ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 369 - 01/06/1999

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Zambie

Kaunda þ Portrait d'un ex- président


by Fred Chela, Zambie, avril 1999

THEME = PERSONNALITES

INTRODUCTION

Premier président de Zambie et père fondateur de la nation, Kenneth Kaunda
a connu une carrière politique diverse s'étendant sur plus de 50 ans

Le 31 mars 1999, le juge Chalenko Sakala de la Haute Cour de Ndola a déclaré le Dr Kaunda apatride. Cette déclaration est appuyée sur le fait qu'apparemment le Dr Kaunda n'a pas renoncé à sa nationalité malawienne, bien qu'il soit devenu le premier président de la Zambie le jour de l'indépendance, le 24 octobre 1964.

Le Dr Kaunda est né le 28 avril 1924 à la mission de Lubwa, au nord de la Zambie, de David et Helen Kaunda (tous deux Malawiens) fervents missionnaires de l'Eglise d'Ecosse, venus en Zambie au tournant du siècle. Après la mort de son père, diacre missionnaire, il a été élevé par sa mère. Il suivit l'enseignement jusqu'au niveau de la 6ème primaire et obtint le diplôme d'instituteur à la mission de Lubwa.

La première affectation de Kaunda comme enseignant fut la ville minière de Mufulira, où se manifestèrent ses capacités politiques. Il se fit connaître à la même époque que des personnalités telles que Mbikusita Lewanika, Loton Yamba, Francis Chembe, Harry Mwaanga Nkumbula et Robinson Nabulyaton, président retraité de l'Assemblée nationale de Zambie.

Kaunda devint secrétaire général du Congrès national africain (ANC) au début des années '50. Radical, et en sérieux désaccord avec le président de l'ANC, Harry Mwaanga Nkumbula, il forma en 1959 une dissidence, le Congrès national africain de Zambie (ZANC). Il fonda ensuite le Parti national uni de Zambie (UNIP), avec Mainza Chona et plusieurs autres radicaux comme Simon Kapwepwe et Nalumino Mundia. Leur but était d'accélérer l'indépendance de la Rhodésie du Nord (nom de la Zambie à l'époque). De 1953 à 1963, la Zambie était fédérée avec la Rhodésie et le Malawi.

UNIP

Aux élections précédant l'indépendance, l'UNIP de Kaunda remporta 55 des 65 sièges, le reste allant à l'ANC. Kaunda devint Premier ministre. Il se rendit en Grande-Bretagne pour rédiger la première Constitution de la Zambie, dans laquelle il était stipulé que le Dr Kenneth David Kaunda serait le premier président de la Zambie, en dépit de sa nationalité. C'est sur cette clause que le Dr Remmy Mushota et Peter Katyoka basent leur contestation.

La Zambie avait hérité du gouvernement britannique une économie florissante, à un moment où le prix du cuivre était très haut. Néanmoins, après l'indépendance, des sommes invraisemblables ont été dépensées pour des institutions injustifiées telle l'Organisation du crédit de Zambie, récompense des combattants de la liberté. Ce n'était que le début d'une mauvaise gestion économique. Six ans après l'indépendance, le Dr Kaunda se lança dans la nationalisation d'entreprises privées. En 1968, d'importantes firmes comme Unilever Brothers, Old Mutual Insurance Company, diverses sociétés de construction et des chaînes de grands magasins ont été nationalisées à un prix dérisoire.

Mauvaise gestion économique

Mais le moment critique fut celui où Kaunda nationalisa toute l'industrie minière (actuellement Zambia Consolidated Copper Mines - ZCCM). En 1973, l'économie a commencé à décliner, tandis que les prix du pétrole montaient en flèche à la suite de la guerre au Moyen Orient. Pour renforcer son autorité, la même année Kaunda introduisit le système répressif du parti unique. L'économie commença à considérablement décliner tandis qu'il réprimait toutes les voix dissidentes et écrasait obstinément toute opposition.

La plus grande erreur de Kaunda a été, au début des années '80, d'abroger la directive du FMI et de la Banque mondiale, prescrivant une restructuration de l'économie branlante du pays. Le gouvernement subventionnait presque tout, grâce aux revenus du cuivre, mais il ne songea absolument pas à recapitaliser l'industrie minière. Les biens de consommation de base commencèrent à manquer, et cela présageait le pire. Finalement le Copperbelt entra en révolte: il y eut des émeutes, des pillages et du vandalisme. Kaunda capitula et introduisit des tickets d'alimentation, ce qui empira encore la situation car le maïs se raréfiait et les coffres du gouvernement étaient vides.

Les fonctionnaires s'agitaient et les militaires étaient mécontents. Deux tentatives de coup d'Etat échouèrent en 1989 et en 1990, mais Kaunda répétait encore à toutes les réunions qu'il ne présiderait pas au multipartisme en Zambie. Lorsque le communisme s'écroula en Europe de l'Est, Kaunda dut céder au vent du changement et organiser les premières élections multipartites, le 31 mars 1991.

Un désert politique

Kaunda subit une sévère défaite au scrutin et démissionna temporairement. "J'aiderai à bâtir la démocratie en Zambie", disait-il dans son message de démission. Il céda la présidence de l'UNIP à Kebby Musoktwane en 1992, mais la réclama à nouveau en 1995 sous prétexte que Musoktwane n'avait pas su gérer le parti. Il s'ensuivit une politique de frictions et de haine avec des poursuites revendicatives en justice. Le Dr Kaunda était accusé par ses rivaux politiques d'être responsable des attentats à la bombe des Black Mamba, le groupe terroriste urbain qui ébranla la Zambie par une série d'attentats, causant notamment l'incendie de l'imprimerie du Times of Zambia, journal du gouvernement. Suivit alors l'"Option Zéro": on fomenta un coup d'Etat pour renverser le Mouvement pour une démocratie multipartite, le parti au pouvoir, et, en vertu de la Constitution, Kaunda fut empêché de se présenter aux élections présidentielles de novembre 1996, à cause de la nationalité de ses parents.

Le 28 octobre 1997, il y eut une tentative de coup d'Etat et Kaunda fut désigné comme suspect. Il fut libéré cinq mois plus tard grâce à l'intervention de l'ancien président de Tanzanie, Julius Nyerere, et du président Nelson Mandela d'Afrique du Sud.

En décembre 1998, aux élections locales, le Dr Kaunda entrevit la chance de raviver sa fortune politique. Avant les élections, il annonça que les résultats constitueraient un référendum sur son propre retour politique. L'effet fut inattendu: dans tout le pays, son parti ne remporta qu'un dixième des 1.274 sièges municipaux.

Alors, vers où va-t-on? Kaunda ou la Zambie?

END

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