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by Kenneth Dareng, Nigeria, mars 1999
THEME = ECONOMIE
L'auteur vit au Nigeria voisin et est donc bien placé
pour commenter la situation quasi impossible du Niger.
Il estime que le Niger,
bien que vivant à l'ombre de son gigantesque voisin le Nigeria,
pourrait faire pour lui-même beaucoup plus qu'il ne le fait
La République du Niger, qui compte 9.500.000 habitants, se classe parmi les pays les plus pauvres du monde. Pendant de nombreuses années, le Niger a connu la sécheresse et la famine, qui vont de pair avec le manque de pluie. Le taux élevé de chômage, l'absence d'équipements élémentaires - tels l'eau potable, la nourriture et le logement - , liés à l'instabilité politique permanente, ont poussé beaucoup de Nigériens à s'exiler volontairement au Nigeria, en Libye, en Tunisie, au Bénin ou ailleurs.
Le revenu du Niger par habitant se situe autour de 30 US$ par an. 70% de la nourriture consommée dans le pays proviennent du Nigeria, de l'Algérie et de la Libye. Il semble que le gouvernement n'ait nulle volonté politique de diversifier son économie. En fait, l'économie du Niger dépend uniquement de l'élevage, et de l'uranium - dont le cours sur le marché international a considérablement chuté ces dernières années.
Pour pourvoir aux besoins de ses citoyens, et à ceux d'une économie délabrée qui bat déjà de l'aile, le Niger est devenu totalement dépendant des institutions financières internationales telles que le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d'autres organismes donateurs. Pour l'électricité, la nourriture et les produits pétroliers, le Niger dépend du Nigeria, et de la France et la Libye pour le matériel militaire.
Le président Baré Mainassara s'était trouvé face à une multitude de problèmes: opposition des partis politiques, groupes rebelles armés, grèves incessantes des ouvriers qui ne perçoivent pas leur salaire, corruption à grande échelle et recettes en baisse. Les citoyens, surtout les plus instruits, se bousculent pour les emplois disponibles. Il n'y a guère de possibilités dans l'industrie, on recherche donc les emplois dans la fonction publique. Quelques personnes s'essaient à la culture à petite échelle, ou à l'achat et la vente de produits essentiels.
Au cours des années, le Niger a souffert de graves manques de pluie; mais il possède d'abondantes nappes d'eau souterraines, qu'on pourrait utiliser pour faire de la culture irriguée à grande échelle. Si seulement le Niger utilisait ses nombreuses eaux souterraines, il pourrait se suffire en productions vivrières. L'apport d'eau dans et autour de centres urbains comme Agadez, Zinder, Maradi Birnin Kwonni et Niamey, pourrait en grande partie satisfaire les besoins de tout le pays; alors que de plus petites implantations situées au Sahara, telles les régions de Dirkou, Dawoh et Madama, ayant toutes des réservoirs souterrains d'eau, fourniraient un précieux apport. A Dirkou, par exemple, on trouve de l'eau à deux mètres sous la surface du sol. Avec un sol bien irrigué, le Niger a la possibilité de cultiver des plantes alimentaires telles que le maïs, le sorgho, le blé, les tomates, les poivrons, les oignons, le millet.
A vrai dire, le gouvernement pourrait faire beaucoup plus, en élaborant des projets de conduites d'eau et de canaux d'irrigation pour amener l'eau dans les régions qui en manquent. Des milliards de mètres cubes d'eau souterraine se perdent et restent inutilisés. Tout le monde peut voir ce que des pays comme la Libye, l'Egypte et Israël ont réalisé grâce à des projets d'irrigation.
Tous les pays voisins du Niger pratiquent la culture mécanisée et la culture irriguée. Mais le gouvernement du Niger n'a fait que peu de choses pour exploiter les eaux du fleuve Niger qui va jusqu'à Niamey.
Par le manque de dynamisme du gouvernement, les paysans perdent d'énormes possibilités d'améliorer leurs productions.
Il y a quelques années, on a commencé à dire qu'on avait découvert du pétrole en quantités commerciales dans la partie nigérienne du désert du Sahara. Pourtant, il semble qu'aucun plan concret n'ait été élaboré pour exploiter l'"or noir". Beaucoup de Nigériens croyaient que le projet pétrolier allait procurer immédiatement du travail; mais ils ont rapidement vu leurs rêves s'effondrer, car on n'a amené sur le site qu'un matériel de forage réduit. Depuis lors, il n'y a jamais eu de progrès, et l'équipement a commencé à rouiller après être resté inemployé pendant près de cinq ans.
Quand de nombreux Nigériens engagés dans des travaux ingrats à l'étranger ont entendu parler de pétrole découvert au pays, ils ont commencé à rentrer, espérant que leur pays deviendrait le "Koweit" de l'Afrique. Certains hommes d'affaires avait aussi commencé à acheter des lots de terrain à Madama, Dirkou et Agadez pour y construire des hôtels et autres entreprises commerciales. Mais le rêve ne fut qu'un rêve!
En nette opposition avec le Niger, son voisin le Tchad, où on a aussi découvert du pétrole, s'est lancé dans l'action en plaçant des oléoducs depuis le site d'exploitation jusqu'au port de Yaounde, au Cameroun. On pourrait avoir un même aménagement entre le Niger et le Nigeria en construisant un oléoduc depuis le Niger jusqu'à Lagos.
Il est évident qu'il y encore beaucoup à faire pour que le Niger passe de la dépendance complète aux biens et aux services importés, à un état d'autosuffisance et de stabilité politique.
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