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by Kenneth Dareng, Nigeria, mars 1999
THEME = EDUCATION
Certains Nigérians, désespérant d'obtenir des diplômes,
s'adressent à des établissements académiques fort douteux
pour obtenir certificats, diplômes et titres à bon marché
Les clients de ces établissements sont généralement des jeunes qui, au sortir de l'école, nourissent le rêve fou d'atteindre le sommet de la carrière ou de la profession, sans les documents nécessaires à cela. Ils dénichent alors ces soi-disant "Institutions", dans l'espoir de réaliser leur rêve. Les jeunes ne se préoccupent pas de savoir si ces institutions sont sérieuses, si elles sont ou ne sont pas approuvées par le gouvernement.
Certains Nigérians, avides, se sont rendus compte qu'il y avait là un moyen facile de se faire de l'argent rapidement. Sans attendre l'approbation du gouvernement, ils ont donc créé des institutions, délivrant des diplômes et des licences. Au cours des trois dernières années, des centaines et des centaines d'universités, institutions et collèges ont poussé comme des champignons dans tout le pays, tous dans le but de se faire de l'argent aux frais des Nigérians qui cherchent désespérément à avoir l'un ou l'autre certificat.
Beaucoup de ces institutions prétendent même être affiliées à des universités nigérianes réputées. Elles estiment donc être tout à fait qualifiées pour décerner les certificats nécessaires et pour offrir des services techniques au nom de ces universités. Récemment, la plupart de ces "institutions de nouvelle génération" se sont présentées, sans aucune agréation de l'Etat, comme agissant en tant qu'universités, collèges ou instituts chrétiens, et ont décerné des diplômes et des licences en théologie, instruction religieuse, organisation et administration de l'Eglise, etc.
On peut se demander ce qu'ils manigancent. Prenons une de ces écoles qui se proclament "universités chrétiennes". Fondée par une congrégation, elle utilise le bâtiment de l'église pour ses services administratifs; certaines dépendances à l'arrière de l'église sont baptisées «locaux de classe». L'"université" n'a pas de bibliothèque, et pourtant elle prétend être affiliée à une université chrétienne évangélique aux Etats-Unis.
La durée des cours offerts dans ces établissements ne dépasse généralement pas une année! On reçoit les candidatures de personnes sans les qualifications requises par le gouvernement ou toute autre institution établie et agréée. En d'autres termes, ils acceptent des étudiants qui veulent désespérément obtenir l'une ou l'autre agrégation.
Pour être admis, les candidats doivent avoir au moins trois unités de valeur obtenues aux examens dans l'école qu'ils ont quittée, ou le Certificat général d'enseignement, au lieu des cinq unités de valeur requises par le gouvernement. Dans ces "universités", cela ne prend que quatre ans pour passer du diplôme au doctorat: un an pour le diplôme, un an pour la licence, un an pour la maîtrise, un an pour le doctorat.
Les procédures administratives et d'inscription en disent long sur ce qui s'y passe. Dans certains cas, on loue des magasins que l'on convertit en bureaux d'inscription. Certains de ces "bureaux" sont cloisonnés pour créer un lieu de réception, un secrétariat, un bureau du recteur ou du chancelier. Un "bureau" peut contenir une petite machine à écrire manuelle, un ventilateur, et un petit nombre de travaux académiques reliés. Cela sert aussi de bibliothèque. Il n'y a évidemment pas de salle pour les cérémonies de diplômes ni pour les convocations universitaires. Néanmoins, ces institutions prétendent disposer de campus dans divers endroits du pays. Certaines sont même allées plus loin, et ont accordé des diplômes honorifiques à des membres haut placés du gouvernement et à des citoyens fortunés. Une de ces universités chrétiennes a récemment distribué 424 diplômes, dont 87 doctorats et 147 maîtrises dans diverses spécialisations.
Inquiets du nombre d'institutions revendiquant leur affiliation à des universités américaines, les Services d'information des Etats-Unis (USIS) ont déclaré que leur pays n'avait aucune connaissance de ce genre de revendications, et qu'il s'agissait là d'une pure question commerciale: ®Nous n'avons aucune information au sujet de ces institutions».
Au Nigeria, on accorde beaucoup trop d'importance aux qualifications sur papier. Ce n'est qu'ici qu'on peut imaginer de créer une université sans l'autorisation du gouvernement. Certains rejettent la faute sur le système corrompu, qui a refusé délibérément de rappeler à l'ordre les fondateurs de ces institutions. Quelqu'un les a même dénommées ®écoles primaires améliorées» en voyant ce qui se passe maintenant. Les frais vont de 2.000 à 6.000 nairas par semestre.
Des pédagogues sont arrivés à la conclusion que les "diplômés" de ces institutions n'ont pas les connaissances voulues justifiant le "diplôme" acquis. Les leçons ont généralement lieu le samedi et, après 52 samedis, l'étudiant sort brandissant son certificat de licence!
Les Eglises impliquées dans ce genre de choses semblent avoir abandonné le souci des âmes, qui devrait être leur priorité. Beaucoup d'observateurs voudraient savoir qui est réellement derrière la création de ces institutions, qui prétendent être enregistrées auprès de la Commission des affaires (CAC). Dans un récent communiqué de presse, la CAC a déclaré qu'elle n'a pas enregistré d'institutions chrétiennes destinées à accorder des certificats, insistant sur le fait que la Commission ne donne son approbation qu'à la création d'écoles maternelles et primaires. Pour une institution chrétienne, il est illégal d'agir comme une université et de décerner des diplômes.
La Commission des universités nigérianes (NUC), alarmée par ces faits, a donné l'ordre de fermer ces institutions douteuses et d'arrêter immédiatement leurs fondateurs. En même temps, la NUC a rappelé aux pédagogues que les dispositions de l'Enseignement (normes minimales nationales et création d'institutions, décret n§ 9 de 1993) stipulent que les organismes d'Etat, les institutions privées et les compagnies constituées en sociétés commerciales désirant créer une université, peuvent le faire en s'adressant par la NUC au bureau du ministre de l'Enseignement. Le gouvernement fédéral n'a accordé aucune autorisation de créer des universités privées dans le pays.
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