CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
by James Pod, Kenya, avril 1999
THEME = FINANCES
Le Kenya connaît une crise dans le système bancaire
qui pourrait avoir des implications économiques et sociales
bien plus étendues et profondes que de la corruption
De 1984 à octobre 1998, 35 banques commerciales ont été mises en liquidation. C'est ensuite la Banque nationale du Kenya qui se trouva au bord de la ruine. Et tout le monde sait que la Banque commerciale du Kenya n'est pas solide non plus. Tout cela indique que le public ne dépose plus son argent dans les banques, montrant ainsi qu'il a perdu confiance dans le système bancaire du pays.
Au cours des ans, l'épargne intérieure au Kenya avait atteint plus de 70% du capital d'investissement. Aujourd'hui, on se demande si le gouvernement est encore capable de créer un climat qui encourage l'épargne. Une économie moderne requiert réflexion, discipline stricte et confiance dans le travail assidu des citoyens. Trouve-t- on l'un de ces facteurs dans le Kenya d'aujourd'hui? On sait aussi que lorsque le gouvernement intervient dans le secteur privé, c'est le meilleur moyen d'aller à la catastrophe. Et quand il essaie de contrôler les institutions financières du pays, c'est le meilleur moyen de faire s'effondrer tout le secteur.
Le gouvernement doit assurer:
Au cours de la crise, certaines, si pas toutes les sauvegardes citées plus haut se sont érodées. Le gouvernement semble avoir lâché le système monétaire. Une des fonctions du système bancaire est de recevoir l'épargne des petits épargnants et de la diriger vers les investisseurs. En retour, les secteurs financiers contrôlent la fiabilité des emprunteurs potentiels et les risques liés à un prêt. C'est le processus de médiation financière. Si ce processus est court-circuité par les politiciens et par le gouvernement, la médiation ne fonctionne plus. Cela ébranle les piliers du système monétaire dont dépend l'activité économique.
Dans les banques appartenant à l'Etat ou dans celles où il a de l'influence et où il est intervenu dans ce processus, le rôle de contrôle du secteur financier est remplacé par le patronage politique et les prêts deviennent des subventions. On a cru que l'Etat allait un jour soutenir ces banques. Mais les fonds sont allés à des personnes (consommation) ou à des parastataux (comme la Kenya Oil Corporation et le Bureau national des céréales), essentiellement improductifs, ou encore à des entreprises en faillite.
La CBK devait aussi le savoir, mais elle regardait ailleurs, manquant ainsi à ses devoirs. Qu'advient-il de l'obligation de déclaration des prêts improductifs? Pourquoi la CBK ne publie-t-elle qu'en temps de crise la liste de ceux qui ne remboursent pas? Peut-être est-ce sa façon de jeter l'éponge, et de reconnaître qu'elle ne peut plus gérer la situation, le pouvoir de ces débiteurs étant trop grand...
Les directeurs de ces banques connaissaient ces problèmes. Ils n'y ont pas mis fin, et n'ont pas cherché de solutions; ou bien ils avaient à faire à une clique de personnes trop puissantes, qui ne respectent ni les règles ni les lois du marché. Dans ces cas, ils ne peuvent pas diriger des banques. Et leur désigner des conseillers quand ils ont déjà échoué, c'est trop tard et n'aboutit à rien.
- L'Administration du marché des capitaux (CMA) connaît la situation des sociétés et des banques avant qu'elles reçoivent l'autorisation d'émettre des actions. Il n'y a pas longtemps, par exemple, cette administration a déclaré que la Banque nationale était une bonne valeur où investir. La CMA a trompé le public, et le Fonds national de sécurité sociale (NSSF) a acheté des actions de cette banque. Cela a tellement handicapé le NSSF qu'il ne peut plus jouer son rôle sur le marché de l'argent et être un pilier des prêts et des contrats à long terme. Cela fait naître la thèse d'une vaste conspiration qui a profité de l'information asymétrique dans le système.
END
SOMMAIRE | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
PeaceLink 1999 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement