ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 371 - 01/07/1999

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Zambie

La bataille contre les vendeurs des rues


by Cheela F.K. Chilala, Zambie, avril 1999

THEME = ACTION SOCIALE

INTRODUCTION

28 avril 1999 þ Opération "grand nettoyage" à Lusaka:
municipalité et police détruisent les échoppes des vendeurs des rues

A l'aube du 29 avril, Lusaka avait changé d'aspect: les camions de la municipalité emportaient les débris des échoppes, et la police était omniprésente pour empêcher les vendeurs de recourir à la violence ou d'essayer de reconstruire leurs échoppes.

Le chef de la police, Bernard Mayonda, qui dirigea cette opération conjuguée, insiste sur le fait que la police continuera à collaborer avec la municipalité pour éradiquer ce commerce dans la rue qui cause depuis longtemps de graves problèmes à la ville: "Nous ne faisons qu'appliquer la loi. Nous continuerons à aider la municipalité à faire respecter les arrêtés municipaux. Les vendeurs des rues doivent aussi respecter la loi".

Le porte-parole de la municipalité, Daniel M'soka, content du succès de l'opération, affirme: "Ce n'est que le début de l'exercice. Nous l'étendrons à toute la ville et nous sommes prêts à user de la force s'il le faut. C'est maintenant qu'il faut agir".

Cet exercice, qui fait partie d'une campagne pour la propreté de Lusaka, a été généralement bien accueilli par les résidents et les commerçants. Pour eux, l'opération a été un miracle. Ce problème des vendeurs des rues ne faisait qu'empirer, forçant même certaines organisations et entreprises commerciales à sortir du centre de la ville et à s'établir dans les quartiers résidentiels, bien à l'abri des vendeurs des rues et des bandits déguisés en vendeurs.

Des milliers de vendeurs s'étaient littéralement emparés des passages, des rues, surtout sur l'avenue de la Liberté, et des parkings, si bien que les voitures avaient du mal à manoeuvrer. Ils vendaient n'importe quoi, allant de la quincaillerie à la nourriture fraîche et l'alcool. On disait communément qu'en allant d'un bout à l'autre de l'avenue de la Liberté on pouvait devenir ivre- mort ou intoxiqué par la marijuana, boire du café ou du thé et savourer de la viande de barbecue. Le problème était devenu si sérieux qu'on accusait les vendeurs d'avoir été, au début de l'année, à l'origine de l'épidémie de choléra qui a fait tant de victimes.

Alors que les affaires des vendeurs des rues prospéraient, Lusaka, autrefois appelée ville-jardin, était devenue un dépotoir d'immondices. Certains commerçants essayaient de faire de la concurrence à ces vendeurs qui avaient envahi les couloirs de leurs boutiques; d'autres collaboraient avec eux en leur donnant de la marchandise qu'ils devaient vendre pour eux.

Le choix de la rue

Ce qui frappe surtout dans ce phénomène, c'est que beaucoup de petits commerçants abandonnent leur étal dans les marchés légaux pour faire du commerce dans les rues, plus profitable, selon eux. L'occupation des cinquante marchés conventionnels de la cité diminue sensiblement. Ainsi, sur un nouveau marché tout moderne, qui vient d'être construit, seulement 30% des 4.000 étals disponibles sont occupés par les commerçants, alors que, dans la rue, le commerce est florissant.

Plusieurs tentatives pour débarrasser les rues de ces vendeurs ont échoué par le passé. Les vendeurs ont survécu à plusieurs maires et ils étaient certains que personne ne les chasserait. La première fois que la municipalité a essayé de les déloger de force, les vendeurs se sont révoltés, détruisant des propriétés et lapidant les voitures dans le centre-ville. Le président Chiluba réprimanda les autorités municipales pour avoir manqué de tact et leur ordonna de permettre aux vendeurs de continuer leur commerce dans les rues jusqu'à ce qu'une autre place leur soit trouvée. Fous de joie par cette intervention, les vendeurs sont retournés dans la rue, jurant de se venger.

Un bureau à la présidence

Le président avait créé au palais présidentiel un bureau spécial pour les vendeurs, dont le ministre adjoint, Josiah Chishala, était responsable. Depuis lors, les vendeurs donnaient comme adresse de leur siège commercial le bureau du président! Les vendeurs sont ainsi devenus une question politique dont on ne pouvait traiter sans consulter le président. Beaucoup de vendeurs ont pensé que le geste du président les rendait intouchables.

Et quand le secrétaire de la mairie de Lusaka, Jack Mwiimbu, juste avant la répression, publia une annonce dans les journaux obligeant les vendeurs à se retirer des rues, ces derniers la prirent à la rigolade. Ils ne croyaient pas que le nouveau maire, Patricia Nawa, pourrait réussir là où ses prédécesseurs avaient échoué. Cette annonce donnait l'ordre aux vendeurs de quitter les rues à partir du 21 avril et de s'inscrire pour obtenir un étal dans les marchés conventionnels.

En guise de réponse, certains vendeurs demandèrent à la municipalité de leur trouver un quartier commercial alternatif avant de les expulser des rues. Tous les efforts de Josiah Chishala pour les convaincre de coopérer avec la municipalité n'aboutirent à rien. Par conséquent, les vendeurs perdirent tout appui du Bureau des vendeurs, et la municipalité, avec l'aide de la police, a détruit leurs échoppes.

Les rues nettoyées

Les vendeurs ont regardé, impuissants et consternés, les camions de la municipalisé emporter les débris de leurs échoppes. La présence de nombreux policiers a dissuadé les plus nerveux de recourir à la violence. Certains voulaient organiser une marche vers le palais présidentiel pour demander une audience à Chiluba, mais la police les en a empêchés.

S'avouant vaincus, beaucoup de vendeurs se sont rués vers les marchés conventionnels pour demander un étal ou redemander la place qu'ils avaient abandonnée pour se lancer dans la vente dans les rues. En l'espace de deux jours, le nouveau marché de Lusaka affichait complet et les affaires étaient en plein essor, n'ayant plus de concurrence dans les rues.

On dirait que la municipalité a enfin gagné la bataille contre les vendeurs. Les résidents en sont très contents. Mais qu'en pensent les vendeurs?

END

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