ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 371 - 01/07/1999

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Ouganda

Sauver le tourisme des gorilles


by Vincent Paul Mayanja, Ouganda, mai 1999

THEME = ECOLOGIE

INTRODUCTION

Les troubles incessants en Ouganda menacent l'industrie du tourisme.
Certains parcs nationaux ont dû être fermés,
d'autres attirent moins de visiteurs qu'auparavant.
Mais le pays se bat pour préserver sa plus grande attraction:
le tourisme des gorilles

Dans la forêt dense et montagneuse de Bwindi (qui signifie obscurité en rukiga, le dialecte local), des primates très rares, les gorilles des montagnes, qui y vivent dans leur habitat naturel, sont menacés d'extinction. Bwindi est un des rares endroits au monde où on peut rencontrer ces animaux, et ils sont devenus un but prestigieux des safaris d'animaux sauvages dans le monde.

L'attaque contre les touristes

Le 1er mars, 200 hommes armés firent irruption dans les camps du Parc national de Bwindi et tuèrent huit touristes étrangers. Le gouvernement a aussitôt fermé le parc. Un mois plus tard, il a été rouvert aux touristes, mais beaucoup avaient déjà remis leur visite et annulé leur voyage en Ouganda. Bien sûr, le gouvernement ne pouvait s'en tenir là.

Ignatius Nakishero, membre du Conseil de l'Ouganda pour le tourisme (UTB ) et chargé du développement commercial des attractions touristiques de l'Ouganda, est très inquiet des effets que ces meurtres pourraient avoir sur l'industrie du tourisme du pays. "L'Ouganda doit faire quelque chose pour contrecarrer cette mauvaise publicité qui vient d'être faite à notre industrie du tourisme", dit-il. Il a conduit des journalistes dans le parc, pour qu'ils constatent de leurs propres yeux les efforts faits par le gouvernement pour garantir la sécurité des visiteurs.

Les touristes reviennent, mais au compte-gouttes.

Un monde à part

Quinze sont arrivés par route, provenant du Kenya voisin, et attendent leur tour pour faire la randonnée dans les montagnes et entrevoir les animaux. Le nombre de visiteurs pouvant participer à ces randonnées est strictement contrôlé: deux groupes de six chaque jour. Accompagnons Anja Zimmerman, une de ces touristes, tout au long de son voyage dans le Parc de Bwindi. Son oncle, apprenant qu'elle allait en Ouganda pour voir les gorilles, pensait qu'elle était folle.

La beauté de cette dense forêt tropicale, dont les arbres forment, dans l'éclatante lumière du soleil, une voûte de feuillage peuplée de nombreuses variétés d'oiseaux, fait de cette forêt un monde à part. Anja fait partie d'un groupe de quinze touristes qui campent au camp de Buhoma, à environ 670 km de la capitale Kampala. Avec 5 autres de ses collègues, elle vient de faire la randonnée dans les montagnes, à travers une forêt d'arbres élancés et de bambous, pour aller à la rencontre de ces singes rares mais aussi d'autres créatures: les serpents et les éléphants de montagne.

Tous sont satisfaits des nouvelles mesures de sécurité prises dans le parc. Selon le commandant militaire de la région, le gouvernement ougandais a déployé presque tout un bataillon de l'armée pour assurer la sécurité. Des soldats ont même été déployés de l'autre côté de la frontière de la République démocratique du Congo, distante de trois km.

La communauté locale

Les résidents de Bwindi sont contents de voir revenir les touristes. Leur commerce était au point mort, personne n'achetant plus leurs fruits, objets artisanaux et nourriture. Au pied de la montagne, des journalistes, qui viennent de voir une famille de seize gorilles se nourrissant de jeunes pousses de hautes herbes, rencontrent Henry Tumwine, fermier dans la région. Tout souriant, il répond à leurs questions et leur dit: "Nous avons beaucoup souffert durant cette période. Nous n'avions même plus de quoi acheter du sel ou notre bière locale, faute d'argent". Et de leur expliquer que le tourisme est très important pour la communauté locale. Il voudrait que les soldats restent dans la région pour rassurer les touristes.

Les touristes étrangers doivent payer un permis de $250 pour pouvoir découvrir les gorilles et $15 pour entrer dans le parc. 20% du prix d'entrée reviennent à la communauté. Avec cet argent ils viennent de construire deux écoles primaires et les plans sont prêts pour la construction d'une clinique pour les habitants, qui doivent faire 50 km pour aller à l'hôpital le plus proche à Kambuga. Il y a aussi un besoin urgent d'organiser un système de transport public à travers la région, pour permettre aux randonneurs d'y arriver sans difficultés.

Jane Simon est Autrichienne et elle conduit des groupes dans la montagne. Elle a dû attendre deux ans avant de voir les primates pour la première fois et elle dit qu'elle s'est sentie complètement à l'aise. Elle est convaincue que sans les touristes l'avenir des gorilles est en danger; c'est pourquoi elle fait cet appel: "Revenez, je vous en prie, pour expérimenter ce sentiment fantastique à la vue de ces magnifiques créatures".

La forêt impénétrable de Bwindi est l'habitat de 300 gorilles de montagne vivant en groupes de 20. On en trouve encore 33 à Mgahinga, plus au sud. La population totale des gorilles en Ouganda est de 650 individus et constitue le plus grand nombre de gorilles existant encore dans le monde.

On trouve aussi ces animaux au Rwanda et au Congo (RDC), dans le massif volcanique de Virunga qu'ils se partagent, mais l'insécurité a obligé ces deux pays de fermer les deux parcs. L'Ouganda reste le seul endroit où on peut voir les gorilles dans leur habitat naturel.

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