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by James Brew, Afrique du Sud, juin 1999
THEME = PERSONNALITES
Les Sud-Africains demandent bien plus qu'une continuation de Mandela
La présidence de Thabo Mbeki a débuté avec son appel aux Sud-Africains de se mettre "au travail". Cet appel venait de quelqu'un qui depuis longtemps attendait dans l'ombre le moment de manifester ses talents de meneur d'hommes et de diplomate, acquis sous la houlette de feu Oliver Tambo (président de l'ANC pendant son exil) et de l'ancien chef de l'Etat, Nelson Mandela. Thabo est le fils d'une autre figure de proue de l'ANC: Govan Mbeki. Toutes ces références donnent à Thabo Myvuyelwa Mbeki une position de poids dans l'ANC et auprès de ses adhérents. Le besoin d'une nouvelle éthique de leadership, un profond engagement au travail et la volonté d'action sont en tête de son programme. Frank Chikane, directeur général à la présidence, l'a souligné: "Le principal défi du gouvernement est d'être efficace".
Héros de la lutte contre l'apartheid, Frank Chikane pense que le nouveau gouvernement, sous la direction de Mbeki, réalisera cette efficacité. Thabo Mbeki en a assez de la lenteur dont vont les choses. Lors de son investiture, il a affirmé que la pleine signification de la libération ne sera atteinte que quand le peuple sud-africain sera libre de toute oppression et de l'héritage déshumanisant des privations qu'il a hérité du passé.
Symboliquement parlant, l'investiture de Thabo Mbeki rendait hommage à ceux qui avaient donné leur jeunesse et même leur vie pour un pays politiquement et économiquement libre. Il représente la génération de ceux qui furent préparés à leur rôle de meneurs dans les années 1970. Il est un contemporain de dirigeants tels que le défunt Steve Biko, visionnaire de la conscience africaine, et Chris Hani, ancien chef d'état-major de l'aile armée de l'ANC, qui fut assassiné en 1993. Ils étaient les leaders des "jeunes lions" souvent mentionnés comme étant "la génération perdue" de l'Afrique du Sud. Mbeki devra mettre en oeuvre les mesures pour promouvoir les besoins éducationnels, économiques et sociaux de cette génération.
Mbeki dit que le programme de 1994 n'a pas changé. Il cherche à imposer sa vision personnelle d'une renaissance africaine, et des mesures anti-discriminatoires sont parmi les moyens pour y arriver.
"Les mesures anti-discriminatoires ne sont pas une philosophie, elles ne sont pas une fin en elles- mêmes", dit Bongiwe Mculu, un membre de l'ANC. Pour elle, il s'agit d'un instrument pour arriver à une société plus égalitaire, conformément au paysage démocratique. Le grand reproche qu'on fait à la politique économique du gouvernement est que, malgré la GEAR (la politique de croissance, emploi et redistribution), il n'y a pas eu de création d'emplois.
Il est difficile de savoir ce que pense le Sud-Africain de la politique économique du gouvernement, car seulement 22% de la population en ont entendu parler. GEAR n'est qu'une interprétation possible du Plan de reconstruction et de développement (RDP). Les partenaires de l'ANC, le Congrès des syndicats de l'Afrique du Sud (COSATU) et le parti communiste sud-africain (SACP), s'y sont même fortement opposés.
Le nouveau cabinet montre que Mbeki a eu la sagesse de ne pas faire des changements là où les portefeuilles délicats étaient bien gérés, notamment ceux des finances, du commerce et de l'industrie. Il a formé un cabinet équilibré, tourné vers l'efficacité.
Le nouveau cabinet met aussi en évidence les priorités de Mbeki pour son gouvernement: remanier et réduire les services publics en sureffectifs, améliorer le système de la justice criminelle, aborder les faiblesses du gouvernement local et relancer l'économie par le tourisme. Plus de femmes sont devenues ministres à portefeuille, ce qui confirme l'engagement que Mbeki a fait de promouvoir l'avancement et l'équilibre entre les deux sexes. Elles occupent 8 des 22 postes de ministre.
Son initiative pour promouvoir la paix au Congo-RDC et le rôle que l'Afrique du Sud pourrait y jouer dans une opération pacificatrice montreront jusqu'où l'Afrique du Sud de Mbeki peut aller pour parvenir à une renaissance de l'Afrique.
Les diplomates africains s'attendent avec raison à une politique des affaires étrangères plus active sur le continent africain. Les signes le montrent. La participation active de l'Afrique du Sud dans les affaires africaines est largement attribuée à Mbeki. Il a promis que l'Afrique du Sud contribuerait au succès de la renaissance de l'Afrique.
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