont lamentablement bas sur les marchés internationaux.

L'augmentation continue de la dette signifie que la Zambie a dû adopter une stratégie appropriée. Le gouvernement soutient pleinement l'initiative pour la dette des Pays pauvres très endettés (PPTE) lancée par la Banque mondiale et le FMI en septembre 1996. Selon cette initiative, des institutions multilatérales fourniraient un secours supplémentaire aux PPTE, après qu'on ait épuisé toutes les possibilités prévues par le Club de Paris et le Club de Londres.

Le programme d'austérité du président Chiluba a obtenu un large soutien de la base qui a accepté l'esprit d'une prise en charge locale de l'économie contre la dépendance extérieure. Les gens ont fini par comprendre que la décision et le travail assidu sont le remède à leurs actuels malheurs économiques.

END

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