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by Crespo Sebunya, Ouganda, mai 1999
THEME = SIDA
Des mesures plus adaptées pour combattre le sida.
La Commission ougandaise du sida (UAC), organisme gouvernemental qui coordonne le programme anti-sida de l'Ouganda, a demandé au Dr Clément Chela, médecin spécialiste zambien, d'établir un programme de cinq ans pour promouvoir les soins à domicile, beaucoup moins coûteux que les soins hospitaliers. Celui-ci est exécuté par le programme de contrôle national des MST/SIDA grâce à l'Unité de soin et d'aide (CASU<+>) du ministère de la Santé. Le CASU a déjà évalué les besoins.
La prise en charge à domicile reçoit le soutien des ONG et des hôpitaux de missions, mais les équipements médicaux actuels sont insuffisants pour faire face à l'accroissement de la demande.
Le Dr Janet Kayita, pédiatre au département de pédiatrie et de santé infantile à l'hôpital Mulago (le plus grand du pays), travaille aussi à la faculté de médecine de l'université de Makerere. Avec Mr John Kyakulaga, statisticien à la même université, elle a publié une étude montrant que sur 5.952 malades consultant à l'hôpital Mulago, 32% sont malades du sida.
Selon le Dr Chela, le système est trop coûteux. Le prix des soins fournis à l'hôpital est évalué à $0,43 par visite, alors que les soins dans des centres médicaux ne coûtent que $0,14 et on peut y consacrer plus de temps au malade. "Pour les soins, il est plus rentable de s'adresser aux unités locales plutôt que d'aller dans les hôpitaux centraux ou de district, qui souvent sont pauvres en personnel et manquent de médicaments et de matériel, ce qui dissuade les patients d'y aller", fait remarquer Chela.
L'hôpital Nsambya de Kampala est dirigé par l'Eglise catholique. Son programme de soins à domicile couvre un rayon de 10 km. et la durée moyenne de la visite est de 30 minutes. Le programme a 150 sidéens en charge. Les soignants, qui sont pour la plupart des membres de la famille du malade et doivent subvenir à ses besoins, peuvent obtenir des prêts jusqu'à 500.000 Shs ($300) pour entreprendre l'élevage de poulets ou de lapins, faire de la sérigraphie, de la menuiserie ou le travail du fer. 80% des personnes ayant reçu un prêt l'ont remboursé.
Au cours de l'année fiscale 1990-1991, les dépenses pour le sida s'élevaient à $14 millions; en 1996- 1997, le montant atteignait $58 millions. Pour l'année financière 1998-1999, les dépenses ont déjà atteint les $43 millions. De ces sommes, 10% seulement proviennent du gouvernement, le reste vient d'organismes donateurs tels que l'USAID, la Banque mondiale, l'UNICEF, l'OMS et l'USFPA. Pour les deux prochaines années, on s'attend à ce que le total des dépenses pour le sida s'élève jusqu'à $140 millions. Le fait de dépendre quasi uniquement de donateurs entraîne des problèmes inattendus, tels qu'une réduction probable des crédits accordés.
Le programme de contrôle du sida comprend un programme de prévention, le renforcement de la capacité de contrôler le sida, les soins à domicile, les conseils, la recherche et l'information au sujet du sida.
Cependant, il se pourrait qu'une grande partie de l'aide reçue des organismes donateurs ne serve pas au mieux les intérêts des Ougandais. Aujourd'hui, 600 sidéens sont traités par des médicaments antirétroviraux, dont l'AZT et l'inhibiteur de protéase. Bien que fortement subsidié, ce traitement coûte $600 par patient et par mois. De plus, plus de 9.000 femmes enceintes ougandaises ont déjà été présélectionnées en vue de tests à l'AZT pour évaluer quelle forme de protection leur enfant pourrait en retirer contre le VIH.
Selon le Dr Nije, représentante de l'OMS en Ouganda, il est dangereux de forcer les Ougandaises à subir ces tests. "C'est une méthode que beaucoup de pays en voie de développement essaient d'éviter", dit-elle. Sandy Foreman, conseiller à la Maison Blanche pour le sida et qui visite l'Ouganda pour vérifier et contrôler le programme sida, est du même avis. "Des programmes de contrôle du sida sophistiqués tel que l'utilisation d'inhibiteurs de la protéase, ne conviennent pas à des pays qui ne disposent pas de bonnes infrastructures médicales".
Dans un document intitulé "Initiative internationale pour les médicaments antirétroviraux dans le traitement de la contamination par le VIH en Afrique subsaharienne", publié en décembre 1997, le professeur Jean-Pierre Couland et Marie Ahaovanto mettent en garde les pays en voie de développement contre l'acceptation de telles stratégies, même gratuites, si elles ne sont pas supervisées. "Dans un pays où le taux d'analphabétisme atteint près de 50%, l'application du traitement par l'AZT est très complexe. Il faut prendre cinq fois par jour des capsules de 100mg, ce qui pourrait être difficile à observer", avertissent les scientifiques.
A l'UAC, on a pris des mesures dans le but d'améliorer la qualité et le professionnalisme du travail. Un document interne à l'UAC constate: "Il est difficile de connaître avec précision le nombre réel et le type d'actions réalisées par l'UAC concernant le sida. Personne ne semble savoir comment on utilise les fonds de l'UAC". C'est ce qu'on examine maintenant. Le personnel de l'UAC (trente personnes) a aussi reçu une substantielle augmentation.
L'UAC a un rôle important à jouer dans la lutte contre le sida et devrait donc obtenir toutes les chances de remplir sa tâche.
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