ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 369 - 01/06/1999

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Ouganda

Guerre de frontières


by Crespo Sebunya, Ouganda, avril 1999

THEME = GUERRE CIVILE

INTRODUCTION

Les divers groupes rebelles d'Ouganda disent être déterminés à mettre fin
à ce qu'ils désignent comme "la dictature d'un parti unique" en Ouganda.
En même temps, l'engagement de l'Ouganda au Congo RDC
est de plus en plus remis en question par l'Ouganda lui-même.

Pendant la première partie de cette année, le Front démocratique allié (ADF) s'est montré extrêmement agressif. D'après la Force de défense du peuple ougandais (UDPF), il aurait tué au moins 300 de ses soldats depuis février. L'ADF a occupé 10 sous-comtés à Bundibugyo et installé un quartier général de division dans le sous-comté de Rwabishengo. Il a repoussé l'UDPF jusque dans les faubourgs de Fort-Portal et viserait les casernes de Muhoti. Son rêve est d'atteindre Kyenjojo et d'avoir Kabarole, Fort-Portal et Bundibugya sous son contrôle.

Extension de la guerre

L'ADF, qui combine les tactiques classiques de la guérilla avec la stratégie militaire conventionnelle, semble maintenant être la vedette pour les autres groupes rebelles. Si leurs rêves se réalisent, les rebelles de l'Armée nationale pour la libération de l'Ouganda (NALU) et ceux de l'Armée populaire pour la libération du Rwanda (PALU) vont relever le défi et étendre la guerre aux districts de Mbarara, Ntungamo et Kisoro.

L'ADF, qui compte au moins 10.000 hommes, a reçu du sang nouveau. La direction des Services de renseignement de l'armée (DMI) annonce la nomination au titre de commandant suprême du lieutenant-colonel Juma Kisuule, qui, dans les années 70, durant le règne d'Idi Amin, commandait le régiment d'artillerie Masindi. Il a suivi une formation en Israël, au début des années 70, et un cours de commando à Ceclonica, en Grèce. Une des attaques les plus spectaculaires lancées sous son commandement a eu lieu en février 1999, quand l'ADF a attaqué le 35e bataillon dans le district de Kasese et a tué au moins 80 soldats de l'UPDF, avant de s'emparer d'un important matériel de guerre, dont des canons anti-aériens de 12 et de 14mm. Cette défaite humiliante a rendu furieuses les "huiles" de l'UPDF qui ont déjà emprisonné le commandant, le major James Ndyanabo.

Pendant que l'ADF s'en prenait à l'Ouganda occidental, obligeant l'UPDF à envoyer 4.000 hommes pour enrayer son avance, 374 rebelles de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) entrèrent dans Gulu à la mi-avril, tuant au moins 50 soldats de l'UPDF, et poursuivirent 1.500 jeunes recrues dans le sous-comté de Lacekocot Atang, district de Gulu, destinées à rejoindre le Congo RDC. Ils les ont ratées d'un jour.

Implication du Zimbabwe

Les autorités ougandaises soupçonnent la LRA d'avoir pris contact avec le président Mugabe du Zimbabwe, lors de sa visite à Londres. D'autres rebelles, surtout ceux du Front du salut de l'Ouganda, qui projettent d'opérer à l'est, ont déclaré récemment qu'ils avaient le soutien de certains pays de la région, dont le Zimbabwe.

Les suspicions d'implications de pays de la région ont été ravivées quand le New Vision, appartenant à l'Etat, rapporta qu'un terroriste, soupçonné d'avoir lancé une bombe à l'hôtel Sheraton de Kampala, avait été arrêté porteur d'un passeport ougandais, alors qu'en fait, il était Zimbabwéen. Les autorités du Zimbabwe ont immédiatement démenti cette information.

Néanmoins, les raids des rebelles contre le territoire ougandais ont eu quelques effets sur le rythme de la rébellion au Congo RDC voisin. Selon des sources militaires ougandaises, pour contenir les mouvements rebelles à l'intérieur même de l'Ouganda, 8.000 soldats qui auraient dû être envoyés au Congo, ont été maintenus dans le pays.

Le Congo (RDC)

Quoi qu'il en soit, la politique interventionniste de l'Ouganda dans les pays voisins, au nom de la sécurité, est remise en question. Au sommet libyen, Kabila a insisté pour que l'Ouganda retire ses troupes du Congo comme condition préalable à toute négociation de paix.

Le fait que Museveni et Kabila (qui parle de Museveni comme de son "ennemi juré") se soient finalement rencontrés est une démarche significative et est peut-être un pas vers la paix. Bien que le mouvement rebelle et le Rwanda, qui ne participaient pas au sommet, aient exprimé des doutes au sujet de sa validité, l'engagement de l'Ouganda à retirer ses soldats (estimés à 35.000) du Congo, aura certainement une énorme influence sur la guerre.

Cependant, la sincérité de l'Ouganda a été mise en doute: Amama Mbabazi, ministre ougandais de la Coopération régionale, a insisté sur le fait que ce qu'on avait signé n'était qu'une déclaration d'intention. Des officiels du ministère des Affaires étrangères ont exprimé des sentiments analogues, et déclaré que l'Ouganda était allé en Libye par courtoisie diplomatique et pour prouver que l'Ouganda n'est pas belliciste.

Néanmoins, l'accord libyen arrive à un moment où on signale une pression croissante des milieux militaires et politiques de l'Ouganda pour que les forces ougandaises se retirent du Congo.

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