ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 369 - 01/06/1999

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Kenya

La commercialisation de l'éducation


by Isaac Nyangeri, Kenya, avril 1999

THEME = EDUCATION

INTRODUCTION

Que cachent les troubles dans les instituts d'enseignement supérieur au Kenya?
L'auteur jette un coup d'oeil sur les événements

Le 23 mars 1998, les étudiants de l'université de Nairobi, armés grossièrement de bâtons et de pierres, descendirent dans les rues de Nairobi, pour protester contre l'introduction de cours particuliers à temps partiel au collège des sciences médicales, argumentant que les cours normaux de médecine avaient été dévalorisés. La publicité dans les journaux locaux offrait des cours de licence en médecine, chirurgie, pharmacie, sciences hospitalières et dentaires. Ces cours devaient commencer au début de juillet 1998.

Selon les émeutiers, les qualifications requises étaient trop basses. Les conditions minimales d'entrée étaient un C+ (Ndlr - à peine 60%) au certificat kényan d'éducation secondaire (KCSE), délivré par examen national à la fin de quatre années d'études secondaires. Ou bien le candidat devait avoir passé l'ancien certificat d'éducation secondaire au niveau avancé, avec une mention supérieure en biologie et en chimie, une mention subsidiaire en physique ou en mathématiques, et une mention ordinaire en anglais ou en kiswahili. Pouvaient aussi encore être acceptés, des candidats ayant un diplôme en médecine, pharmacie, laboratoire et sciences dentaires; ceux qui ont un diplôme d'éducation (biologie et chimie) et d'infirmier, les licenciés en sciences ou en éducation médicale, biologique ou physique, et aussi les titulaires d'une licence en sciences vétérinaires, ou d'une maîtrise en différentes branches liées à la médecine.

Une éducation bradée

Les étudiants, tous détenteurs du KCSE, estimaient que le minimum requis pour l'admission, le C+, était trop bas et qu'ainsi l'éducation était "bradée". Les étudiants réguliers doivent avoir au moins un A pour être acceptés aux cours de médecine. Ceci est certainement très exigeant, et beaucoup sont donc obligés de choisir d'autres études. Le minimum requis actuellement pour faire des études universitaires est un C+. Le nouveau système à raccourci a été instauré parce que les universités publiques du pays ne peuvent plus absorber le grand nombre de candidats ayant les conditions requises pour suivre les cours. Beaucoup de candidats sont privés d'une éducation universitaire non pas parce qu'ils n'en sont pas capables, mais parce qu'il n'y a plus de place dans les universités.

Le "pour" et le "contre"

Vu de cet angle, le nouveau système d'accès aux cours universitaires aurait dû être le bienvenu, plus de Kényans pouvant accéder à l'université, ce qui à long terme profiterait au bien-être du pays. Mais les émeutiers répliquaient que "l'université est une institution intellectuelle et non pas commerciale". C'est certainement un point de vue à considérer sérieusement avant d'ouvrir largement les portes aux cours particuliers pour obtenir un degré.

Bien sûr, pour les institutions, permettre l'accès aux études supérieures à plus de Kényans, est un bon moyen de trouver des revenus. Et s'il y a plus d'argent disponible, les universités pourront rendre de meilleurs services. Mais la première priorité est de donner ce qu'il y a de mieux dans le domaine académique. L'admission d'un candidat doit être basée sur ses mérites académiques et non pas sur une valise bourrée d'argent.

Aller étudier à l'étranger n'est pas rare ces temps-ci. Ceux qui peuvent se permettre ce privilège, sont en général riches plutôt que bien qualifiés. En 1997, il y a eu une autre crise parmi les étudiants de la faculté de droit. Leurs homologues qui avaient étudié en Inde, avec des grades KCSE très faibles, s'engageaient dans la profession légale en passant par des raccourcis. Cela a été finalement arrangé en stipulant que ceux qui s'engageaient à l'école de droit du Kenya (ce qui les autorise à exercer la profession légale dans le pays) devaient avoir les conditions requises pour être admis à l'université locale, quel que soit l'endroit où ils ont reçu leur degré en droit.

Il faut donc que ce projet de cours particuliers, en vue d'obtenir un degré au collège des sciences médicales et autres facultés, prenne toutes les précautions possibles pour sauvegarder le niveau. Si l'administration avait d'abord expliqué les raisons de ces cours particuliers, les étudiants auraient peut-être eux aussi apporté leur contribution au projet.

END

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